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Doğuş group, comment la petite entreprise familiale turque est devenue un conglomérat mondial

D-Maris Bay © Doğuş group

Immobilier, automobile, hôtellerie, médias, énergies… Doğuş group est un mastodonte en Turquie. Et bien au-delà. L’entreprise familiale est devenue un empire prospère dans les cinq continents en se concentrant sur des actifs à fort potentiel. Malgré la pandémie, la société n’a jamais cessé d’investir. Une histoire pas seulement de gros sous pour ce groupe engagé socialement depuis ses origines. A travers sa filiale Doğuş Hospitality, la compagnie est de plus en plus présente en France, un pays qu’elle considère comme incontournable dans le monde « d’après ». Rencontre à Istanbul avec Eryigit Umur, l’un des co-dirigeants.


Présentez-nous la galaxie de votre groupe qui se classe dans le top 3 des plus grandes entreprises de Turquie.

Eryigit Umur : A l’origine de Doğuş group fondé en 1951, il y a la vision d’un entrepreneur, Ayhan Şahenk, qui a décidé de se concentrer sur l’industrie du BTP, de l’automobile et dans les infrastructures. Très tôt, l’idée était de s’appuyer sur la technologie et la qualité pour délivrer les meilleurs services et élaborer des produits avant-gardistes capables de satisfaire toutes les parties prenantes. Au fil des décennies, nous avons investi d’autres secteurs d’activité à l’image des médias, l’hôtellerie, la vente au détail, l’énergie, l’immobilier ou encore le divertissement. Cette croissance continue nous a permis de constituer un réseau de 300 entreprises couvrant les cinq continents et de rassembler aujourd’hui 19 000 collaborateurs. Nous avons grandi à la faveur de deux approches : l’obsession de la satisfaction client et l’efficacité.

Ainsi, nous comptons parmi nos partenaires d’affaires des grands acteurs mondiaux, tels que : Volkswagen AG et TÜVSÜD dans l’automobile ; Hyatt International Ltd. dans le tourisme ; Hublot ou Loro Piana dans le luxe, mais aussi le groupe international Azumi qui détient dans son portefeuille des marques telles que Roka, Zuma dans l’alimentation, ou encore le groupe sud-coréen SK dans le e-commerce.

En dehors de l’écosystème business, le grand public ne sait pas que vous détenez des établissements mythiques et des enseignes branchées. Quelques mots sur vos emplacements assez élitistes.

Eryigit Umur : Nous avons effectivement sous notre bannière des adresses mythiques et des marques très puissantes dans l’art de vivre : Astir Palace à Athènes, Villa Borghese à Rome, Chenot Palace Weggis en Suisse, D-Maris à Marmaris dans la riviera turque… soit 15 hôtels pour ce qui concerne l’hospitality. Nous détenons également une soixantaine d’établissements iconiques dans le domaine gastronomique : Zuma, Coya, Nusr-Et, Roka, Argos… soit 142 restaurants conceptuels. Je rebondis sinon sur votre terme « élitiste », alors oui et non. Nous sommes implantés dans des villes-monde comme Dubaï, Los Angeles, Istanbul, Mykonos, Paris… Ces lieux incontournables attirant beaucoup de public ont aussi des ‘spots’ plus jet-set. A Nusr-Et ou Zuma, on croisera aussi bien une star du ballon rond ou du cinéma qu’un touriste anonyme branché. Tous viennent chercher ce qu’on appelle une « expérience théâtrale ». Un terme cher à notre président Mr Sahenk qui a œuvré à imaginer autrement la sortie resto en dépoussiérant le concept. Dîner chez Coya ou Nusr-Et, c’est vivre une expérience unique avec un service à table mêlant divertissements, glamour et cuisine de haut vol. Cette approche a permis à Doğuş Hospitality de devenir un acteur pionnier dans ce domaine.

 

Certaines de vos activités vous exposent particulièrement à la crise sanitaire. Comment faites-vous face à la pandémie ?

Eryigit Umur : La pandémie de Coronavirus a fait basculer le monde vers une grave crise économique générant beaucoup de détresse psychologique. Effectivement, le tourisme, l’hôtellerie, ont particulièrement été impactés, nous avons donc concentré nos efforts sur la santé et la sécurité sanitaire de toutes les parties prenantes (collaborateurs, hôtes, prestataires…). Dans ce contexte, nous avons eu la chance de limiter l’impact grâce à la répartition géographique de notre portefeuille. De fait, nous avons évalué rapidement la gravité de la situation à travers notre déploiement en Asie. Cela nous a beaucoup aidés dans l’élaboration de scénarios et de plans d’action à l’échelon mondial. Parmi nos mesures clefs, la création d’un Comité de santé au sein du groupe Doğuş qui comprend des universitaires, des scientifiques honoraires, des épidémiologistes, des médecins, des psychologues…Le jour où il a fallu prendre la décision de fermer nos établissements, nous avons maintenu ouvert le Grand Hyatt Istanbul, l’un des plus grands hôtels de la ville aux fins d’accueillir gratuitement les professionnels de la santé engagés dans la lutte.

