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Parité dans les STEM : comment le gaming peut-t-il l’accélérer ?

STEM@Gettyimages

La fin des disparités dans les STEM (Sciences, Technologies, Ingénieurs et Mathématiques) rapporterait à l’Europe entre 610 et 820 milliards d’euros de plus d’ici 2050, selon le rapport du Women’s forum « Les femmes au cœur de l’économie ». Actuellement, les femmes sont encore sous-représentées dans le domaine du numérique, et ce malgré le besoin de talents et de compétences du secteur. Dans le même temps, les femmes n’ont jamais été aussi nombreuses à jouer aux jeux vidéo. Pourtant, là encore elles sont sous-représentées.

Comment expliquer cette sous-représentation des femmes dans ces secteurs ? Comment le gaming permet de mettre en place des initiatives pérennes afin de valoriser la place des femmes dans ces filières encore très masculines ?

 

Les femmes encore sous représentées dans les STEM

Une étude publiée en mars 2022 par le cabinet Global Contact estime que, la proportion de femmes diplômées dans le secteur du numérique plafonne à 17% en France et dans l’Union européenne. Ce phénomène s’explique par plusieurs raisons : les entreprises qui souhaitent recruter des talents féminins sont confrontées à un manque de candidatures, ce qui est indéniablement une des résultantes d’un manque de sensibilisation au collège et au lycée. En effet, les jeunes filles sont généralement orientées vers des métiers dits “féminins” et liés au relationnel, à la psychologie, aux ressources humaines ou encore aux enfants. À l’inverse, les garçons sont orientés vers des secteurs plus techniques tels que l’informatique ou les sciences.

 

Par ailleurs, le manque de représentation féminine au sein même des filières scolaires et les  discriminations au sein de l’environnement professionnel sont des éléments qui constituent des freins pour les étudiantes souhaitant poursuivre une carrière dans les STEM. D’autre part, toujours selon le rapport du Women’s forum, les femmes perçoivent le domaine du numérique comme étant hostile à leur égard. En effet, plus de la moitié des femmes qui entament une carrière dans le secteur en changent par la suite, contre moins d’un homme sur trois. Le manque d’opportunités de carrière et l’absence d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée dissuadent une majorité de femmes d’y rester sur le long terme. Elles subissent également de la discrimination, les plus fréquentes étant : un salaire inférieur aux hommes à poste égal, être considérées comme incompétentes, le manque de soutien des managers ou encore les réflexions sexistes.

 

Résultat, malgré une pénurie de compétences dans les filières technologiques, les femmes ne représentent que 28 % des diplômés en ingénierie et 40 % des diplômés en informatique. Etant encore loin de la parité, nombreuses sont les initiatives ayant été lancées pour répondre à cette problématique et favoriser l’accès des femmes et des filles dans les domaines scientifiques.

 

2/ Une démocratisation déjà amorcée ?

Pour remédier à ce problème, des initiatives visant à faire découvrir les métiers du numérique aux femmes au niveau local et international ont vu le jour ces dernières années. L’UNESCO a, par exemple, lancé en 2015, le projet STEM et égalité des genres (SAGA). Un projet visant à réduire l’écart entre les hommes et les femmes dans les STEM dans tous les pays et à tous les niveaux de l’éducation et de la recherche. L’objectif principal de SAGA est d’offrir aux gouvernements et aux décideurs une variété d’outils pour aider à réduire l’écart actuel entre les hommes et les femmes dans ces domaines. Au niveau local, on retrouve d’autres initiatives lancées par des acteurs majeurs. En 2016, Simplon, l’école inclusive qui forme aux métiers du numérique, lançait une initiative pour faire découvrir aux femmes les métiers du numérique : Hackeuses. Ce programme propose chaque année à quarante femmes un cycle d’initiation de quatre semaines. Au programme : acquisition d’une culture du numérique, des bases du code, des ateliers mais aussi des rencontres avec des personnes exerçant des métiers techniques du numérique.

 

Dans la même lignée on retrouve le programme « Jump in Tech » de l’association BECOMTECH, première association nationale des filles et des femmes de 14 à 25 ans, œuvrant pour la mixité dans les métiers techniques de l’informatique et du numérique. Ce programme se compose d’une phase de sensibilisation dans les établissements scolaires et structures jeunes, puis de 4 semaines intensives d’initiation à l’informatique et au numérique pendant l’été. L’association a organisé plus de 99 sensibilisations en établissements scolaires et formé au total plus de 300 adolescentes dont 113 en 2022. Par ailleurs 52% des participantes étaient issus de milieux défavorisés.

