Début juillet, la réforme des indemnités journalières pour les professions libérales a placé la question de la prévoyance individuelle sous le feu des projecteurs. Pourtant, les travailleurs non-salariés demeurent peu conscients des risques. Entretien avec Agnès Bruhat, Directrice Générale de MetLife France, une entreprise présente sur le marché français de l’assurance-emprunteur et de la prévoyance depuis plus de 50 ans.

 

Qu’est-ce que la prévoyance individuelle, et pourquoi les travailleurs non-salariés en auraient-ils besoin ?

Agnès Bruha : Les travailleurs non-salariés (TNS) pensent qu’ils sont couverts par leur Régime Obligatoire pour les risques liés aux arrêts de travail, à l’invalidité ou au décès. Mais en réalité, il existe 12 caisses, rattachées chacune à un métier, et toutes offrent des garanties différentes. Or, ces garanties sont souvent faibles, voire inexistantes, et elles ne couvrent qu’une fraction du revenu des TNS. Par exemple, un architecte en classe A, affilié à la CIPAV, peut prétendre à une rente annuelle de 5 000 € en cas d’invalidité. C’est très peu, surtout lorsque vous êtes la principale source de revenu de votre famille. Il en va de même pour les arrêts de travail et le décès. Certaines caisses n’offraient aucune indemnités journalières (IJ) en cas d’arrêt de travail avant la réforme du 1er juillet 2021, et proposent aujourd’hui une protection qui reste assez faible au regard des revenus des entrepreneurs.
La prévoyance individuelle permet de pallier ces manques avec des contrats sur-mesure, qui prennent en compte la situation professionnelle et familiale de l’assuré. MetLife peut par exemple évaluer les IJ auxquelles peut prétendre un TNS avec son régime obligatoire, puis compléter selon ses souhaits pour couvrir 90 voire 100 % de ses revenus, grâce à un outil de diagnostic performant. C’est une sécurité pour les TNS, mais aussi pour leur famille et leur entreprise.

 

Les TNS sont-ils conscients des risques ?

Agnès Bruha : Pas vraiment. A ce jour, moins de la moitié des TNS sont équipés d’un contrat de prévoyance individuelle. C’est bien inférieur à ce que l’on observe dans les pays anglo-saxons. En France, nous avons une protection systématique de l’Etat, ce qui donne l’impression aux TNS qu’ils sont complètement protégés face au risque de maladie, d’invalidité ou de décès. Mais dans les faits ce n’est pas le cas, même depuis la réforme du 1er juillet 2021, qui prévoit qu’en cas d’arrêt de travail, les professions libérales toucheront désormais des indemnités journalières entre 4 et 90 jours. Cette réforme est une bonne nouvelle, mais elle risque de donner aux TNS un faux sentiment de sécurité. D’une part parce que ces indemnités sont plafonnées à 50 % de leurs revenus. Mais aussi parce qu’au-delà de 90 jours, certaines caisses ne donnent plus rien. Or ce sont justement les arrêts de travail sur une durée prolongée qui peuvent s’avérer problématiques pour les TNS. Et surtout, parce que c’est bien l’invalidité ou le décès qui représentent les risques les plus importants, qu’il est indispensable de couvrir.

 


La crise sanitaire a-t-elle fait évoluer les mentalités ?

Agnès Bruha : L’impact de la Covid-19 sur le taux d’équipement en prévoyance individuelle est paradoxal. D’un côté, la crise sanitaire s’est accompagnée d’une réelle prise de conscience. Beaucoup de gens ont vu des proches tomber malade, et lutter pendant de longues semaines pour se rétablir. La crise a également eu beaucoup d’impact sur la santé mentale, avec une nette hausse du nombre de dépressions. Au niveau mondial, la santé est d’ailleurs redevenue un sujet de préoccupation majeur. On anticipe tous pays confondus une augmentation de l’utilisation d’application fitness de 25% par an,, tandis qu’en Italie 4% des gens ont arrêté de fumer suite à la crise sanitaire.. Partout, les gens ont réalisé combien la santé est fragile et précieuse. Mais d’un autre côté, la crise sanitaire a eu pour corollaire une explosion du chômage partiel et des difficultés financières pour certains foyers. Or l’assurance a un coût, même si une partie des primes est déductible des impôts grâce au dispositif Madelin. Le dernier baromètre MetLife CSA réalisé en septembre 2021, montre somme toute une prise de conscience puisque 6% des TNS et dirigeants de TPE auraient souscrit un contrat de prévoyance suite à la pandémie.

 

Comment est-ce que MetLife prend en charge les TNS ?

Agnès Bruha : Un TNS est d’abord un individu avec une situation propre et spécifique. Or, le système de couverture est actuellement identique pour tout le monde à l’intérieur d’une caisse ce qui ne traduit pas la spécificité de chaque cas. Quelqu’un qui a une entreprise depuis 10 ans ne va pas avoir les mêmes besoins qu’une personne qui démarre tout juste son entreprise. C’est tout l’intérêt de souscrire un contrat de prévoyance individuelle, qui va permettre une couverture sur-mesureChez MetLife, l’assuré va pouvoir bénéficier de solutions adaptées à sa situation familiale et professionnelle, grâce aux outils et méthodes mis à la disposition de nos partenaires courtiers et Conseillers en Gestion de Patrimoine. 
Nous évaluons par ailleurs le risque grâce à un questionnaire de santé en ligne, qui va permettre à l’assuré, en l’absence de pathologies spécifiques, de souscrire un contrat en direct. En cas de pathologie, d’autres questions apparaissent pour mieux comprendre la situation de l’assuré grâce à l’interactivité du questionnaire. Si la demande est trop complexe pour être évaluée en ligne, notre service acceptation prend le relai et contacte l’assuré pour approfondir l’analyse ou réaliser une demande d’information complémentaire. 
Cela permet un gain de temps important pour l’assuré, ce qui est un facteur clé pour une population d’entrepreneurs qui a justement bien souvent tendance à courir après le temps. C’est aussi pour cette raison que nous travaillons depuis longtemps sur la simplification des formalités administratives et financières. Concrètement, un assuré âgé de moins de 46 ans peut être couvert jusqu’à 1,25 million sans devoir aller chez le médecin ou réaliser des analyses complémentaires. Un simple questionnaire de santé suffit. Cela change la donne de manière significative pour nos assurés.