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L’Ex-PDG D’Uber, Travis Kalanick Se Compare À Steve Jobs

BEIJING, CHINA – JUNE 28: Uber CEO Travis Kalanick delivers a speech at the Third Netease Future Technology Conference on June 28, 2016 in Beijing, China. Concentrated around the theme of “Force Sense,” the Third Netease Future Technology Conference invites entrepreneurs, scientists, writers, and celebrities to explore future tech and sets areas to experience virtual reality, augmented reality, artificial intelligence, and smart cars. (Photo by Wang K’aichicn/VCG)***_***

Travis Kalanick n’est plus au commande de l’entreprise Uber, mais est-il définitivement sorti de l’arène ? Pas si l’on en croit un rapport du site internet Recode. La journaliste Kara Swisher écrit que le précédent PDG d’Uber raconte qu’il est en train de faire « un coup à la Steve Jobs », en référence au défunt PDG d’Apple qui fut évincé de sa propre entreprise pour finalement y revenir et lui redonner de sa superbe. Si l’héritage de Steve Jobs relève de la légende, il existe de nombreux détails qui devraient pousser Kalanick à revoir la référence.

Steve Jobs fut viré en 1985, lorsque l’ordinateur censé sauver Apple de l’oubli, le Macintosh, souffrit d’une baisse des ventes. C’était la deuxième année du Mac et les trente-deux ordinateurs qui ont depuis suivi semblaient à l’époque appartenir au domaine du rêve. Rabaissé au rang de jouet, affublé d’un prix trop élevé, et faisant face à une atmosphère de consommation conservatrice, Mac était en difficulté et Steve Jobs souhaitait en diminuer le prix et investir plus pour son marketing. Bien que John Sculley fut à l’époque devenu PDG de l’entreprise, Steve Jobs dirigea la division Mac.

Une guerre des pouvoirs s’ensuivit et Sculley fit renvoyer l’homme à qui il devait son poste chez Apple.

Bien sûr, cela ne rappelle en rien Uber. Travis Kalanick fut forcé de quitter ses fonctions après une série de scandales portant principalement sur le traitement que l’entreprise réservait aux femmes, dont notamment la publication de blog maintenant légendaire de Susan Fowler au sujet de son année de travail pour Uber. Pourtant, la vérité est la suivante: beaucoup en avaient déjà après Travis Kalanick en 2014, lorsqu’une autre série de scandales – le sort d’une jeune fille entre les mains d’un conducteur Uber à San Francisco, un certain nombre d’agressions sexuelles perpétrées par les conducteurs etc.- ont presque eu raison de lui.

Je me souviens bien avoir eu une interview avec l’entreprise vers la fin de cette année-là et d’avoir discuté sur la façon dont Uber pouvait être rétabli. De fait, j’ai confié à Kalanick qu’à peu près toutes les personnes avec lesquelles j’avais échangé quelques mots avant l’entretien pensaient que l’une des façons de rétablir l’entreprise était que celle-ci se sépare de Kalanick. Il encaissa la remarque sans broncher et expliqua qu’il était quasiment impossible pour l’entreprise de se passer de ses services à cause de la façon dont Uber était construit.

Cela était vrai, jusqu’à ce que ça ne le soit plus. Après un certain temps, le conseil des directeurs se retourna contre lui, tout comme des investisseurs au portefeuille bien lourd, et l’instant d’après, Kalanick était parti. L’une des raisons principales lui ayant permis de rester aussi longtemps pourrait être la croissance époustouflante d’Uber. En service dans de nombreux pays du monde et générant des milliards de courses en voiture, Uber n’était pas seulement évalué à 70 milliards de dollars, mais aussi sur le point de révolutionner le mode de transportation. Tout ce succès offrit à Kalanick beaucoup de temps passé aux commandes, à redresser le navire; finalement, un tsunami l’a fait couler.

