logo_blanc
Rechercher

Tesla : Comment Elon Musk Va-T-Il Financer Sa Nouvelle Méga-Usine ?

Crédit Getty Images

Elon Musk, le président de Tesla, est inarrêtable : alors que sa société vient d’atteindre un record de production du Modèle 3 de sa berline électrique, et après avoir proposé son aide pour secourir l’équipe de football coincée dans une grotte en Thaïlande, il a fait un détour par Shanghai afin de présenter ses plans de longue date pour installer une gigantesque usine de production en Chine. Il n’a cependant pas mentionné comment serait financé le coût de sa construction, estimé à plusieurs milliards de dollars.

Selon un communiqué du gouvernement local fourni par Tesla, le projet, surnommé Gigafactory 3, devrait s’installer dans la zone industrielle de Lingang à Shanghai, et produire 500 000 Teslas par an, batteries et moteurs inclus. L’usine devrait être, d’après la ville, le plus grand projet industriel soutenu par l’étranger de son histoire. Ben Kallo, analyste financier chez Robert W. Baird & Co., a évalué que le coût de l’usine pourrait atteindre les 5 milliards.

Selon une interview menée par Bloomberg, il estime que “c’est un bon départ. Toute la question maintenant est de savoir comment les investisseurs, haussiers comme baissiers, vont financer le projet.”

Elon Musk ne faisant jamais les choses à moitié, son plan d’usine vient s’ajouter alors que Tesla continue à peaufiner et accélérer la production du Modèle 3 après un an de déploiement laborieux. La société doit déjà couvrir les coûts :

  • de sa première usine de batteries au Nevada (pour un coût similaire de 5 milliards) ;
  • des modifications sans fin de son usine principale en Californie,
  • du développement de son crossover, le modèle Y,
  • d’une nouvelle voiture de sports de la gamme Roadster,
  • de son poids lourd massivement annoncé, le Tesla Semi.

Comme si ces coûts d’investissement ne suffisaient pas, Tesla finance également le développement d’une technologie de conduite autonome, réalisé purement en interne.

Brian Johnson, analyste financier chez Barclays, a indiqué dans une note de recherche que “comme dit Lao Tseu dans le Tao Te Ching, un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas. Et l’annonce d’aujourd’hui était ce pas. Mais il ne faut pas oublier qu’il reste un long chemin à parcourir (avec des besoins de trouver des fonds, l’emplacement et la construction de l’usine, des partenaires pour les batteries, et des chaînes logistiques” avant que ces voitures Made in China ne parcourent le pays”.

Les détails financiers du projet n’ont pas été évoqués lors de la conférence de presse à Shanghai, et un porte-parole de Tesla n’a pas souhaité avancer d’estimation. L’entreprise sera l’unique propriétaire et unique exploitant de l’usine de Lingang, qui effectuera de la R&D, des opérations de vente locales, ainsi que de la construction.

Selon Musk “Ce sera une usine automobile dernier cri, et un modèle de durabilité. Nous espérons la voir terminée très bientôt” a-t-il dit, sans plus de détails.

Il est essentiel pour Tesla d’implanter sa production en Chine pour pouvoir s’étendre sur ce marché et éviter ses lourdes taxes imposées aux véhicules importés, qui placeraient le Modèle 3 et d’autres véhicules Tesla hors de portée de la plupart des bourses. Le soutien du gouvernement chinois envers les véhicules électriques a dopé le marché, désormais trop grand pour qu’on l’ignore, surtout pour une entreprise dont le but est de dominer les ventes mondiales de véhicules électriques.

“L’investissement de Tesla va solidifier la position de la Chine comme centre mondial incontesté de la production de véhicules électriques” indique Michael Dunne, observateur de longue date de la Chine et président de l’entreprise de conseil ZoZo Go, dans une interview pour Forbes. Selon lui, les supports financiers de l’usine pourraient venir de Tencent, le géant de la recherche internet chinoise, qui a acheté 5% des parts de Tesla en 2017, ou même peut être du gouvernement de Shanghai.

D’après Johnson, étant donnée la complexité inhérente à la création d’un hub majeur de production en Chine, la méga-usine 3 pourrait ne pas être prête avant les années 2020s, ce qui risque de représenter un problème.

“Même si Tesla jouit sans doute d’un certaine image de marque en Chine en tant qu’innovateur technologique, ce qui lui garantit au moins un marché de niche, les équipementiers locaux et les autres constructeurs automobiles européens et américains sont dans les starting-blocks pour prendre le plus vite possible possession du marché chinois des véhicules électriques à batterie.” a-t-il indiqué. Volkswagen, General Motors et BYD ont déjà préparé leurs plans pour des ventes de VEB à grande échelle en Chine, et les nouveaux arrivants, comme Byton et XPeng préparent déjà des modèles de luxe qui pourraient concurrencer clients premium que vise Tesla.

Pour Kallo, Tesla devra sans doute lever plus de fonds pour financer son usine. Il partage l’avis de Dunne qu’un partenaire potentiel interviendra pour prendre en charge certains frais d’investissements, comme Panasonic , qui est partenaire de Tesla pour les batterie, l’a fait pour la méga-usine du Nevada.

“Je ne dis pas que Panasonic sera ce partenaire, mais nous verrons sans doute quelqu’un apparaître” indique-t-il, “nous en saurons plus dans les mois à venir”. La méga-usine chinoise a pour objectif d’atteindre une capacité de production d’un demi-million d’unités, le même que pour l’usine de Fremont, qui ne l’a pas encore atteint  même avec le pic de production du Modèle 3 fin juin.

L’usine, qui construit également des berlines Modèle S et des SUV modèle X, a produit 87 833 unités au premier semestre. Après de nombreux retards, Tesla a finalement annoncé ce mois-ci que 5000 unités de la voiture, qui coûte 35000 dollars dans sa version la plus simple, étaient enfin construites chaque semaine. Elon Musk veut augmenter ce chiffre, mais l’entreprise espère qu’un production constante à cette cadence générera suffisamment de liquidités pour pouvoir financer sa liste toujours plus longue de projets, et amener, pour la première fois, un peu de rentabilité.

Musk a juré que Tesla ne serait plus déficitaire pour les deux derniers trimestres 2018, un promesse qui risque d’être difficile à tenir sachant que l’entreprise n’a été rentable que pendant deux trimestres non consécutifs depuis son entrée en bourse en 2010. Si cet objectif est atteint, alors lever des fonds pour l’usine chinoise devrait s’avérer plus simple.

Pour Kallo, “Si Tesla a des possibilités de croissance, alors l’accès aux marchés boursiers sera là. Ce qui va compter c’est le second semestre 2018 : si Tesla obtient un retour sur le capital investi dans le Modèle 3, alors les investisseurs se sentiront plus à l’aise et seront plus ouverts à l’idée de soutenir d’autres occasions de croissance.”

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC