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Emmanuel Tarpin, la haute-joaillerie est un art

Le jeune créateur a lancé sa propre marque il y a quatre ans déjà. Ses pièces uniques sont un événement. 

« Le bijou, c’est de l’art, une sculpture que l’on porte sur soi. » Emmanuel Tarpin a le sens de la formule. Celle-ci n’est pas creuse. A 29 ans seulement, le jeune homme peut déjà revendiquer un parcours sans faute. Qui démarre à Annecy (Haute-Savoie), au pied des montagnes. Son goût pour la nature, des pierres fines, des collections, des jolies choses en général, l’oriente vers la Haute école d’art et de design (HEAD), à Genève. L’enseignement ne porte pas précisément sur la haute-joaillerie mais les ferments de son futur travail, de sa passion, y sont en germe : l’acuité d’un regard, la réalisation d’une inspiration, le mélange des styles…

 

 

Après l’école, Emmanuel rejoint à Paris un atelier travaillant pour la célèbre maison Van Cleef & Arpels. Il y reste quatre ans, avec l’opportunité d’élaborer des pièces uniques : pas si fréquent quand on démarre. Il aurait pu continuer dans le sillon des institutions mais le désir de lancer ses propres créations se révèle trop fort. « Quatre ans plus tard, je ne regrette pas. Non qu’il faille décrier les enseignes ayant pignon sur rue mais cette aventure personnelle me donne le sentiment d’exercer pleinement mon métier de joailler, c’est-à-dire imprimer un style plutôt que répondre à une escalade de la demande. »

 

 

La marque Emmanuel Tarpin est née en 2017. Ses débuts sont un petit événement avec une paire de boucles d’oreilles présentée par Christie’s lors de sa traditionnelle vente aux enchères dédiée aux bijoux. La création, en forme de « géranium en chute », marie l’or, le diamant et l’aluminium. Une bonne part de l’imagination de ce talent très prometteur est là : la maîtrise des références traditionnelles rehaussée par des impulsions et des illuminations résolument modernes, qui peuvent le guider vers des matériaux disruptifs. Emmanuel travaille les diamants, les émeraudes, les rubis et les saphirs mais aussi les tourmalines ou les spinelles. Au passage, il affiche sa préférence pour les lignes souples, aux antipodes d’un design rigide.

 

 

En parlant avec Emmanuel Tarpin, il est rarement question d’argent. Ce n’est pas que le créateur veuille minorer le sujet – les prix sont à la demande – mais il rappelle que ses bagues, bracelets, broches ou boucles d’oreilles n’existent qu’à un seul exemplaire. Et requièrent plusieurs mois pour leur fabrication, des premières esquisses sur une feuille de papier jusqu’à la touche finale. Signe qu’ils connaissent cette exigence, les clients ne donnent pas de délai à Emmanuel Tarpin. Ils lui font totalement confiance, qu’il s’agisse d’une création pure ou d’une pierre de famille à transformer. Faut-il rappeler que les bijoux sont des objets de transmission par excellence ?

 

 

Au fur et à mesure, ce joailler qui cultive le dynamisme sans la précipitation a rallié des acheteurs fidèles, emballés par des échanges attentifs synonymes de liens privilégiés. Un atout rendu possible par la structure ultra-réduite de l’intéressé : pas de « public relations », pas d’ambassadeur ou d’ambassadrice de la marque (même si Rihanna porte ses bijoux), pas de plan stratégique à cinq, dix ou quinze ans… D’ailleurs, il n’a pas de boutique. Emmaneul Tarpin préfère se concentrer dans son petit atelier situé près de la place Vendôme, le centre névralgique du luxe à Paris.

Concentration ne signifie pas isolement. Emmanuel Tarpin voyage régulièrement, pour sélectionner des pierres, rencontrer des clients et parfaire encore davantage sa connaissance d’un univers hors-normes. « Le vrai luxe, c’est la curiosité », s’exclame celui que ses parents ont eu la bonne idée d’emmener dans des coins reculés, jusqu’à la Mongolie extérieure. « C’était une ambiance un peu roots, dont toute la famille (il a deux sœur) a pu profiter », se souvient-il.

L’avenir, Emmanuel Tarpin le voit forcément stimulant, mixte de projets, de rencontres et de créations. Une autre certitude : il va poursuivre sa trajectoire en solo. Enfin, il souhaite tordre le cou à l’idée qu’un grand bijou se porte exclusivement lors de grandes occasions. « A New York, il n’est pas rare de voir une femme en tee-shirt parée d’une magnifique paire de boucles d’oreilles ou d’un bracelet scintillant. C’est d’une classe folle. »

 

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