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Alexandre Viros, Président France The Adecco Group : « Le secteur de la HR Tech est au début d’une phase de mutations, qui va se prolonger dans les 10 à 20 prochaines années »

Alexandre Viros, Président France The Adecco Group

A la veille du salon Viva Tech, Forbes est allé à la rencontre d’Alexandre Viros, Président France The Adecco Group pour prendre le pouls du marché de l’emploi et de la formation, et faire le point sur les mutations qui le bousculent. Entretien.

Dans quel état d’esprit abordez-vous Viva Tech ?

Alexandre Viros : Un état d’esprit conquérant, car nous devons prendre des initiatives structurantes à un moment où le marché du travail est très bousculé. Contrairement à d’autres secteurs que j’ai bien connus dans le cadre de mes fonctions précédentes au sein du groupe Fnac Darty, celui des ressources humaines est au début d’une phase de mutations, qui va se prolonger dans les 10 à 20 prochaines années. Nous abordons ce salon avec l’ambition de devenir le leader de la HR Tech.

En tant que spécialiste du marché du travail, et notamment du travail temporaire, comment pourriez-vous qualifier la dynamique d’emploi que nous connaissons actuellement ?

Alexandre Viros : Grâce à notre outil Adecco Analytics, nous pouvons analyser 100% des offres publiées. En 2019, il y en a eu 8 millions, contre 10 millions en 2021, ce qui confirme cet appel d’air auquel nous assistons, notamment sur les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration. Outre la pénurie d’emploi, qui est en partie liée à la saisonnalité du secteur, nous observons une nécessité permanente de renouvellement et d’acquisition des compétences. Dans les années 80, les compétences techniques restaient valides sur 20 à 30 ans, tandis qu’aujourd’hui, elles évoluent en 2 à 3 ans. Il y a aussi une nécessité à anticiper les métiers de demain, comme ceux liés à l’hydrogène, qui aujourd’hui n’existent pas et pour lesquels il faut préparer le terrain.

Si Adecco est connu comme le leader de l’intérim, l’entreprise joue également un rôle important en matière de formation…

Alexandre Viros : Effectivemement au sein du groupe Adecco, notre entité Adecco Training est le 5opérateur de formation privée en France. Chaque année, nous contribuons à hauteur de 140 millions d’euros pour former et accompagner les salariés à changer de secteur. Par exemple, lors de la pandémie, nous avons formé les hôteliers et restaurateurs, qui étaient sinistrés, pour aller vers les métiers du BTP.

Comment accompagnez-vous la digitalisation de votre offre de formation ?

Alexandre Viros : Elle existe à plusieurs niveaux, et en premier lieu au sujet de la data. Adecco Analytics nous permet d’avoir une vision granulaire de la dynamique d’emploi, d’anticiper les mouvements, et d’identifier les compétences les plus recherchées. Aujourd’hui, 75% des offres listent des soft skills, ce qui montre la maturité des employeurs en la matière. Le digital permet aussi de passer des partenariats avec de nombreuses startups comme Open Mind NeuroTechnologies, une méthode basée sur les neurosciences qui permet d’identifier scientifiquement les soft skills d’un candidat, ou encore Skilleo, qui applique la logique des jeux vidéo au recrutement. C’est d’ailleurs cette méthode que nous utilisons pour sélectionner le lauréat de notre programme de mentorat « CEO for one month ». Nous sommes très fiers de cette initiative, qui nous permet à la fois d’être plus inclusif et de nous remettre en question en apprenant au contact de la nouvelle génération.

Quelles sont, selon vous, les principales mutations à venir du secteur de l’emploi ? 

Alexandre Viros : Il y a bien sûr le télé-travail, dont les avantages et les inconvénients varient énormément d’un métier à un autre, mais aussi la notion même de bureau à réinventer, notamment dans le secteur tertiaire, où il est désormais plus un lieu de rencontre, de coaching et de collaboration qu’un lieu de travail dans le premier sens du terme. Autre sujet montant, celui du statut de l’actif dans les années à venir. Les frontières entre les différents statuts (salarié, auto-entrepreneur, indépendant) sont appelées à devenir plus perméables, donnant ainsi à la nouvelle génération la possibilité d’être plus flexible. D’où l’intérêt pour nous d’investir dans des plateformes d’emploi et de sourcing comme QAPA, qui vont dans le sens d’une plus grande flexibilité.

A quelles annonces peut-on s’attendre à Viva Tech ?

Alexandre Viros : Nous allons annoncer le lancement d’une plateforme de recrutement  sans CV à destination des jeunes : Premiers Jobs. Quelle meilleure façon de faire bouger les lignes dans un pays comme la France, encore prisonnier du CV ? L’autre atout de cette plateforme à venir est d’être liée à l’intérim de façon à pouvoir offrir aux inscrits un panel de protections comme la mutuelle, l’assurance professionnelle, qui ne sont pas proposées sur des plateformes classiques d’auto-entrepreneuriat. Preuve que l’innovation et l’amélioration des conditions de travail peuvent aller de pair.

 

 

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