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FORTISSIMO | Anne Sandrine Di Girolamo : «La joie de faire exister »

Anne Sandrine

 💡 Chaque mois, Forbes France vous fait découvrir une personnalité du monde de la musique. De ceux et celles qui font surgir les talents.  Nous vous proposons une rencontre avec Anne Sandrine Di Girolamo. Entretien réalisé par Florence Petros



 

Avec un crayon, une caméra et un micro, je suis heureuse ! Bel aveu d’Anne-Sandrine Di Girolamo de ce qui caractérise finalement, au plus profond, cette souriante juriste diplômée avocat – journaliste de tempérament, débordante de vie. Passionnée de culture et notamment de musique classique, elle crée en 2018 un magazine numérique « Gang Flow »  dédié à la musique classique. Magazine en N/B, dynamique, riche et frais, offrant un regard nouveau sur les artistes. Elle surfe entre l’écrit, la vidéo et le son. En 2021 un podcast « culture sur-mesure » voit ensuite le jour. Il fallait bien donner libre cours à sa voix profonde. Elle jongle entre ses métiers et sa passion pour l’art avec une gourmandise qui ne s’apaise pas. En 3 ans, Gang Flow est devenue une revue incontournable sur la scène culturelle.  Avocate des talents, Anne-Sandrine, a une couverture : l’immobilier, aux côtés de son mari ! … Entre deux réunions, audits, synthèses… un nouveau podcast, dédié à l’immobilier cette fois est né : « les Ondes de l’Immo… » 

Une bouffée d’air frais ! 

  

Vous avez fait des études de littérature, de droit, de journalisme, vous êtes diplômée avocat. Comment l’idée de créer cette revue numérique consacrée à la musique classique est-elle née ?

Anne Sandrine Di Girolamo Gang Flow est la réunion de tout ce que j’aime en un seul lieu, numérique. Après des années d’études en lettres classiques à la Sorbonne, une spécialisation en métriques et stylistiques latines, je suis partie vivre à New York. Là-bas, j’ai entrepris des études de droit. Un cursus classique que j’ai souhaité terminer en revenant à nouveau à la culture, notre culture. Je me suis donc spécialisée en histoire du droit, droit romain privé et droit canon. C’était finalement la moindre des choses que de faire honneur à ces matières en les réunissant puisque j’étais latiniste et juriste. Sont venus ensuite les mois passés à l’école de journalisme. Travailler avec un micro ou une caméra m’a donné une possibilité nouvelle de dire les choses. Les choses culturelles au premier chef, la musique classique ensuite. Gang Flow est le résultat de mon envie profonde de dire les choses. Lesquelles ? Celles qui touchent au beau et à l’humain. Avec le sourire, toujours. Gang Flow, c’est Wolfgang en miroir. Si vous saviez quel plaisir je ressens à chaque fois que je donne la clé de lecture de ce nom. La première lueur dans l’œil du lecteur futur…

 

Et le podcast Culture sur-Mesure ?

En trois ans, j’ai rencontré beaucoup d’artistes, écouté beaucoup de disques, assisté à de nombreux concerts. Toujours, au fond de moi l’idée que nous devons œuvrer pour la musique classique en la rendant accessible à tous, y compris ceux qui ne sont pas (encore) mélomanes.

En trois ans, j’ai rédigé plusieurs centaines d’articles. Mais parce que j’ai été formée au journalisme audiovisuel au Centre de Formation Professionnelle des Journalistes à Paris et parce que j’aime plus que tout l’image et le son, j’avais envie de laisser les artistes s’exprimer, sans leur imposer le filtre de mon écriture. Qu’on les voit, qu’on entende le timbre de leurs voix, leur enthousiasme et leurs hésitations, me semblait absolument affriandant. De la plume, je suis donc passée à la caméra et au micro.

 

Anne Sandrine Di Girolamo : J’aborde les émissions d’une façon qui m’est très personnelle et j’en suis bien consciente. J’aime par-dessus tout rencontrer l’artiste et le connaître, toujours mieux au fil des années qui s’écoulent et des interviews qui s’ajoutent les unes aux autres 

 

Comment abordez-vous vos reportages et émissions ? Quels sont vos critères de sélection ?

