©David-Morganti
12En 2015, Sébastien Morisseau s’aperçoit que la majorité des bâtiments professionnels qu’il construit sont plutôt de surfaces importantes, variant de 500 m² à 10 000 m². Ce constat l’étonne, car les TPE-PME représentent 99 % des entreprises françaises. Il crée alors Smart Cube Investissement ©, pour d’abord proposer une offre de petites surfaces qui n’existait pas en Normandie. Un configurateur 3D, disponible sur le site, permet aux professionnels (artisans, professions libérales, PME et TPE) de personnaliser leurs futurs locaux. L’engagement de Smart Cube © : dessiner en 3D, chiffrer et visiter en 30 minutes.
Comment avez-vous procédé à la création de ces petites structures ?
Cette démarche nous a demandé des études et des coûts de développement importants. Une fois cette étape passée, nous avons raisonné comme un constructeur automobile, en créant notre propre configurateur 3D, qu’il soit en ligne ou directement chez nous. La personne intéressée n’a qu’à choisir un modèle de bâtiment, puis à le personnaliser. Au fur et à mesure de la configuration, le prix du bâtiment s’affiche en temps réel. Une salle de nos locaux est dédiée aux visites virtuelles de ces futurs bâtiments : lorsque le professionnel parvient donc à un résultat qui lui convient, il peut venir sur place afin de prendre conscience du rendu. Durant la visite, le client peut encore modifier des couleurs, des teintes, des revêtements de sol, etc. Si sa demande dépasse le modèle standard, nous pouvons nous adapter à ses idées avec une équipe interne, composée d’architectes et d’un bureau d’études.
Combien de modèles Smart Cube © existe-t-il ?
La gamme « A » s’adresse aux artisans avec cinq modèles de base, s’étendant sur 120 m², 180 m², 240 m², 300 m² et 360 m². Une autre gamme « Bureaux » se décline également sur les cinq surfaces. Il s’agit de modules de base : ces bâtiments peuvent donc être couplés, construits en étages, etc. Par ailleurs, la durée de réalisation d’un Smart Cube © est de quatre mois ! De nouveaux modèles « métier » et prêts à l’emploi vont être développés cette année, comme un cabinet médical pré-étudié et pré-chiffré. L’idée étant de réfléchir et d’étudier pour construire en série, ce qui n’est pas la norme pour notre secteur.
Quels sont les matériaux utilisés ?
Jusqu’à présent, la structure est en base béton, avec des poteaux béton. La charpente est en bois lamellé-collé. Quant à l’enveloppe du bâtiment, la base est faite de bardage métallique, et nous proposons ensuite divers matériaux, selon les préférences des clients. Nous commençons à travailler sur des façades en matériaux biosourcés, car la réglementation environnementale RE2020, bientôt en place, demande aux bâtiments d’être moins énergivores. Le béton bas carbone sera sans doute utilisé. Nous aurons également de plus en plus recours au circuit court pour la construction et les matériaux.
Aujourd’hui, votre secteur doit réussir ses transitions numérique et écologique. Comment vous positionnez-vous par rapport à cela ?
D’une part, notre transition numérique passe par l’utilisation du configurateur 3D, qui nous offre des passerelles entre les plans classiques réalisables sur des logiciels de dessin, et la configuration. Cela nous permet de gagner du temps : il est possible de déterminer en quelques minutes les plans et les montants qui conviennent à la clientèle. Or, en cas d’aller-retour, cela nous prendrait plusieurs semaines avec la méthode traditionnelle.
Qui plus est, ce configurateur est en nouvelle phase de développement, pour en faire un véritable simulateur. Il sera alors facile de réaliser des simulations thermiques, acoustiques ou encore solaires. Ce simulateur devrait être opérationnel à la fin de l’année. Pour le moment, nous essayons de développer des partenariats avec des groupes qui fabriquent des tableaux de bord de bâtiments. Nous souhaitons en effet insérer des logiciels au cœur des bâtiments, pouvant par exemple identifier la consommation réelle du chauffage, la luminosité, le taux de CO2 dans l’air… Grâce à cela, nos Smart Cube © seront équipés de plus en plus de technologies servant à piloter les énergies dans le bâtiment. Enfin, ce simulateur nous permettra de répondre aux questions de nos clients en quelques minutes.
D’autre part, nous étudions actuellement l’ajout de plugins sur le configurateur, permettant de réaliser des simulations de calculs de mise en place d’énergies renouvelables (photovoltaïques, éolien pour la production électrique, réutilisation des eaux de pluie…) tout en tenant compte de l’implantation réelle du Smart Cube © dans son environnement.
Identifiez-vous des difficultés particulières dans votre secteur ?
Le manque de personnel formé : plombier, électricien, maçon, plâtrier, peintre… C’est du moins l’observation que j’ai faite auprès des entreprises autour de moi. Je pense malheureusement que les formations techniques n’ont pas su être mises en valeur par le passé, et pourtant, ces métiers manuels sont de beaux métiers. Enfin, le gel des délais d’instruction et de recours de permis de construire, pendant le premier confinement, a provoqué un très grand retard de construction. Aujourd’hui, les permis s’instruisent, mais tout n’est pas encore revenu à la normale.
