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Flex-washing : quand la promesse de flexibilité devient un piège

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Flex-washing : quand la promesse de flexibilité devient un piège

Dans un monde du travail en pleine mutation, la flexibilité est devenue bien plus qu’un simple avantage : c’est une attente forte, parfois non négociable, de la part des salariés. Pouvoir travailler à distance, gérer ses horaires, adopter un mode hybride… Autant d’options que les entreprises mettent aujourd’hui en avant afin de séduire les talents. Mais derrière cette apparente modernité, certaines organisations entretiennent un flou qui peut se révéler contre-productif. C’est ce qu’on appelle le flex-washing.

Une contribution de Marguerite Monrose, Country Manager Benelux, Remote

 

Quand la réalité ne suit pas les promesses

 


Le principe du flex-washing est simple, et malheureusement de plus en plus répandu : faire miroiter une grande liberté de travail dans les annonces de recrutement, mais imposer ensuite, une fois l’embauche réalisée, des pratiques rigides et des attentes bien éloignées du discours initial. Le décalage entre la promesse et la réalité ne passe pas inaperçu, et engendre des répercussions durables.

Selon une étude mondiale menée auprès des télétravailleurs par Remote en 2025, 81 % des parents actifs déclarent qu’ils envisageraient sérieusement de quitter leur entreprise si on les forçait à revenir plus souvent au bureau. Ce chiffre illustre bien l’importance cruciale que prend aujourd’hui la flexibilité dans l’équation de la fidélité à l’employeur.

 

Une confiance qui se fragilise, une réputation qui vacille

 

Le flex-washing n’est pas seulement une mauvaise pratique RH : c’est un facteur de rupture de confiance. Dans un monde hyperconnecté, où les avis sur les entreprises circulent vite, les collaborateurs déçus ne gardent plus leur frustration pour eux. Le risque pour la marque employeur est bien réel.

Et les départs suivent. Toujours selon l’étude de Remote, près de trois quarts des entreprises interrogées (73 %) reconnaissent avoir perdu des collaborateurs au profit de concurrents offrant une meilleure flexibilité. Autrement dit : le flou ou l’incohérence dans les politiques de travail peut coûter cher – en capital humain comme en ressources pour recruter et former de nouveaux profils.

À cela s’ajoutent les effets indirects : une baisse de motivation, une augmentation du stress, un engagement en berne. Lorsqu’on impose à un salarié des conditions de travail déconnectées de ses attentes, on prend le risque de brider non seulement sa créativité, mais aussi sa performance.

 

De la flexibilité sincère, pas cosmétique

 

Alors, que faire pour éviter de tomber dans le piège du flex-washing ? Avant tout, arrêter de penser la flexibilité comme un argument marketing. Il ne suffit pas d’écrire “flexible” sur une fiche de poste : il faut clarifier ce que cela signifie concrètement. Télétravail à plein temps, horaires souples, mode hybride ? Les règles doivent être transparentes, comprises, et surtout appliquées.

La clé, c’est aussi la confiance. Une vraie politique de flexibilité repose sur l’autonomie laissée aux collaborateurs : à eux de choisir comment organiser leur travail, à condition que les objectifs soient atteints. On passe ainsi d’un management du contrôle à une culture du résultat.

Mais cette transformation ne s’improvise pas. Elle implique un accompagnement des managers, qui doivent être formés à encadrer des équipes hybrides ou 100 % à distance. Savoir animer une équipe en visioconférence, fixer un cap sans micro-manager, maintenir le lien à distance : ce sont des compétences en soi, qu’il faut développer.

Enfin, il est essentiel d’écouter ce qui se passe sur le terrain. La flexibilité ne doit pas être figée. Elle doit évoluer avec les besoins des équipes. Cela suppose de prendre le pouls régulièrement, par des enquêtes internes, des entretiens, des indicateurs de rétention ou de performance, et d’ajuster les pratiques en conséquence.

 

Miser sur la confiance, pour de bon

 

La flexibilité n’est plus un “plus” : c’est devenu un socle de la relation de travail. Les entreprises qui l’intègrent vraiment à leur culture gagnent en attractivité, en fidélité et en efficacité. Celles qui s’en servent uniquement comme d’un appât prennent le risque inverse : perte de talents, dégradation de l’ambiance et réputation en chute libre.

Refuser le flex-washing, c’est finalement faire un choix simple mais fort : celui de la cohérence, de la transparence et de la confiance. Et ce sont ces valeurs qui, plus que jamais, façonnent les entreprises dans lesquelles les gens veulent rester – et s’investir.

 


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