Grâce à l’internet des objets qui permet de mesurer l’usure des pièces, la société Vapé Rail, spécialiste des infrastructures ferroviaires, entend donner naissance à une véritable filière industrielle d’économie circulaire pour la réhabilitation des composants. Nom de ce projet ambitieux : EcoTrack. Les précisions de Stéphane Brunet, président de l’entreprise innovante. 

 

La transition écologique offre, sur le papier, une place de choix au transport ferroviaire. Néanmoins, en raison de ces coûts de maintenance, celui-ci ne va-t-il pas finir pas être marginalisé ?

Stéphane Brunet : Il est vrai, qu’en France, le coût au kilomètre reste élevé, que ce soit du point de vue de l’installation neuve ou encore de celui de la maintenance. Toutefois, il est indéniable que le ferroviaire a un rôle important à jouer dans le contexte de la transition environnementale. Or, aujourd’hui, le réseau a besoin d’être régénéré au meilleur coût possible. Ce mouvement doit s’accompagner de la réhabilitation de petites lignes. 

 

Comment la société VapéRail se positionne-t-elle dans cet ensemble ?

Stéphane Brunet : Dans ce cadre, nous fournissons des solutions très robustes, à la longévité démontrée, de manière à diminuer les coûts de régénération. Nous partons du principe suivant : le composant le moins cher est celui que l’on n’a pas besoin de remplacer. C’est pourquoi, nous fournissons un ancrage qui va durer plus longtemps. Nous allons également avoir la capacité de qualifier les composants. Aujourd’hui, ces derniers sont remplacés de manière systématique. Mais grâce à la mise en place (à moindre coût) d’un écosystème d’objets connectés, nous avons accès au niveau de performance du composant. A partir de cette démarche de maintenance prédictive, des décisions vont pouvoir être prises comme choisir de le remplacer ou pas, proposer des extensions de vie, etc. C’est sur cette base que peut être mise en place la démarche d’économie circulaire que nous avons initié

 

C’est-à-dire ?

Stéphane Brunet : Nous souhaitons donner naissance à une véritable filière industrielle d’économie circulaire visant à réhabiliter les composants. Prenons l’exemple d’une pièce métallique de la voie qui est corrodée. Il est clair qu’il est impossible de la laisser en l’état. Rien n’interdit de la prendre pour la grenailler (nettoyer l’état de surface) et lui remettre un revêtement, ce qui lui permet de retrouver un état fonctionnel pour 10 années supplémentaires. C’est dans cet esprit que nous avons créé le projet EcoTrack qui vise à mettre en œuvre les deux grandes composantes dont je viens de parler : la mesure de l’état des composants et la création, en aval, de la filière d’économie circulaire. Sur notre agenda, la première usine verra le jour en 2022 dans les Hauts de France.

 

A-t-on mesuré le ROI d’un tel projet pour les acteurs du secteur ?

Stéphane Brunet : Cela permettrait de diminuer de 30% les coûts de maintenance par rapport à ceux qui sont constatés aujourd’hui. 

 

Cela veut-il également dire que Vapé Rail est en train de se transformer en véritable entreprise technologique ?

Stéphane Brunet : Absolument. De nombreux secteurs d’activité se digitalisent. Il n’y a aucune raison que celui de l’infrastructure ferroviaire n’en fasse pas partie. Dans ce contexte, Vapé Rail fait office de précurseur pour apporter les briques technologiques qui génèrent de la valeur ajoutée dans ce dernier.

 

Avez-vous chiffré ces ambitions ?

Stéphane Brunet : Cette année, nous doublons notre chiffre d’affaires (CA) pour atteindre 13 à 14 millions d’euros, grâce à l’intégration de ces innovations. Nous serons aux alentours de 15 millions en 2022. Et comptons atteindre, grâce au projet EcoTrack, 24 millions d’euros de CA en 2024.