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Ecriture inclusive ou exclusive ?

Lundi 30 octobre 2023, le Sénat a adopté la proposition de loi visant à interdire l’écriture dite inclusive. Une nouvelle fois, l’écriture inclusive s’invite dans le débat politique et monte sur le devant de la scène. C’est bien un sujet politique dont il s’agit qui polarise deux parties.

D’un côté, les personnes en faveur de l’écriture inclusive invoquent le caractère excluant et réducteur d’un héritage outrepassé du XVIIe siècle. Epoque à laquelle, une volonté a été exprimée de ne plus féminiser les fonctions et de choisir les accords sur un masculin qui l’emporte. Et cela, aux motifs suivants « Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte ».

D’un autre côté, les personnes qui s’opposent à l’écriture inclusive invoquent une tradition littéraire, une simplicité de lecture et d’écriture selon des règles déjà acquises et une volonté de ne pas exclure les personnes avec des troubles dys…

De quoi s’agit-il ? Voici, quelques propositions de langage d’écriture inclusive :

  • Le point médian tel que les « lecteur.rices »,
  • Le recours plus courant aux mots épicènes qui s’utilisent aussi bien au féminin qu’au masculin tels que des personnes, des élèves…,
  • Des doublets consistant à mentionner et accoler systématiquement les formes masculines et féminines d’un même mot, par exemple « les auditeurs et les auditrices »,
  • Des nouveaux pronoms tels que iel, celleux… pour inclure les personnes non binaires et trans afin d’éviter là encore un masculin générique,
  • La reprise d’autres règles de grammaire tel que l’accord de proximité (accorder l’adjectif au dernier mot mentionné comme « Les rois et les reines sont entrées » ou celui du nombre (accorder l’adjectif avec la population référente citée la plus importante tel que « L’alarme incendie s’est déclenchée, les 5 infirmières et le chat qui étaient dans la pièce ont été mouillées ».

Comme on peut le noter, l’écriture dite inclusive existait déjà sous certains aspects, avant de devenir un sujet sulfureux. Ce qui a changé ces dernières années et a polarisé le débat sont les engagements militants rattachés. Certaines lignes éditoriales l’imposent d’autres l’interdisent, et on reste parfois au milieu du gué à marcher sur des œufs quand il faut s’exprimer à l’écrit comme à l’oral en public, ce qui génère de l’inconfort voire des émotions plus tranchées parfois. C’est généralement dans ces moments-là, lorsque les repères deviennent plus mouvants que les polarisations s’exacerbent. C’est souvent le préambule à des transitions et des changements qui s’opèrent.

En septembre 2022, nous avions mené une étude auprès de notre réseau : pour ou contre l’écriture inclusive dans le recrutement ? Sur plus de 200 participations, le résultat a été sans appel, 62% des personnes interrogées sont défavorables à l’utilisation de l’écriture inclusive. Les femmes étaient un peu plus mesurées : seule la moitié des répondantes rejetaient ce style d’écriture, quand les hommes étaient 81% à s’y opposer.

Cependant certaines études semblent révéler un biais masculin dans la langue française : le masculin générique ne serait pas réellement neutre, il nous pousserait à créer une image mentale masculine. Des travaux montrent qu’il est très difficile pour notre cerveau de gérer l’ambigüité de la forme grammaticale du masculin générique. Dans une phrase telle que « Les musiciens sont sortis sous la pluie, la violoniste a sorti son parapluie », on décèle que l’interprétation masculine était plus dominante bien que tout le monde connaisse la règle de grammaire.

Ce biais masculin est préjudiciable pour les femmes puisqu’il limite leur capacité à se projeter dans certains métiers, rôles ou sports. Si on veut atteindre les résultats attendus en termes de parité et de diversité, je recommande d’agir dans les recrutements dès l’écriture des offres d’emploi. Depuis les résultats de notre sondage majoritairement en défaveur de son utilisation, nous avons décidé de ne plus utiliser le point médian, de ne pas avoir recours aux nouvelles formes pronominales (iel…), ni de pratiquer des accords de proximité au pluriel. Nous adoptons néanmoins les autres propositions de l’écriture inclusive pour que les femmes comme les hommes puissent se reconnaître dans les opportunités que nous leur proposons. Nos résultats sont encourageants et ce serait un recul pour notre engagement à proposer plus de parité dans le recrutement si la législation se durcissait.

Utilisée de manière raisonnable, on peut parfaitement pratiquer une écriture inclusive qui ne soit pas exclusive.

Sources : « Le cerveau pense-t-il au masculin ? » de Pascal Gygax, Sandrine Zufferey et Ute Gabriel –   * On y trouve une importante bibliographie d’études scientifiques internationales.

« Le langage inclusif : pourquoi, comment » d’Eliane Viennot

Article de Noémie Joniot reprenant l’intégralité des résultats de notre enquête sur l’écriture inclusive : https://www.taylor-river.com/actualites/publications/resultats-enquete-ecriture-inclusive/

NB : Cet article a été pensé et écrit en langage inclusif.

 

Utilisée de manière raisonnable, on peut parfaitement pratiquer une écriture inclusive qui ne soit pas exclusive.

Sources : « Le cerveau pense-t-il au masculin ? » de Pascal Gygax, Sandrine Zufferey et Ute Gabriel –   * On y trouve une importante bibliographie d’études scientifiques internationales.

« Le langage inclusif : pourquoi, comment » d’Eliane Viennot

Article de Noémie Joniot reprenant l’intégralité des résultats de notre enquête sur l’écriture inclusive : https://www.taylor-river.com/actualites/publications/resultats-enquete-ecriture-inclusive/

NB : Cet article a été pensé et écrit en langage inclusif.

 

par Eglantine Tancray, CEO de Taylor River

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