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On Ne Peut Pas Uberiser La Sécurité

Au cours des dernières années, les entreprises de la sécurité privée telles que le Groupe Triomphe Sécurité ont vu leur métier changer radicalement. Aux missions historiques de lutte contre le vol, la démarque inconnue ou les actes de malveillance s’ajoute désormais le risque d’attaques ciblant directement les personnes.

Les agents de sécurité doivent désormais assurer la protection des individus, en plus de la sécurité et de la sûreté de lieux et de marchandises. Ce nouvel environnement a un impact immédiat sur les clients, le secteur et le métier même de la sécurité. Conséquence directe – et légitime : une hausse majeure des besoins en personnel toujours plus qualifié et formé pour remplir une mission incontournable hier, devenue vitale aujourd’hui.

Un nouveau paradigme

Face à cette demande, les acteurs sérieux du secteur s’adaptent, anticipent, évoluent. Main dans la main avec le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS, lancé le 1er janvier 2012 sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur), de nombreuses actions ont été mises en place. La lutte contre le risque terroriste fait désormais partie intégrante de toute formation des futurs agents de sécurité.

La majorité des acteurs de la sécurité privée savent qu’on ne peut revoir au rabais des prestations dans un contexte aussi sensible. Mais certaines entreprises peu scrupuleuses y voient une opportunité et agissent pour leurs profits contre la sécurité de tous.

Parce que les risques se sont diversifiés, les entreprises de sécurité privée responsables ont vite compris qu’il fallait s’adapter : la sélection, la formation et le suivi des agents restent les meilleurs moyens d’y parvenir. Car l’encadrement et la sensibilisation des agents de sécurité ont des effets immédiats.

Résister à la tentation de la sécurité à prix discount

Alors que la logique voudrait que des exigences nouvelles appellent de nouveaux investissements, certains acteurs ont des pratiques incompatibles avec les attentes et les besoins actuels. Qu’on ne s’y trompe pas : la sécurité n’est pas un secteur que l’on peut uberiser d’un claquement de doigts. Des vies humaines sont en jeu.

Si la fonction d’agent de sécurité reste fondamentalement la même, les enjeux sont désormais d’un autre ordre. La responsabilité et l’exposition aux risques des agents de sécurité présents à travers tout le territoire sont aujourd’hui toutes autres.

Pour lutter contre les dérives qui touchent le secteur de la sécurité privée – comme par exemple la sous-traitance sauvage ou le travail au noir – le CNAPS œuvre à l’encadrement des acteurs du secteur, délivre les agréments des entreprises et des agents et assure un contrôle régulier.

Mais la prise de conscience doit aussi venir des clients et partenaires : est-ce envisageable de faire des concessions sur la sécurité de vos collaborateurs, de vos clients ?

Faire évoluer le métier

Les pouvoirs publics sont conscients du rôle de partenaire qu’assurent les entreprises de sécurité privée responsables. Les deux principaux syndicats du secteur doivent travailler main dans la main et parler d’une seule voix avec les autorités. Ce dialogue est incontournable car depuis plusieurs années, surtout après l’instauration de l’état d’urgence, notre activité est au cœur de débats qui animent la société.

Parmi ces questions, une des plus emblématiques est par exemple celle du port d’arme pour les agents de sécurité. Ma position sur ce sujet est claire. Le port d‘arme est une option envisageable uniquement pour des agents ayant déjà une expérience préalable au sein de la police ou de l’armée, avec un contrôle étroit de la part des autorités. Hors de ce cadre, cette mesure ne serait qu’un facteur de risque supplémentaire et non une solution.

Sur ce sujet comme tant d’autres (protection juridique des agents et des dirigeants, contrôles et vérifications au sein des entreprises, etc.), la seule voie pertinente est celle de l’échange et du dialogue. La sécurité privée de demain ne sera jamais définie par un seul acteur. Plus de 170 000 agents de sécurité (ils étaient 131 000 en 2010) sont déployés aujourd’hui en France. L’esprit d’équipe est essentiel afin de poursuivre la professionnalisation du secteur.

Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. La menace des attentats met le secteur de la sécurité privée face à des exigences inédites. Si beaucoup se mobilisent pour s’adapter et accroître la qualité de leurs prestations, d’autres veulent en profiter pour gonfler leur chiffre d’affaires, mettant en danger la sécurité de chacun et jetant le discrédit sur toute une profession. Cela ne peut plus durer. Les acteurs de la sécurité privée ont une responsabilité devant la population, nos clients et les pouvoirs publics.


Auteur :
Elias Nahra Président du Groupe Triomphe Sécurité et Vice-président du Syndicat National des Entreprises de Sécurité (SNES).

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