Steve Jobs fut également cofondateur et, comme Kalanick, il fut celui qui resta avec l’entreprise (Garret Camp, cofondateur d’Uber, resta dans le conseil de direction, mais sans rôle opérationnel notable, contrairement à Steve Wozniak d’Apple, qui construisit le plus gros de la technologie des débuts). Mais Steve Jobs échouait à reproduire le succès de l’Apple II, avec le catastrophique Apple III et les ordinateurs Lisa coûtant trop cher, faisant trop peu, et ne trouvant pas suffisamment de fans. Lorsqu’il sembla que Macintosh se dirigeait vers la même pente descendante, il ne fut pas compliqué de convaincre l’équipe de se séparer de lui.

Kalanick, lui, a incarné Uber jusqu’au moment où il s’est désisté. Impliqué dans tant des champs d’action de l’entreprise, et capable de maîtriser chacun d’eux, il était en bien des façons un successeur digne de l’héritage de Steve Jobs. Il se montrait souvent dur et exigeant, tout en étant néanmoins admiré et aimé par bon nombre de ses employés – plus de 1 000 d’entre eux demandèrent au conseil de direction d’Uber de reconsidérer la décision d’amputer l’entreprise de son PDG. Et comme Steve Jobs, Kalanick était toujours capable de dépeindre le futur en des termes suffisamment élogieux pour que l’équipe Uber pense à inventer ce qui n’était même pas encore réalisable.

Pour ce qui est de leur départ cependant, les similarités ne vont pas beaucoup plus loin, à moins que Kalanick ne se mette vraiment à faire « un coup à la Steve Jobs ». Steve Jobs monta presque immédiatement une entreprise qui aurait pu, au moins en théorie, livrer compétition à Apple. NeXT Computer, nom par lequel l’entreprise se fit connaître, fut un échec complet en tant qu’entreprise d’informatique, marquant la troisième défaite surprenante de Steve Jobs dans la fabrication de PC, en plus de Lisa et Apple III.

La bonne nouvelle pour NeXT et Steve Jobs, toutefois, était que l’entreprise Apple elle-même était en difficulté dix ans après le coup de Sculley. Incapable de produire des ordinateurs désirables à nouveau après que le Mac avait trouvé sa stabilité pour un certain temps, Apple était tout simplement dans l’impossibilité de construire un système d’exploitation moderne pour les faire fonctionner. En 1995, Windows fonctionnait avec un système de pointe qui rendait le logiciel plus résilient face aux erreurs de système et meilleur pour la gestion de plusieurs programmes en même temps que ne l’était Mac. Apple était désespéré: l’entreprise finit par acheter NeXT pour sa technologie.

Le fait qu’Apple ait fait revenir Steve Jobs fut une combinaison de chance et de recrutement inadéquat. Michael Spindler avait remplacé Sculler, conduisant Apple vers ses années de vache maigre. Il fut remisé pour Gil Amelion, lequel eut au moins le bon sens de constater que les efforts d’Apple pour son OS ne portaient pas de fruit. Lorsqu’il fut temps d’acheter un OS pour réparer les choses, NeXt fut la réponse. Apple se trouvant toujours dans une situation précaire côté matériel, le légendaire Steve Jobs pris non seulement la relève mais il devint aussi le meilleur dans son domaine.

Pour que Kalanick répète ce parcours prodigieux, beaucoup d’événements négatifs devraient arriver à Uber. Kalanick devrait ensuite monter une entreprise, surpasser Uber, Google, Apple, et chaque constructeur automobile au monde, et voir l’acquisition de son entreprise par Uber. Tout cela est hautement improbable.

Après Apple, Steve Jobs devint un grand investisseur, changeant un petit pari sur Pixar en une fortune d’un milliard de dollars qui le rendit plus riche qu’il ne l’aurait jamais été avec Apple. Peut-être cela est-il une voie sur laquelle Kalanick pourrait s’engager plutôt que de s’opposer au géant Uber qu’il a lui-même cofondé.

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