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EdTech : « Il va falloir former 1 milliard de personnes d’ici 2030 »

EdTech : « Il va falloir former 1 milliard de personnes d’ici 2030 »

Demain sera digital. Pour former les futurs talents, les acteurs de l’EdTech font le pari de la formation en ligne. A quoi ressemble l’éducation 2.0 ? Quels sont les enjeux du secteur ? Entretien avec Andrea Bertone, Chief Revenue Officer chez OpenClassrooms, l’un des leaders français sur le marché de la formation en ligne.

 

La pandémie a accéléré la transition vers une éducation dématérialisée. Quel a été l’impact sur votre activité ?

Andrea Bertone : Il y avait déjà, avant même l’arrivée du Covid-19, une forte tendance à la digitalisation du secteur de l’éducation. Notre société évolue, et nos emplois avec elle. Il est donc de plus en plus important de nous former, et ce tout au long de notre vie. Mais la pandémie a considérablement accéléré ce processus. Du jour au lendemain, le présentiel est devenu impossible, et les écoles ont dû se tourner vers le digital. Beaucoup d’acteurs n’étaient pas préparés à ce changement brutal.
L’autre impact de la crise sanitaire, c’est sur le marché du travail. Fin 2020, on estimait à 250 millions le nombre de personnes qui ont perdu leur emploi. Face à cela, Microsoft et LinkedIn prédisent une explosion des nouveaux métiers dans le monde de la data et de la tech. Plus de 149 millions de postes pourraient se créer dans ces secteurs d’ici 2025. Là encore, la crise sanitaire a accéléré une tendance existante, puisque les entreprises ont dû se digitaliser à marche forcée.
Tout l’enjeu aujourd’hui, c’est donc de faire correspondre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi, et cela passe par des projets de reconversion professionnelle pour préparer les talents de demain. Le World Economic Forum estime ainsi qu’un milliard de personnes doivent être « upskillées » ou « reskillées » d’ici fin 2030. Cela représente un quart de la force de travail mondiale et, face à un chiffre aussi colossal, l’éducation en ligne apporte une réponse pertinente, puisqu’elle permet de massifier l’éducation à des coûts maîtrisés. Tout cela crée des conditions plus que favorables au développement de l’éducation en ligne. Résultat, le nombre d’entreprises avec lesquelles nous travaillons a augmenté de plus de 200 % sur l’année 2020.

 

 

Justement, les entreprises françaises sont-elles bonnes élèves en matière de formation de leurs employés ?

Andrea Bertone : Oui dans l’ensemble. Au début de la crise, il y a eu des coupes dans les budgets de formation des entreprises. Mais les choses sont en train de revenir à la normale. La formation est en effet un enjeu majeur pour les entreprises. Certaines entreprises viennent nous voir pour accompagner leurs employés dans l’évolution de leur métier. C’est par exemple le cas dans d’entreprises comme AXA, ou BNP Paribas, qui s’engagent pour former leurs employés avec des programmes de reskilling et d’upskilling très structurés. McDonald, de son côté, a une approche très innovante, avec un modèle importé des Etats-Unis : l’education-as-a-benefit. Ici, la formation est directement intégrée dans la proposition de valeur et la marque-employeur. Cela permet d’augmenter la rétention des talents et le nombre de candidatures organiques reçues. Pour d’autres entreprises, la formation digitale est un outil de mobilité sociale. Elles font appel à nous pour aider leurs employés à se reconvertir en cas de plan social, que ce soit pour retrouver un poste en interne ou en externe. Enfin, d’autres entreprises, comme Cap Gemini, combinent alternance et formation digitale pour faire face à la pénurie de talents dans le monde de la tech. Tout le monde y gagne : les étudiants sont rémunérés pendant leur formation, tandis que Cap Gemini s’assure un approvisionnement constant en nouveaux talents dans un secteur où il est difficile de recruter du personnel déjà formé.

 

OpenClassrooms est une entreprise à mission, et vous avez pour ambition de placer 1M de personnes dans l’emploi par an en 2025. Quelles actions avez-vous mis en place pour y parvenir ?

 

Andrea Bertone : La technologie permet une démocratisation de l’éducation, qui devient accessible à toujours plus de personnes. Malheureusement, beaucoup d’acteurs du secteur pensent qu’il suffit de créer une vidéo en ligne pour faire de la formation en ligne. C’est mieux que rien, mais ça ne suffit pas. Chez OpenClassrooms, nous mettons beaucoup d’emphase sur la qualité des formations. Nous ne sommes pas un agrégateur de contenus. Tous nos cours sont produits en interne. Nos formations sont certifiantes, et nous sommes une institution d’éducation supérieure déclarée au rectorat de l’académie de Paris, ce qui implique le respect de normes très strictes et des contrôles réguliers sur la qualité de nos formations. Mais surtout, l’employabilité est notre obsession. D’ailleurs le principal indicateur de l’entreprise pour mesurer notre succès, ce n’est pas le nombre de diplômés de nos formations, ou le nombre d’heures de cours dispensées, mais le nombre d’étudiants qui ont réussi à entrer sur le marché du travail et l’augmentation de l’employabilité des salariés en poste.
Pour mettre l’accent sur l’employabilité, nous avons délaissé l’apprentissage linéaire au profit de la pédagogie par projet. Les étudiants sont ainsi amenés à réaliser plusieurs projets concrets au cours de leur cursus, en lien direct avec le métier auquel ils se forment. Et c’est justement pour mener à bien ces projets qu’ils peuvent piocher des compétences dans nos cours. Ils sont également suivis par un mentor, du début à la fin de leur formation, et par un coach de carrière.
On accompagne aussi beaucoup les personnes éloignées du marché du travail, qu’il s’agisse de demandeurs d’emploi, de réfugiés, de personnes en situation de handicap, etc. Aujourd’hui 70% de nos étudiants bénéficient d’ailleurs d’une aide financière via un programme de reconversion professionnelle. C’est un pas de plus vers une meilleure égalité des chances.

 

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