La réponse que je vais donner est tout sauf professionnelle. Je n’ai pas de critères de sélection mis à part le choix du cœur. Je sais que répondre ainsi paraît léger et banal mais c’est la réalité. Au-delà de la qualité du projet bien sûr, je recherche la sincérité et l’enthousiasme des artistes. A leur enthousiasme répond alors le mien, que j’espère garder presque naïf le plus longtemps possible. Bien sûr, j’essaie de couvrir toutes les périodes (renaissance, baroque, classique, romantique, moderne et contemporaine) afin de satisfaire le plus grand nombre de lecteurs possibles. Ceci n’est toutefois qu’une sorte de cuisine interne au site qui ne m’intéresse pas. Jamais je ne refuserai un projet qui m’a touché parce que j’aurais déjà publié un peu trop pour la période concernée.

 

J’aborde les émissions d’une façon qui m’est très personnelle et j’en suis bien consciente. J’aime par-dessus tout rencontrer l’artiste et le connaître, toujours mieux au fil des années qui s’écoulent et des interviews qui s’ajoutent les unes aux autres. J’affectionne la première rencontre. J’adore ensuite la seconde puis la troisième et ainsi de suite. Cette connivence subtile qui s’installe entre l’artiste et moi m’impose de défaire le personnage des affreux oripeaux qu’il prend quand il part en croisade pour faire connaître son projet au public et aux lecteurs. L’artiste qu’on connaît un peu mieux devient souvent plus mystérieux au fond. C’est toute la complexité de son être que j’aime frôler.

 

Comment fonctionne économiquement Gang Flow ? Avez-vous trouvé un modèle économique viable ? D’autres idées doivent certainement germer pour faire évoluer ce modèle ?

Gang Flow est un magazine indépendant, que j’ai longtemps financé sur mes propres deniers et mon temps personnel. Je finance désormais Gang Flow par le biais d’une société de productions de contenus pédagogiques ou de communication. Gang Flow est donc une vitrine de ce que je sais faire, et que je fais pour d’autres. Dès le départ, j’ai souhaité ne pas recourir au publireportage ainsi qu’à l’affichage de bannières publicitaires. Je ne réprouve absolument pas ces modes de financement qui sont essentiels à la survie économique des médias actuels. Toutefois, en ce qui me concerne, je n’ai jamais pensé la question épineuse. Casser l’esthétique de mon site internet par l’ajout de bannières publicitaires relevait de l’impossible concession. Dans ces cas-là, on accepte d’être patient et on compte sur sa propre créativité. A l’instar de ce qu’on fait en pédagogie digitale pour la formation continue des salariés, je crée des capsules de communication. Elles serviront l’artiste bien plus longtemps qu’une publication papier par exemple. Ne jamais oublier qu’internet n’oublie rien et que c’est un outil extraordinaire si on l’utilise de façon positive.

 

Quels sont vos coups de cœur en ce début 2022 ?

En ce début d’année, j’ai souhaité mettre en valeur les artistes franchissant allègrement les frontières des époques et des styles. Le compositeur français Johan Farjot, par exemple, vient de publier au label Alpha un disque « Lovescapes ». Cet album est composé en résonnance avec les textes poétiques du poète David Tepfer pour dire toutes les couleurs de la relation d’amour entre un homme et une femme. 

J’ai été séduite par le travail de la jeune soprano Ellen Giacone. Brillante jeune femme, ancienne salariée d’Areva, normalienne et musicienne. Elle publie un disque de chansons d’amour, rapprochant le baroque et le jazz de façon très séduisante.

Nous entendrons bientôt sur le podcast Culture sur-Mesure la pianiste française d’origine sri-lankaise Shani Diluka. Elle évoque la musique chez Marcel Proust, dont nous célébrons cette année le centenaire de la mort. Shani publie un disque admirable d’intelligence chez Warner.

Nous célébrerons aussi le bicentenaire de la naissance du compositeur César Franck avec l’orchestre philharmonique royal de Liège. Une superbe interview de son directeur Daniel Weissmann sera bientôt disponible.

Et puis il y aura aussi le pianiste Nicolas Stavy avec un récital donné à la Bibliothèque nationale de France. Nous aurons ainsi l’occasion d’évoquer les précieux documents et partitions qui sont conservés dans ce lieu magique de mémoire. Tant d’autres sujets sont en préparation que je ne peux qu’inviter les lecteurs à passer de temps en temps chez Gang Flow. Flâner sur le site, comme on le ferait lors d’une promenade dans une ville dont on découvre les rues et les ruelles. Surtout les ruelles.

Entretien réalisé par Florence Petros

 

 


POUR ALLER PLUS LOIN : 

 

https://gang-flow.com

https://podcast.ausha.co/culture-sur-mesure

https://podcast.ausha.co/les-ondes-de-l-immo-1

 

<<< À lire également :  Fortissimo : Rencontre avec Hélène Paillette, la Lumineuse (Les Minutes Heureuses & Contraste Productions) >>>

 

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