Vous avez récemment décroché un entretien d’embauche ? Félicitations. Mais avez-vous envisagé de vous inspirer des conseils de personnalités célèbres pour vous y préparer ? C’est peu probable. Pourtant, leur manière d’aborder une audition pourrait bien vous offrir une perspective nouvelle, et étonnamment pertinente.
« Un entretien, ce n’est pas un test. C’est une audition », affirme Dan Freehling, coach exécutif et fondateur de Contempus Leadership. « Comme pour toute bonne audition, il faut d’abord apprendre son texte, le mettre de côté et vivre pleinement l’instant présent. »
Pour illustrer cette analogie, Freehling évoque un extrait marquant d’une interview de Bryan Cranston, célèbre pour son rôle de Walter White dans Breaking Bad. Dans cette vidéo, l’acteur partage sa propre approche de l’audition : « Vous n’allez pas à une audition pour décrocher un rôle. Vous y allez pour montrer ce que vous savez faire. »
Une philosophie que partage également Spencer Campbell, coach de carrière et fondateur de Spencer Campbell Talent Agency : « Lors d’un entretien, tout ce que vous pouvez faire, c’est offrir un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler votre réussite dans ce poste. »
Dan Freehling et Spencer Campbell ont uni leurs expertises pour développer une méthode originale de préparation aux entretiens d’embauche : passer d’un « état d’esprit d’examen » à un « état d’esprit d’audition ». Trop souvent, estiment-ils, les candidats abordent ces rendez-vous comme des épreuves analytiques, quand il s’agit en réalité de décisions humaines et intuitives. « La préparation efficace n’est pas intellectuelle, elle est incarnée », insiste Freehling. « Elle s’inspire des arts de la performance — théâtre, musique, sport — bien plus que des révisions scolaires. »
Curieux de mieux cerner cette approche, je leur ai demandé de détailler les éléments clés de cette méthode, qui, selon Freehling, a permis à de nombreux candidats de transformer leur façon d’aborder les entretiens — et parfois leur carrière.
Ce que vous dites n’a pas autant d’importance qu’on le croit
Dans un entretien, une grande partie du résultat échappe à votre contrôle. Accepter cette réalité, affirme Freehling (en écho aux propos de l’acteur Bryan Cranston), permet de relâcher la pression et de gagner en présence, en confiance et en impact.
Pourtant, la plupart d’entre nous continuent à se préparer comme pour un examen : en mémorisant des réponses standardisées à une batterie de questions supposées, glanées sur Internet ou générées par une IA comme ChatGPT. Une approche rationnelle, certes, mais souvent déconnectée de ce qui compte vraiment : incarner son message, et créer un moment vivant.
« On aborde parfois les entretiens comme un jeu de stratégie », observe Spencer Campbell. « On cherche des astuces, des réponses toutes faites, ou des moyens de contourner le système pour décrocher un poste — souvent parce qu’on pense que c’est notre seule chance. » Mais selon lui, tout change lorsque l’on passe de la mentalité « je suis évalué » à celle de « je suis considéré ».
Cette transition, du réflexe scolaire au réflexe scénique, prend tout son sens lorsqu’on comprend, comme le résume Campbell sans détour : « Ce que vous dites n’a pas vraiment d’importance. » Ce qui compte, ajoute-t-il, ce sont les nuances dans la façon dont vous vous exprimez — votre ton, votre présence, vos gestes. Autrement dit, passer des heures à peaufiner chaque réponse ou à réviser une liste de questions types est peut-être moins utile qu’on ne le croit.
En réalité, ce ne sont pas tant vos mots qui marquent les esprits que la manière dont vous les portez. De nombreuses études le confirment : les impressions se forment en quelques secondes, souvent sur la base d’indices non verbaux (posture, regard, tonalité de voix, attitude générale).
Une étude a même montré que certains recruteurs se forgent une opinion sur un candidat en moins de 30 secondes. D’autres recherches sont un peu moins catégoriques, mais le message est clair : le temps pour faire bonne impression est limité. « Au bout du compte, ce sont des humains qui prennent une décision à propos d’autres humains », rappelle Campbell.« La vraie question, c’est : qu’est-ce que vous voulez que les gens ressentent en votre présence ? ».
