La réglementation environnementale RE2020 sera appliquée dès le 1er janvier 2022. Elle concerne les professionnels de la construction et imposera des exigences supplémentaires pour la construction de bâtiments neufs. Le but est d’en optimiser la consommation énergétique, tout en prenant en compte l’empreinte carbone en termes de conception et réalisation. Le choix et la fabrication des matériaux, la construction et l’isolation thermique sont autant de critères à revoir. D’ici 2030, l’impact carbone devrait ainsi diminuer de 30 %, puis de 50 % d’ici 2050. Nous en avons discuté avec Frédéric Guidoni, directeur commercial du Groupe Corstyrène, qui fabrique et distribue des produits d’isolation, notamment à base de polystyrène.

 

Avant tout, quelle est la singularité de Corstyrène dans le monde du bâtiment ?

Frédéric Guidoni : L’industrie du polystyrène est en majeure partie composée de très grands acteurs, mais notre singularité est notre très forte présente dans le Sud de la France, et plus particulièrement en Corse. Nous fabriquons aussi des panneaux de toiture au Castellet, près de Toulon, avec notre société Corstyrène Industrie. Nous sommes également présents en Sardaigne, en Italie, ce qui fait de nous des spécialistes de l’insularité. Notre ambition se tourne à présent vers le reste du territoire français.

 

Que représente pour vous la réglementation RE2020 ?

Frédéric Guidoni : Elle était prévue de longue date, mais a été remaniée en novembre 2020 par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du Logement. Une contrainte extrêmement importante y a été introduite. Jusqu’à présent, les réglementations thermiques étaient pensées pour améliorer la qualité de l’enveloppe du bâtiment en termes de dépense d’énergie.  Aujourd’hui, cette réglementation environnementale ne nous demande pas seulement d’être très exigeants sur la performance thermique des bâtiments. Nous devons également être très performants sur le poids carbone de la construction. Les acteurs du bâtiment sont ainsi encouragés à travailler avec des produits biosourcés, comme la laine de bois, la laine de chanvre, etc.  Je pense que chaque industriel, tous domaines confondus, a déjà été sensibilisé aux enjeux du réchauffement climatique ! Les entreprises du bâtiment ont d’ailleurs créé il y a quelques années des fiches de données environnementales. Nous avons pris l’habitude de mesurer le poids carbone et l’énergie nécessaire à la fabrication de matériaux. Par conséquent, ces nouvelles règles ne sont pas vraiment une révolution en tant que telle, mais plutôt une accélération de ce que nous connaissions

 

Comment se place votre Groupe par rapport à ces nouvelles exigences ?

Frédéric Guidoni : Le polystyrène est certes une matière plastique, mais il possède de très hautes performances techniques. Tout l’enjeu pour le Groupe Corstyrène est donc de poursuivre son activité dans un environnement de plus en plus exigeant au niveau du bilan carbone des matériaux. Nous sommes d’ailleurs très confiants pour l’avenir ! L’alliance et la complémentarité de matériaux divers, et dans différentes situations, sont nécessaires pour construire le bâtiment de demain, durable et respectueux de l’environnement.

 

Pouvez-vous nous donner des exemples d’application ?

Frédéric Guidoni : Nous allons consacrer environ 20 % de nos matières premières à des matières premières en polystyrène, fabriquées à partir de ressources végétales. Ces isolants seront tout aussi performants que le sont nos isolants synthétiques actuels. Nous pensons que cette nouveauté représentera près de 30 % de nos ventes d’ici les prochaines années. En parallèle, notre Groupe abrite également des sociétés spécialistes de la construction de maisons en ossature bois, dont Kallistyle. Dans ce cadre, notre bilan carbone est extrêmement intéressant, et en adéquation avec la RE2020. Nous sommes conscients que la révolution environnementale est nécessaire ! Qui plus est, la mutation technologique représente une réelle opportunité pour notre marché. 

 

Outre cette adaptation à la RE2020, avez-vous une actualité particulière ?

Frédéric Guidoni : Nous développons un nouveau système constructif, afin de concevoir des maisons légères, abordables et potentiellement destinées au marché des autoconstructeurs. Autrefois, les familles construisaient des maisons dites « racines », lourdes, et léguées de génération en génération. Le monde évolue, et la construction de maison doit désormais être rapide. Il faut aussi que son prix reste raisonnable, et qu’elle puisse être modulable. Là encore, ce tournant se veut écologique, puisque notre concept est celui d’une maison en ossature bois, utilisant également la performance énergétique du polystyrène. Nous essayons donc d’allier synthétique et naturel pour créer un très bon bilan carbone, et un bon rapport qualité/prix. Enfin, dès septembre 2021, nous mettrons en service notre première unité de fabrication d’hydrogène vert en Haute-Corse. Cette première étape permettra à l’usine d’Aléria d’équiper l’ensemble des chariots élévateurs de piles à combustible ! Un pas déterminant pour la transition de notre industrie.