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Comment être heureux aujourd’hui si nos enfants ne le sont pas dans trente ou quarante ans ?

Hier, l’ascenseur social permettait aux plus courageux d’améliorer leur sort et de vivre mieux que leurs parents. Mais depuis la mondialisation, alors que les inégalités entre pays se sont estompées, les inégalités à l’intérieur des pays n’ont cessé de progresser. À quoi s’attendre demain ?

 

Si tu travailles bien à l’école, tu seras heureux dans la vie

Oui, mais plus les enquêtes se succèdent, plus on constate que le niveau scolaire ne cesse de baisser. Dans la plupart des matières aujourd’hui, les élèves français maîtrisent moins bien les fondamentaux que leurs homologues des pays voisins. Et si on observe simplement le nombre d’élèves capables de lire à haute voix 120 mots à leur entrée en 6e, entre 30 et 50%, suivant le lieu, en sont incapables. On peut s’inquiéter du niveau de richesse à venir du pays, car l’école est le premier problème économique de la France, et on refuse de le voir.

Et si on veut être plus précis, les études récentes indiquent que le nombre d’élèves performants en mathématiques et en sciences ne cesse de baisser. La France affiche un score moyen de seulement 485 points pour les maths et 488 en sciences, pour les élèves en CM1. Elle se retrouve ainsi à la dernière place du classement européen, bien en dessous de la moyenne européenne, qui est de 527 points en maths et 522 en sciences.

 

Par souci d’égalité, aurions-nous choisi un échec généralisé à une réussite inégale ?

Se souvenir de cette phrase de Tocqueville : « Les Français préfèrent l‘égalité dans la misère à la prospérité dans l’inégalité. »  Et, dans notre pays où l’ambition est assez mal perçue et/ou de plus en plus les bons élèves se font traiter de bouffons, sommes-nous en train de gâcher l’avenir de nos enfants en pensant que l’amour et la tolérance suffisaient à élever son enfant ? Alors que beaucoup dépend des efforts que l’enfant fait ou ne fait pas, sans discipline, sans contrainte, sans persévérance ou motivation, il n’y aura pas de réussite.   

Si on tente d’expliquer ce qui se passe aujourd’hui, l’échec est peut-être dû pour certains à cette mode de l’enfant roi à qui on s’est attaché à inculquer la tolérance, le respect, l’écoute, à qui au nom d’une utopie on s’est interdit d’interdire, mais à qui on a oublié d’insuffler les valeurs de l’effort. Et pour d’autres, à ces enfants élevés avec la méthode dite de « à l’abandon » pour les enfants élevés par la communauté ou la cité.

 

Méritocratie vs apartheid social.

Beaucoup pensent que le labeur est récompensé à sa juste valeur, en oubliant que, si l’enfant est né dans une ville de moins de 20 000 habitants qui s’est désindustrialisée aux cours les 20 ans dernières années, une ville à 30 kms de l’autoroute, où la gare a fermé depuis longtemps, une ville oubliée où la population a baissé, où le taux de chômage est très élevé, il faudra cinq à six générations aux enfants de familles relativement modestes pour espérer rejoindre les classes moyennes supérieures, car, même quand on veut, souvent, on ne peut pas.

 

Lire sur l’histoire de la désindustrialisation de la France : https://bernard-jomard.com/2018/11/30/la-france-championne-de-linnovation-dans-un-pays-sans-usine/

 

Le lieu et milieu de naissance sont la source des réseaux que l’enfant se constitue, et qu’il conservera toute sa vie. Travailler très dur n’est plus une garantie de réussite. Car depuis la mondialisation qui a entraîné en France une désindustrialisation, le monde de beaucoup de petites villes enclavées, désindustrialisées, peu touristiques, s’est figé. Comme se sont figées les possibilités de sortir de sa condition, comme se sont aussi figées les frontières de classe, qui sont devenues des castes dans un apartheid social.  

 

Que faut-il faire pour changer les choses ?

Il est utile de rappeler que si, hier, les salariés bénéficiaient tous d’une prime d’obsolescence (ancienneté), moins rémunérés en début de carrière, ils voyaient leurs salaires et avantages augmenter au fil du temps même si leurs performances s’avéraient passables ; aujourd’hui c’est fini.

Savoir aussi que dans les secteurs qui recrutent aujourd’hui et qui rémunèrent bien, on note qu’il y règne désormais une certaine forme de darwinisme. En un mot, une sélection des plus forts. D’où l’intérêt de tenter d’être parmi les premiers de cordée. Car tous doivent en permanence tenter de survivre dans des « business units » où la compétition est excessivement violente.

 

Il vous faut donc investir dans l’éducation de vos enfants, car si vous ne le faites pas aujourd’hui, durant toute leur vie ils auront besoin de votre aide.

Investir sans idéologie dans le choix de l’école si la plus proche de chez vous fait partie des écoles dont le niveau s’est étiolé. Choisissez une autre école, même si elle est payante ; c’est un investissement que vous ne regretterez pas.

Investir pour faire sortir votre enfant de sa caste, par des séjours de sport ou culturels dans d’autres villes, ou par des séjours éducatifs dans d’autres pays ; c’est un investissement que vous ne regretterez pas.

On a déjà évoqué le fait que l’effort et la motivation sont les qualités indispensables pour réussir. Mais depuis l’accélération de la mondialisation, cela ne suffit plus. Il faut maintenant un petit « je ne sais quoi » pour se distinguer ou se différencier du groupe. Et, bien sûr, il n’y a pas d’unité de mesure pour apprécier la qualité de ce «je ne sais quoi » qui est en fait un cocktail de créativité, d’originalité, et de capacités singulières. Il vous faut donc être vraiment à l’écoute de votre enfant pour découvrir quel est son point fort. Il ne vous restera plus qu’à investir sur ce point fort, qui le différenciera de ses amis ; un investissement que vous ne regretterez pas.

 

La sédentarité créée par les écrans annihile le goût de la gagne dans la « vraie » vie.

À cause de nombreux écrits, et à cause peut-être aussi de la sédentarité créée par les écrans, les jeunes générations ont de moins en moins le goût de la gagne, de la performance, de la compétition qui n’est pas un gros mot. Beaucoup ont perdu le goût de l’effort physique et intellectuel. En un mot, beaucoup de jeunes ont vu la situation financière de leurs parents se dégrader depuis 20 ou 30 ans. Ils ont perdu confiance dans le système et ils n’ont plus d’ambitions. La solution est simple. Faites bouger vos enfants afin qu’ils deviennent plus actifs, car les pensées viennent en marchant, les écrans immobilisent leur intelligence et anéantissent leur goût de l’effort.

Soyez convaincu que c’est vous qui devez investir dans l’éducation de vos enfants, vous qui devez être créatif, original, et être à l’écoute de leurs capacités singulières, car ce sont vos enfants et pas ceux de l’éducation nationale ou des leaders qui diffusent de belles paroles trop souvent idéologiques. C’est vous qui devez identifier les motivations afin qu’ils s’approprient les contraintes indispensables à la réussite et surtout afin qu’ils n’abandonnent jamais. Soyons enfin optimistes, car il est certain que s’ils ont de l’envie et de la persévérance, vos investissements leur permettront de sortir de leur caste, et ils feront en une génération ce qui en aurait pris 5 ou 6 si vous ne faites par le job. Alors au boulot.    

 

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