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L’espérance c’est l’improbable

Dans un environnement tout aussi incertain qu’anxiogène eu égard aux conflits et antagonismes de notre temps et du moment, quel comportement à adopter ? La nostalgie, la complainte, l’exacerbation antagoniste ou le déni de réalité ne me semblent pas être les meilleurs chemins à suivre sans prétendre qu’il en existe un de manière idéale. La neutralité absolue et le « je m’en foutisme » sont difficiles à tenir dès que vous êtes en situation de responsabilités familiales et sociétales. Pour ceux qui sont parents et dont les enfants attendent votre point de vue, il est difficile de « botter en touche ».

Certains discours d’Edgar Morin sur la complexité apportent des éléments de réponse à cette interrogation. C’est un chemin proposé qui ne constitue en aucun cas une figure imposée tant la posture des uns et des autres relève de cheminements singuliers. Dans un ouvrage paru en janvier 2024 aux éditions EMS intitulé Incertitude Ordinaire, Résilience Organisationnelle en situation de crise, nous avions intitulé notre avant-propos « l’espérance c’est l’improbable » en référence aux propos d’Edgar Morin.

Dans certaines interviews réalisées en 2022 et 2023 sur le sens de la vie en général, le sociologue et philosophe centenaire Edgar Morin affirme que l’espérance c’est l’improbable. Il parle de la période de la deuxième guerre mondiale et explique comment il a vécu l’occupation nazie de l’époque en France et comment en 1941 il s’attendait à vivre de manière contrainte et occupée pendant plusieurs années du fait de la suprématie militaire allemande de l’époque. Et tout à coup sont intervenus deux événements. Le premier fut la contre-offensive de l’armée rouge du général Joukov et le deuxième fut l’attaque japonaise à Pearl Harbor. La reprise en main par l’armée rouge et l’entrée en guerre des Américains allaient tout changer et participer à la libération. Ces deux événements étaient improbables à l’époque et pourtant ils se sont produits et ont changé l’histoire. Ce qui amène Edgar Morin à dire, « il faut espérer dans l’improbable et travailler pour l’improbable ».

Au regard de la lecture de notre environnement, il convient de considérer que les moments de crises ne sont pas à considérer comme peu probables et que nous devons nous y préparer. Par crise nous entendons un événement imprévu qui impacte nos fonctionnements voire notre sécurité et notre survie. Nos sociétés modernes ont cherché à bannir le risque en mobilisant la notion de progrès et une maitrise des éléments externes. Les systèmes politiques et gestionnaires ont de manière plus ou moins explicite porté l’idée que la crise était anormale et que l’état de non-crise était la normalité.

La proposition d’Edgar Morin est une invitation à l’action et à considérer les crises avec une fin. La croyance d’une possibilité d’agir tant au niveau individuel et collectif et le fait d’agir alimentent une combinatoire propice à l’émergence de nouvelles configurations satisfaisantes et souhaitées.

C’est dans cet esprit que j’ai voulu donner ce message qui n’est ni une position politique ni une leçon de morale mais simplement une invitation à croire au champs des possibles et à agir en conséquence.

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