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Le rôle des conseils d’administration d’une entreprise est, pour faire court, de veiller aux intérêts de leurs investisseurs. Pourtant, un vent de changement souffle doucement sur la façon dont ils s’y prennent.
Nous avons rencontré Laura Clayton McDonnell, VP senior en charge des ventes chez ServiceNow (Est, Canada et Amérique latine) et membre du conseil d’administration de Zuora. Elle nous explique l’importance de la transparence et de la responsabilité et comment cela impacte les actions des investisseurs.
Vous avez commencé votre carrière dans le droit des affaires et êtes maintenant en charge des ventes. Avec votre expérience juridique que pensez-vous du fonctionnement des conseils d’administration ? Que devrait-on changer ?
Ma formation juridique m’est utile car la législation des valeurs réglemente le marché pour protéger les investisseurs. Les conseils d’administration ont des obligations légales primordiales de vigilance, de loyauté et de diligence afin de servir au- mieux les intérêts de leurs investisseurs. Cela permet de protéger les investisseurs et de leur fournir uniquement les informations dont ils ont besoin pour faire des investissements éclairés.
Dans l’idéal, le conseil d’administration constitue donc une sorte de lien entre les dirigeants d’une société et ses investisseurs ?
Oui. Les dirigeants d’une entreprise gèrent l’activité, ils sont les opérateurs : ils recrutent les talents, développent les produits, conduisent les stratégies de mise sur le marché, fournissent des services administratifs (les finances, l’informatique, etc.). Alors que le conseil d’administration joue un rôle de supervision, en contrôlant les activités de l’entreprise. Il évalue les performances, sélectionne et partage les informations appropriées avec les investisseurs.
Par exemple, chez ServiceNow, je gère un grand secteur de prospection commerciale, qui génère des revenus à partir de la vente de nos solutions. Chez Zuora, je suis de l’autre côté de l’échange puisque j’évalue la performance financière, qui comprend le chiffre d’affaires, je représente le point de vue des actionnaires et je respecte les exigences de diffusion des informations.
Trouvez-vous que le rôle du conseil d’administration évolue?
Le rôle d’un conseil d’administration a toujours été de guider les entreprises de manière à protéger leurs investisseurs. Ce qui est en train de changer, c’est que le grand public s’intéresse de plus en plus à la façon dont les revenus sont générés. Les marchés ne veulent plus seulement que leurs investissements soient rentables, ils veulent de plus en plus s’assurer qu’ils ne servent pas à financer la dégradation environnementale ou sociale, par exemple. Ils sont aussi de plus en plus disposés à désinvestir si une entreprise ne fait pas preuve de responsabilité sociale.
Les conseils d’administration sont donc soumis à une pression plus grande pour piloter les efforts en matière d’ESG et de DEI (Diversité, Egalité, Inclusion), et pour garantir une divulgation transparente des opérations.
Comment les conseils d’administration font face à ces attentes croissantes d’initiatives ESG et DEI ?
Les conseils d’administration eux-mêmes ne sont pas encore très actifs en matière de diversité et d’inclusion. Ils sont pourtant de plus en plus encouragés à évaluer et diffuser les rapports sur les activités de l’entreprise en termes d’ESG et à de DEI. Aujourd’hui, les investisseurs vont plus facilement se détourner des entreprises qui ne peuvent pas rendre compte de leurs actions sur ces fronts. Le public attend vraiment des entreprises qu’elles fassent le bien, en plus de bien faire.
Que signifie ce mandat pour ceux qui siègent au conseil d’administration des entreprises publiques ?
Chez ServiceNow, je suis convaincue que le conseil d’administration a joué un rôle actif dans l’élaboration de nos politiques ESG. Les entreprises doivent rendre des comptes sur l’empreinte carbone, l’approvisionnement, les pratiques de travail… Le conseil d’administration doit de plus en plus souvent déterminer comment une entreprise gère les impacts de son activité, qu’il s’agisse des déchets dans sa chaîne d’approvisionnement ou d’un bilan peu reluisant en matière d’inclusion. Cela le conduit à formuler des recommandations en conséquence.
Tout ça s’inscrit dans le rôle de surveillance dévolu aux membres du conseil d’administration. Si les dirigeants de l’entreprise rédigent un rapport sur leur stratégie DEI, le conseil d’administration est chargé de s’assurer qu’il est conforme à la politique de l’entreprise.