Se préparer à un entretien, c’est avant tout raconter une histoire
Alors, que peut-on vraiment contrôler lors d’un entretien d’embauche ? « Votre capacité à raconter votre parcours », répond Spencer Campbell. Mais pas n’importe comment. L’idée n’est pas de dire ce que vous faites, mais de le montrer à travers des récits concrets. La narration devient donc une stratégie clé. Il s’agit de mettre en lumière ce qui vous distingue, ce que Dan Freehling appelle « votre sauce secrète ».
Pourtant, beaucoup de candidats peinent à s’approprier cet exercice. « On a tendance à résumer notre expérience en cherchant à cocher chaque point de la fiche de poste », regrette Freehling. « Le résultat est souvent générique, bourré de jargon, et franchement, assez terne. »
Si vous êtes convoqué à un entretien, c’est probablement parce que vous avez déjà validé les critères de base. Répéter votre CV ne suffira pas à capter l’attention. Ce qu’il faut, c’est donner du relief à votre parcours.
Freehling et Campbell recommandent pour cela une formule simple et efficace :
- Exposez les enjeux : quel était le défi ou le problème ?
- Racontez ce que vous avez fait : votre action concrète, votre rôle.
- Soulignez l’impact : en quoi le monde (ou votre équipe, votre projet, votre client) a-t-il changé grâce à vous ?
Et si vous avez du mal à cerner ce qui vous rend unique ? « Parlez avec ceux qui vous connaissent vraiment : des amis, des anciens collègues, des mentors », suggère Freehling. Leur regard extérieur peut révéler des forces que vous n’aviez jamais formulées vous-même.
Croire à sa propre histoire : l’élément clé d’un entretien réussi
Parmi les références inspirantes que Dan Freehling et Spencer Campbell aiment évoquer, une citation de Meryl Streep revient souvent. L’actrice oscarisée a un jour déclaré : « Jouer, ce n’est pas être quelqu’un d’autre. C’est trouver ce qui nous relie à ce qui semble différent, et s’y reconnaître. »
Appliqué aux entretiens d’embauche, ce principe prend tout son sens. Face à un recruteur, la tentation est grande de dire ce qu’on pense qu’il veut entendre, d’enfiler un costume de circonstance. Pourtant, si vous pensez vraiment être fait pour le poste, ce sont vos anecdotes les plus authentiques qui auront le plus d’impact.
Le problème, c’est que beaucoup de candidats souffrent du syndrome de l’imposteur. Ils n’osent pas se présenter sous leur vrai jour, ni mettre en valeur ce qui fait leur force. « Ils peinent à raconter leur histoire avec l’assurance qu’elle mérite », souligne Campbell. Vaincre ce sentiment d’illégitimité est un travail de fond, croyez-moi, je parle d’expérience. Mais Campbell propose une piste intéressante : penser en termes d’identité.
Vous vous voyez comme un leader ? Un bâtisseur de projets ? Un expert discret ? Un facilitateur du quotidien ? Peu importe l’étiquette, ce qui compte, c’est de trouver l’identité qui vous relie profondément au rôle visé. « Si vous identifiez cette connexion, vous tenez le cœur d’une histoire puissante à raconter en entretien », explique-t-il.
Pour renforcer cette posture intérieure, Freehling et Campbell suggèrent deux exercices de visualisation. Le premier, appelé « le samouraï », s’inspire du concept suivant : « accepter mentalement la possibilité d’un échec avant d’entrer en jeu, pour pouvoir agir sans crainte », explique Freehling. Concrètement, Freehling recommande d’utiliser un outil d’IA comme ChatGPT pour générer une lettre de refus à partir de l’offre d’emploi. En lisant ce faux rejet avant l’entretien, vous apprenez à prendre de la distance émotionnelle, et à entrer dans la salle plus libre, moins anxieux. Le second exercice, « le golfeur », s’inspire des routines mentales des athlètes de haut niveau. Campbell propose de fermer les yeux et de revivre un moment où vous avez été fier de votre travail. Ramener ce sentiment de compétence et de maîtrise dans la salle d’entretien peut, selon lui, changer complètement votre énergie et la perception que les autres auront de vous.
Au fond, Freehling et Campbell en sont convaincus : un bon entretien repose moins sur la performance que sur la conviction intime que vous êtes à votre place. « Une chose que je répète à mes clients, c’est qu’il n’y a qu’une seule personne que vous devez convaincre de votre légitimité pour ce poste, et cette personne, c’est vous », conclut Campbell.
Une contribution de Justin Sablich pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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