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Les enjeux de l’innovation dans les ressources humaines

Les Ressources humaines (RH) sont en pleine transformation. Afin de saisir les enjeux des transformations en cours, notamment avec le fort développement de la HR TECH, nous sommes allés à la rencontre de Mathilde Le Coz, Directrice des Ressources humaines de Mazars et Présidente du LabRH.

 

Mathilde Le Coz, qui êtes-vous ? Quel est votre parcours ?

D’origine bretonne, je suis diplômée de Néoma. Engagée dès le début de ma carrière au sein de cabinet Mazars, j’ai eu la chance de découvrir très tôt la matière RH, que j’ai eu la chance très vite de pouvoir conjuguer avec mes goûts pour les sujets d’innovation. J’ai piloté à partir de 2016 la Mazars Family : alors que pas grand monde alors ne s’intéressait à l’innovation RH, nous avons décidé de nous intéresser de près aux très nombreuses solutions nouvelles que de jeunes entrepreneurs lançaient sur le marché. Nous voulions les tester, mais aussi nous tester, comprendre ces nouvelles logiques, comprendre comment une grande entreprise, structurée, pyramidale, pouvait se vivifier de l’énergie déployée par toutes ces startups. De très nombreuses collaborations ont été entamées – certaines sont toujours utilisées – et ce faisant, nous avons réinventé notre façon de faire de la RH. J’ai ensuite eu le plaisir de devenir présidente du Lab RH, une formidable association, ou plutôt un écosystème qui compte 80 grandes entreprises, plus de 300 startups, des grandes écoles, qui permet de faire circuler l’innovation. Mais pas n’importe quelle innovation : une innovation étique, qui conjugue performance des entreprises et respect de l’humain. Et depuis 2 ans, je suis DRH de Mazars en France.

Comment abordez-vous l’innovation RH chez Mazars ?

Avec sérieux et avec plaisir. Nous avons adopté, comme on peut le faire dans le marketing, une démarche de ciblage des publics, dans notre politique RH – collaborateurs, candidats, managers. Nous étudions ce que sont leurs attentes, leurs besoins et leurs usages, grâce à un travail régulier d’enquête et d’études prospectives.

Nous adoptons une démarche de « test and learn » afin de pouvoir répondre à leurs besoins. On expérimente, on mesure, on ajuste. L’innovation chez Mazars est au cœur de la politique RH. Tout cela prend du temps, et nous avons donc du innover également la façon que nous avions d’exercer les RH, ils nous a fallu, outre acquérir des compétences nouvelles, libérer du temps en robotisant et en automatisant un certain nombre de tâches.

Enfin, nous nous intéressons à l’intelligence artificielle. La data prédictive est un axe de développement important car cette source d’informations peut nous guider dans nos prises de décisions.

Nous avons dans notre service une équipe dédiée qui mène à la fois un travail de veille et qui teste les nouvelles propositions en permanence. On voit ce qui est utile, véritablement, qui est adopté par nos salariés. Un des risques de l’innovation RH est de penser que chaque problème peut être résolu par un outil, et que dès lors qu’on l’achète, le travail est fait. Une sorte d’innovation-washing, si je peux me permettre un néologisme. Pour nous l’innovation ne vaut la peine que si elle se conjugue avec une politique RH de qualité, au plus près des besoins des salariés et du projet de l’entreprise.

Pouvez-vous donner des exemples du boom de la HR TECH ?

Je tiens à préciser que la HR tech en France est un secteur de très grande qualité, avec beaucoup de belles réussites, c’est quelque chose de méconnu. On pourrait vous parler de JobTeaser qui s’est bien développé à l’international et qui propose des solutions de recrutement à destination des jeunes, Klaxoon et CleverConnect qui ont effectué plusieurs belles levées de fonds, Malt qui aide à repenser la place des freelances dans les entreprises et par-là même la collaboration… L’une d’entre elle mérite un petit coup de projecteur : Neobrain, un des très belles startups française qui a une actualité notable. Ils viennent de racheter une entreprise aux Etats-Unis appelée Flashbrand. L’éditeur français de solutions de gestion des talents a décidé de se rapprocher de cette société californienne spécialisée dans la gestion de la performance et de l’engagement RH afin de réaliser une expansion américaine.

Quels sont les enjeux à venir pour la HR TECH ?

Il y a à mon sens un enjeu crucial pour ce secteur, sur lequel il doit encore progresser, c’est la question de ce que l’on pourrait nommer la « double clientèle ». Je m’explique. Les solutions des startups s’adressent bien sûr aux RH, un premier client, mais aussi aux cibles de ces derniers, les « clients finaux » les candidats et collaborateurs. Les entrepreneurs de la HR tech ont souvent pensé leurs solutions à partir de leur parcours et de leur expérience personnelle. Leurs solutions couvrent bien des usages et des besoins des collaborateurs, mais leur usage n’est parfois pas évident au regard de ce qu’est la réalité du quotidien d’un responsable RH. Ainsi, des solutions parfois très intelligentes et pertinentes pour les « clients finaux » peuvent créer de la pénibilité pour les RH ou tout simplement ne pas répondre à leurs enjeux opérationnels. Il faut donc que les startups de la HR tech comprennent mieux ce que font les RH dans le but de travailler à faire converger la double expérience, celle des RH et celle de leurs clients afin tout simplement d’en accélérer l’adhésion.

Ensuite, comme toutes les startups, celles-ci doivent affronter un mur financier en ce moment, les levées de fond sont moins simples, même si j’ai confiance, car beaucoup d’entreprises sont aujourd’hui profitables.

L’autre grand défi touche au développement de l’intelligence artificielle, qui va sans aucun doute porter une nouvelle vague d’innovation dans les RH. Le tout dans de nouveaux cadres culturels : l’inclusivité, l’égalité réelle entre les femmes et les hommes ou bien la transition écologique, qui demeurent des enjeux.

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