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Crise sanitaire : les plans de relance sont-ils efficaces ?

La crise du covid-19 a engendré la mise en œuvre de nombreux plans de relance tant au niveau national qu’européen. Ces plans, d’un montant important (100 milliards en France, 750 milliards pour l’Europe), ont pour objectif de relancer l’économie après un choc endogène ou exogène. Le but est de cibler des variables macroéconomiques (consommation, investissement) ou des secteurs d’activité afin de stimuler les pans de l’économie les plus touchés.


 

Les politiques monétaires et budgétaires depuis le début de la crise sanitaire demeurent très accommandantes, permettant l’injection massive de liquidités dans l’économie (trois fois plus que pendant la crise financière de 2008). De fait, cet argent est-il bien alloué ? Les plans de relance sont-ils efficaces ? Quel rôle jouent-ils dans la reprise économique ?

Un plan de relance est un ensemble de mesures économiques prises par un gouvernement pour stimuler une économie en difficulté. C’est une politique économique conjoncturelle qui a pour but de relancer l’économie d’un pays ou d’une zone monétaire lorsque ses capacités de production sont sous-utilisées. La finalité est de favoriser la croissance pour lutter contre le chômage. Plus précisément, un plan de relance est un effort coordonné pour augmenter les dépenses publiques, via une réduction des impôts ou la distribution d’aides, ou encore diminuer les taux d’intérêt afin de stimuler l’économie et de la sortir d’une récession ou d’une dépression.

L’utilité d’un plan de relance est ancrée dans la théorie keynésienne de l’économie, qui soutient que les récessions ne s’autocorrigent pas. Ainsi, l’intervention du gouvernement peut atténuer l’impact d’une récession. L’objectif est d’accroître la demande globale en augmentant le taux d’emploi, les dépenses de consommation et les investissements. Par exemple, une augmentation des dépenses publiques peut compenser la baisse des dépenses privées, ce qui stimule la demande globale et comble l’écart de production dans l’économie.

En période de récession économique, un plan de relance comprend généralement un certain nombre d’investissements et de réductions fiscales introduites par un gouvernement pour stimuler les dépenses dans le but de sortir un pays de la récession ou de prévenir un ralentissement économique. Un plan de relance peut prendre la forme d’une politique budgétaire et/ou d’une politique monétaire dite expansionniste.

Lorsqu’un gouvernement choisit de relancer l’économie par la politique budgétaire, il réduit les impôts ou augmente ses dépenses dans le but de relancer l’économie. Lorsque les impôts sont réduits, les agents économiques ont davantage de revenus à leur disposition. Une augmentation du revenu disponible stimule la demande, la production et la croissance économique. Lorsque le gouvernement augmente ses dépenses, il injecte davantage d’argent dans l’économie, ce qui permet de contrebalancer l’impact d’une récession.

Néanmoins, les plans de relance ont également des inconvénients. D’un côté, ils détériorent les finances publiques, au moins temporairement. Par exemple, l’augmentation du ratio dette/PIB est souvent important à court terme. Par exemple, la crise du covid a entraîné une hausse de vingt points de PIB de la dette publique en France. De l’autre, il existe un risque que les consommateurs épargnent l’argent disponible au lieu de le dépenser dans l’anticipation de hausses d’impôts futures.

D’un autre côté, la relance monétaire consiste à réduire les taux d’intérêt pour stimuler l’économie ou à utiliser des politiques non conventionnelles telles que l’assouplissement quantitatif. Lorsque les taux d’intérêt sont réduits, les agents économiques sont davantage incités à emprunter. L’assouplissement quantitatif correspond à l’achat par la banque centrale d’un pays d’un grand nombre d’actifs financiers, tels que des obligations, auprès de banques commerciales et d’autres institutions financières. L’achat de ces actifs en grandes quantités augmente les réserves excédentaires détenues par les institutions financières et diminue leur coût de capital, ce qui en retour facilite l’octroi de prêts par ces banques, augmente la masse monétaire en circulation, fait monter le prix des obligations, et donc diminue les taux d’intérêt. Un gouvernement opte généralement pour l’assouplissement quantitatif lorsqu’un stimulus monétaire classique n’est plus efficace. Ces politiques ont été massivement utilisées depuis la crise financière de 2008.

 

Ces plans de relance post-covid ont-ils une ambition supérieure à la seule relance de l’économie ?

A la différence de la crise financière, les banques centrales et les Etats ont réagi en amont et de manière coordonnée dès le début de la crise covid afin de ne pas renouveler les erreurs du passé. Le stimulus budgétaire et monétaire a été considérable permettant de maintenir les économies et d’éviter les faillites d’entreprises en cascade.

Dans ce contexte, le plan de relance de l’Union européenne, NextGenerationEU (NGEU), a été doté de 750 milliards d’euros : 360 milliards d’euros de prêts et 390 milliards d’euros de subventions. C’est un plan inédit dans la mesure où la Commission européenne a emprunté au nom de l’ensemble des Etats membres sur les marchés financiers. Le plan a pour objectif de favoriser la transition vers une économie durable et à accélérer la transformation numérique des entreprises. Les Etats ont reçu des moyens financiers en fonction des conséquences économiques qu’ils subissaient et non en fonction de leur contribution financière. Ce plan de relance permit, de fait, d’éviter le creusement des écarts entre les Etats partageant la même zone monétaire. C’est, en cela, l’exquise d’une politique de relance budgétaire commune.

La France a également mis en œuvre un plan de relance d’un montant de 100 milliards d’euros dont 40 milliards en provenance de l’Union européenne. Le plan de relance français a trois priorités : l’écologie, la compétitivité et la cohésion sociale.

L’écologie est la priorité ; l’objectif est d’avoir une relance « verte ». De la même manière que 30% des montants sont dédiés à la transition écologique au sein de l’Union européenne, la France a destiné 30 milliards d’euros à ce financement. Tout ce qui est mis en œuvre dans le cadre du plan de relance doit répondre à une ambition : devenir la première grande économie décarbonée européenne en atteignant la neutralité carbone en 2050. La compétitivité est le deuxième objectif du plan de relance français. La relance est vu comme « la clé de la souveraineté économique et de l’indépendance technologique ». L’objectif est de résoudre un problème structurel majeur : celui de la compétitivité de son offre. Cela passera par des baisses de l’impôt de production, la formation, le développement des compétences et surtout par un investissement important dans les technologies d’avenir. Enfin, le troisième axe de ce plan est la cohésion afin d’avoir un impact chez les jeunes générations et les revenus les plus modestes ainsi que sur l’ensemble du territoire.

Ces plans de relance post-covid ont une ambition supérieure à la seule relance de l’économie. L’objectif est également de stimuler les investissements d’avenir pour faire face aux transitions écologiques, numériques et démographiques. Les plans de relance du XXIème siècle n’ont plus un unique but de rattrapage économique ; ils doivent davantage transformer l’économie que la réparer.  C’est sous ce prisme que sera dorénavant évaluée l’efficacité des plans de relance.

Anne-Sophie Alsif, Cheffe économiste de BDO France et Arthur Cluet, manager

 

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