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Le quotidien, grand oublié de la quête de sens

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Le quotidien, grand oublié de la quête de sens

Pas une table-ronde ni un dîner d’affaires sans que la quête du sens ne soit évoquée. Face à l’incertitude, chacun cherche ce fameux sens, cette raison d’être de l’entreprise. Devenue la boussole du management, elle attire les talents, mais ce sont les petites choses du quotidien, si souvent sous-estimées, qui garantissent durablement l’épanouissement des collaborateurs et la performance.

Une contribution d’Alexandre Letenneur, Directeur Général de Quaternaire

 

La quête de sens : utile pour attirer, pas suffisante pour fidéliser

 


Dès 2018, le rapport Notat-Senard révélait que 29 % des Français ne voyaient ni sens ni utilité à leur emploi — constat corroboré en 2023 par le Projet Sens. Une entreprise peut être utile, mais si un collaborateur a le sentiment de ne pas l’être, sa contribution devient discutable. Travailler sur la seule raison d’être ne suffit pas : quelle place pour chacun dans cet engagement collectif ?

Le sens naît de l’utilité perçue de l’entreprise et de celle des individus. Si l’un est nul, le produit l’est aussi. Sauver le monde, c’est bien. Se sentir utile, c’est essentiel. Une étude IFOP de janvier 2024 pour Diot-Siaci démontre qu’au-delà de la rémunération, la politique RSE est déterminante à 24 %, tandis que la qualité de vie au travail et la reconnaissance professionnelle sont à 70 et 71 % et le sentiment d’utilité à 60 %. La raison d’être attire ; elle ne suffit pas à engager.

 

La raison d’être ne compense pas un quotidien bancal

 

Un ordinateur qui ne démarre pas, une connexion instable et le projet vertueux passe au second plan. Un chef qui ne dit pas bonjour, et l’objectif s’efface derrière le malaise. Rester jusqu’à 4h du matin pour finaliser un rapport que personne ne lira, et le projet perd tout son sens. Des objectifs inaccessibles dans de mauvaises conditions ? et la quête devient un fardeau.

Même dans une entreprise qui « sauve le monde », offrir les meilleures conditions d’exécution du travail reste essentiel. Le psychologue Yves Clot le rappelle : “Les gens vont bien quand ils se reconnaissent dans ce qu’ils font, et qu’ils en sont parfois fiers. Ne pas faire un travail de qualité devient un poison s’il n’y a plus de discussion possible”.

Redonner du sens passe par des gestes simples : instaurer un mur des victoires, offrir des feedbacks constructifs, partager les succès en réunion. Sur le terrain : regarnir les caisses à outils de l’équipe maintenance, changer — enfin — l’imprimante à étiquettes, poser des panneaux acoustiques.

 

Valoriser les compétences : un levier de motivation et de performance durable

 

Le développement des compétences est clé pour un travail utile et de qualité. Il apaise la crainte d’être remplacé par l’IA et favorise l’émergence du ‘flow’, cet état d’engagement où les défis rencontrent les ressources.

L’excellence opérationnelle n’est pas qu’un levier de performance, elle est aussi un moteur de motivation. En agissant sur les conditions, on favorise à la fois l’engagement individuel et la réussite collective.

 

Dans un monde digitalisé, le quotidien des collaborateurs reste sur le terrain. Le véritable défi pour les dirigeants : accorder toute leur attention à ces réalités pour garantir bien-être et quête de sens.

 


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