logo_blanc
Rechercher

Le Partenariat économique régional global : quelles conséquences pour L’Europe et la France ?

Le Partenariat économique régional global (Regional Comprehensive Economic Partnership – (RCEP)) représente le plus grand accord commercial au monde. Il est entré en vigueur le 1er janvier 2022. Cet accord a été signé par quinze pays membres : la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les dix pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN)[1].

 

Cet accord est inédit tant par la taille de la zone qu’il englobe que par son poids économique. Les quinze pays membres représentent environ 30 % de la population mondiale (2,2 milliards de personnes), 30 % du PIB mondial et 28% du commerce mondial, ce qui en fait la plus importante zone de libre-échange. A titre comparatif, l’accord commercial États-Unis -Mexique -Canada (USMCA) représente 15% du PIB mondial, 7% de la population mondiale et couvre 15% des échanges commerciaux.[2] Le RCEP permettra la suppression des droits de douane pour environ 92% des lignes tarifaires en « rendant les économies de l’Asie du Nord et du Sud-Est plus efficaces, en associant leurs atouts en matière de technologie, de fabrication, d’agriculture et de ressources naturelles« [3]. Les impacts financiers sont conséquents. En effet, la Brookings Institution estime que l’accord pourrait générer 500 milliards de dollars d’ici à 2030.

La zone des pays du RCEP représente la moitié de la production manufacturière mondiale. A eux seuls, les exportations de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon constituent plus de 85% des produits manufacturés exportés. Cet accord favorisera la montée en gamme de la production au profit des biens de haute technologie et au détriment des biens agricoles.

 

Les répercussions économiques de l’accord pour l’Europe et la France : vers une progressive substitution des exportations ?

Le RCEP réunit des pays ayant déjà d’importants échanges commerciaux entre eux. Selon le CEPII, « la grande majorité des pays signataires réalisent plus de la moitié (souvent plus de 60 %) de leur commerce extérieur avec les Etats membres du RCEP[4] ».

De plus, le profil des exportations de la Chine vers les pays membres du RCEP est proche de celui des exportations chinoises vers l’Union européenne. Dans un contexte de hausse croissante des barrières non tarifaires (ex : taxe carbone aux frontières), les barrières d’accès au marché européen ne vont cesser de croître.

La Chine a engagé depuis quinze ans un recentrage sur son marché intérieur par le développement de la consommation et de sa classe moyenne. Cette stratégie s’accompagne aujourd’hui d’une intégration régionale croissante à travers des facilités d’accès aux marchés des pays d’Asie de l’Est afin d’accroître son indépendance par rapport aux marchés européens et américains. Si demain l’Europe ou les Etats-Unis limitent massivement l’accès à leur marché, la Chine aura une zone d’échange de substitution à très forte croissance économique. La logique des blocs est en marche.

L’accord RCEP pourrait également avoir un impact positif sur les entreprises européennes et françaises présentent dans la région. L’harmonisation des règles commerciales facilite la gestion des chaînes d’approvisionnements, la création d’un environnement plus stable pour les échanges inter-entreprises. Ainsi, cet accord représente un véritable défi pour l’Europe l’invitant à une redéfinition de ses relations commerciales avec les pays asiatiques.

Anne-Sophie Alsif, Cheffe économiste de BDO France et Anja Zekic.

 


[1] Vietnam, Malaisie, Singapour, Brunei, Indonésie, Philippines, Thaïlande, Laos, Myanmar et Cambodge.

[2] Short overview of the Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP), European Parliament 2021.

[3] https://www.brookings.edu/blog/order-from-chaos/2020/11/16/rcep-a-new-trade-agreement-that-will-shape-global-economics-and-politics/

[4] http://www.cepii.fr/BLOG/bi/post.asp?IDcommunique=850


<<< À lire également : La francophonie, un levier économique méconnu >>>

 

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC