Créée en 1975, Crédit Logement est la société spécialiste de la garantie des prêts immobiliers aux particuliers distribués par les banques. Focus sur le marché avec Jean-Marc Vilon, directeur général.

 

Les chiffres du dernier Observatoire Crédit Logement/CSA montrent un allongement du taux d’apport personnel. Craignez-vous que cet élément soit un frein à la dynamique du marché, notamment pour les ménages les plus modestes ?

Marc Vilon : Cette hausse résulte des recommandations, qui deviennent contraignantes à partir de 2022, émises par le Haut Conseil de stabilité financière. Ce phénomène est déjà à l’œuvre depuis presque deux ans. Jusqu’ici, cela n’a pas déstabilisé le marché, même si, effectivement, cela a pu limiter la capacité d’endettement des ménages les plus modestes. Notamment dans un contexte de hausse des prix de l’immobilier.

 

Le dynamisme du marché résulte en grande partie du bas niveau des taux d’intérêt. Mais parallèlement, les banques ont, dit-on, refusé davantage de dossiers. Qu’en est-il du côté de Crédit Logement ?

Marc Vilon : Pour notre part, à Crédit Logement, nous n’avons pas refusé plus de dossiers que d’habitude. Il est vrai que nous avons été plus attentifs aux dossiers qui nous ont été soumis ces deux dernières années au vu des fragilités économiques pouvant naître de la crise du Covid. Cette vigilance accrue n’a, toutefois, pas conduit à modifier notre politique de risque. Nous continuons donc à garantir très largement. Environ 85 % des demandes qui nous parviennent sont acceptées.

 

Quels sont les motifs qui vont justifier un refus ?

Marc Vilon : D’abord, il y a un certain type d’opérations que nous ne garantissons pas. Nous sommes centrés sur l’immobilier résidentiel. Une demande de garantie concernant un bien immobilier commercial fera donc l’objet d’un refus technique. Les autres motifs concernent des questions de solvabilité et de risque. Nous considérons, dans ces cas-là, que le plan de financement qui nous est proposé fait courir des risques à la banque, mais surtout à l’emprunteur qui pourrait être confronté à de véritables difficultés financières. Un refus de dossier est donc aussi une forme de protection de l’emprunteur.

 

Pourquoi choisir la caution Crédit Logement plutôt que l’hypothèque ?

Marc Vilon : L’avantage majeur de la caution Crédit Logement est de pouvoir financer les dossiers sur la totalité de l’opération, voire, si besoin, en incluant les frais. A l’inverse, l’hypothèque dépasse rarement une quotité de financement de 80 %. La caution est également moins chère et plus simple à mettre en œuvre.

 

De manière plus générale, comment jugez-vous le modèle français du financement de l’achat immobilier ?

Marc Vilon : Il s’agit d’un modèle extrêmement vertueux. Contrairement à ce que l’on peut constater dans d’autres pays, il ne subit pas d’exagérations qui peuvent conduire à des bulles immobilières. En France, les variations qui affectent le marché restent dans l’ordre du raisonnable. Ce dernier bénéficie d’un système de financement sain et très dynamique et qui ne fait courir de risques ni aux emprunteurs, ni aux institutions financières (voir la crise des subprimes américains). Dans cet ensemble, la caution joue à la fois le rôle d’un catalyseur (dynamiseur) et celui d’un stabilisateur. Sans la caution, de nombreuses opérations ne pourraient pas voir le jour. Crédit Logement a, par exemple, soutenu le déploiement du dispositif de bail réel solidaire qui consiste en un démembrement de propriété pour les clientèles les plus modestes.