 

Eryigit Umur : A horizon 2022-2023, nous nous engageons à ouvrir plus de 70 restaurants dans différentes villes du monde, tout en augmentant notre présence dans les hôtels gérés et dans les emplacements de vente au détail. Parmi les développements importants qui méritent d’être mentionnés, il y a notre projet d’envergure dans le centre historique d’Istanbul : Galataport.

 

Sur un autre sujet clef, la trésorerie : tout le management a spontanément consenti à subir une réduction de salaire dans l’objectif de préserver, avant tout, la rémunération de nos salariés en chômage technique. Dans le même intervalle, nous avons accéléré la digitalisation de nos services et activités en nous appuyant sur différents retours d’expériences dans le monde (procédures de check-in en ligne, généralisation du QR code, jauge pour des expériences plus privées…). Ces actions parmi tant d’autres nous ont permis de rester à flot pour anticiper le monde d’après.

« Le monde d’après », c’est encore plus d’injonctions à faire acte de transparence et à endosser sa responsabilité sociétale. Quelles sont vos actions concrètes en ce sens ?

Eryigit Umur : Notre groupe Doğuş a toujours eu vocation à s’engager socialement et écologiquement pour marquer la vie de gens. Cette conscience citoyenne n’est pas nouvelle. Doğuş fonde son business model sur une vision très claire : notre croissance doit s’accompagner de principes éthiques. Une philosophie aussi vraie hier qu’aujourd’hui. Dans les années 50, nous étions pionniers en Turquie en cultivant l’exemplarité dans notre approche. Être un groupe familial induit de fortes obligations. Ainsi, au fil des décennies, nous avons lancé différents projets de mécénat axés sur la culture et les arts, le sport et l’éducation. 

2022 est considéré comme un cap important pour la reprise touristique. Dans cette perspective, comment orientez-vous vos investissements ?

Eryigit Umur : Selon ce scénario, nous allons accélérer dans plusieurs domaines. A horizon 2022-2023, nous nous engageons à ouvrir plus de 70 restaurants dans différentes villes du monde, tout en augmentant notre présence dans les hôtels gérés et dans les emplacements de vente au détail. Parmi les développements importants qui méritent d’être mentionnés, il y a notre projet d’envergure dans le centre historique d’Istanbul : Galataport. Malgré la pandémie, nous n’avons jamais cessé d’investir dans ce chantier ambitieux. Dans le détail, Galataport a une valeur d’investissement de 1,7 milliard de dollars. Sur les rives du Bosphore, nous avons créé un quartier de divertissement et de style de vie en modernisant le plus ancien et l’unique port de la ville. Du Peninsula Hotel Istanbul aux nombreux adresses gastronomiques, dont Roka et Saltbae du chef star Nusr-Et, le quartier a été réhabilité, dynamisé. C’est une destination dans la destination !

Mais plus que tout, nous avons pris soin de garder l’âme de ce quartier historique. Les locaux et visiteurs internationaux découvriront aussi des bureaux, des espaces de co-working hybrides, deux musées, dont l’un signé Renzo Piano. Enfin, Galataport accueillera le seul terminal de croisière au monde situé sous le niveau de la mer, sa capacité atteindra 25 millions de visiteurs, dont 1,5 million de croisiéristes par an.

Galataport Istanbul © Doğuş group

 

Au cours des cinq dernières années, Doğuş Group a réalisé un total de 3,5 milliards de dollars d’investissements tous azimuts. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que nous abordons l’avenir.

La France est un pays très important à vos yeux, pourquoi ?

Eryigit Umur : Il est impossible d’ignorer le marché français quand on fait du business. Et plus encore, quand une partie de ses activités relèvent de l’hospitality et de l’art de vivre ! Notre filiale Doğuş Hospitality emploie de nombreux collaborateurs français qui se distinguent par leur savoir-faire. Nous sommes par actifs dans le pays via notre réseau de restaurants comme Coya à Paris. Les bons retours des clients nous ont amenés à étoffer notre présence sur le territoire, notamment dans le sud de la France (ouverture prochaine à Cannes). Concrètement, nous prévoyons d’ouvrir cinq adresses supplémentaires dans les 16 prochains mois. Ces implantations nous permettrons aussi de repérer des talents que nous ne manquerons pas de valoriser dans notre groupe et dans les pays où nous opérons.

En outre, nous partageons avec la France la même passion œnophile. La Turquie est riche de vignobles hérités de sa culture millénaire. Nous avons le plaisir d’accueillir beaucoup de connaisseurs français à Cappadocia où nous détenons le plus bel hôtel troglodytique de la région, Argos. Ils viennent pour le spectacle naturel de ce site UNESCO, mais aussi pour se familiariser avec notre tradition viticole. Nos cépages comptent des vins primés à l’instar de Emir, Kalecik Karası, Boğazkere Nahita Dokya ou Boğazkere.

Argos Cappadocia © Doğuş group

 

Pour aller plus loin :

www.dogusgrubu.com.tr

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