 

Dans la continuité de son engagement l’Union Européenne en partenariat avec Erasmus a cofinancé le projet Gender4STEM une plateforme en ligne qui vise à lutter contre les stéréotypes de genre, responsables en partie de la faible représentation des filles dans l’enseignement des STEM. L’objectif est de mettre à disposition des enseignants une palette d’outils ou de matériels pédagogiques pour susciter l’intérêt des jeunes filles pour ces matières dès leur plus jeune âge. La plate-forme numérique comprend notamment un outil d’auto-évaluation permettant aux enseignants de faire le point sur leurs propres pratiques en matière d’éducation sexospécifique et positionnement quant aux questions de genre.

 

Il ne fait aucun doute que les initiatives en faveur des « Women in STEM » ne cessent d’émerger au fil des années. On peut espérer prochainement voir le nombre de femmes occupant des emplois dans le domaine des sciences, de la technologie et de l’innovation croître. Toutefois, face à la pénurie de talents féminins dans les STEM, le gaming s’inscrit également comme un outil d’insertion non négligeable.

 

Le gaming, outil d’insertion essentiel des femmes dans le domaine des STEM

L’Europe est confrontée à un déficit de talents féminins dans les STEM mais le lien entre le gaming et l’adoption des filières scientifiques et numériques pourrait contribuer à étoffer la future main-d’œuvre. Le développement de communautés de joueuses, du primaire à l’enseignement supérieur, est déjà en cours et devrait contribuer à combler le fossé. Le bilan annuel du Syndicat des éditeurs de logiciels et de loisirs (Sell) montre une part grandissante des femmes dans les utilisateurs de jeux vidéo. En effet, les femmes représentent aujourd’hui près de 50 % des joueurs. S’il reste encore un long chemin à parcourir pour que le domaine des STEM ne soit plus le terrain de préjugés, la pratique du gaming pourrait contribuer à inverser la tendance. Selon une étude de l’université du Surrey, les gameuses ont trois fois plus de chances de se diriger vers les STEM que leurs homologues qui ne jouent pas. La raison est simple, le gaming permet aux filles d’apprendre et d’améliorer la résolution de problèmes, le raisonnement spatial, la créativité, la stratégie et les compétences numériques, qui sont toutes des compétences importantes nécessaires pour ces filières. Les jeux vidéo peuvent renforcer la culture numérique, la communication et les compétences en matière de leadership. Ils font également appel à la pensée analytique, à la stratégie et à l’analyse statistique. L’acquisition de ces compétences prépare les élèves à des carrières dans les STEM. A cette occasion, plusieurs actions se mettent en place pour renforcer la présence féminine.

 

L’association Women in Games France œuvrant pour promouvoir la mixité dans l’industrie du jeu vidéo français est un des acteurs majeurs de ce mouvement. L’association apporte son aide au développement professionnel en accompagnant les femmes qui sont dans l’univers du jeu vidéo ou aimeraient y accéder. Par le biais de formation et de coaching à travers des ateliers d’entretien, de rédaction de CV ou encore de pitch devant les éditeurs. Un autre axe consiste à sensibiliser les jeunes femmes aux différents métiers du jeu vidéo, en accordant plus de visibilité aux personnalités féminines inspirantes. Elle travaille également avec des écoles spécialisées et propose des stages de 3e aux jeunes filles pour créer des vocations et montrer qu’elles peuvent aussi accéder à ces postes.

 

L’association a également compris l’importance de sensibiliser les professionnels du secteur à l’intérêt de la mixité. Elle a, par exemple, développé un guide “diversité et inclusion” à destination des entreprises du gaming. L’association Girls in Tech Paris organise également différents évènements où ce sont les femmes qui prennent la parole sur des sujets variés (financement, recrutement, développement international…). Son évènement phare c’est la Lady Pitch Night, une compétition de pitch pour les startups européennes avec au moins une femme dans l’équipe fondatrice. Il s’agit d’un événement, organisé en partenariat avec Orange visant à donner plus de visibilité aux femmes entrepreneuses et à encourager la mixité dans le milieu de la tech.

 

Pour résoudre ce problème de sous-représentation des femmes dans les métiers de la Tech sur le long terme, il faut changer de discours et faire comprendre aux femmes qu’elles sont attendues, demandées dans ce secteur. En effet l’éducation et la sensibilisation dès le plus jeune âge semblent centrales pour remédier aux problèmes de sexisme et permettre aux femmes de trouver leurs places dans ce secteur d’avenir.

 

Tribune rédigée par Florence Ropion, VP & GM Channel France chez Dell Technologies

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