Vivatech 2025 : la tech européenne en pleine effervescence

Créé en 2016 par Publicis & Les Échos, Vivatechnology incarne l’ambition de la France de devenir une véritable start-up nation.

En 9 ans, le salon est devenu l’un des plus grands événements technologiques européens, animé par une mission d’être un catalyseur de transformation des entreprises et de croissance des start-up. Pour cela, il souhaite rassembler les principaux acteurs de l’innovation du monde entier pour une innovation au service des grands enjeux économiques et sociétaux, afin de construire une société plus durable et inclusive.

Cette édition a illustré les lignes de fracture — et de force — d’un écosystème en quête d’autonomie, d’impact et de sens. Car derrière les hologrammes, les avatars et les robots, c’est un autre récit qui s’est dessiné : celui d’un continent qui ne veut plus simplement adopter la technologie mais la maîtriser, la produire, l’incarner. C’est dans ce contexte dense que j’ai arpenté les allées de VivaTech, à la recherche de signaux faibles, d’initiatives inspirantes — et de quelques pépites que vous n’avez sans doute pas (encore) vues passer.

Une drôle de communication sur les chiffres

Vivatechnology persiste à communiquer ses chiffres en cumulé, 165 000 visiteurs (chiffre cumulé sur quatre jours) et 14 000 start-up présentes (exposantes cumulées avec les simples visiteurs se déclarant start-up), s’appuyant dessus pour s’auto déclarer le plus grand salon tech européen. Pourquoi induire le public voire les politiques et les entreprises en erreur ?

165 000 visiteurs c’est en comptant les familles et leurs enfants du samedi estimés à 45 000, c’est en comptant les nombreux étudiants, et c’est en comptant certainement le nombre de visites et non le nombre de visiteurs. Alors combien de visiteurs uniques, 60 000, 70 000 ?

Cette approche de communication est intrigante, lorsque l’on sait que Vivatechnology c’est seulement 55 000 m2 quand le CES en compte 230 000 m2 pour 141 000 visiteurs uniques et certifiés, le Web Summit plus de 200 000 m2 et 70 000 visiteurs, Hannove plus de 300 000 m2 et 127 000 visiteurs.

Vivatechnology est un très bel évènement tech qui a fait son trou en Europe, il a trouvé sa place dans l’écosystème européen, nul besoin d’additionner des choux et des carottes pour doper ses chiffres. Les visiteurs, les sponsors et les partenaires B2B ont besoin de transparence sur les chiffres B2B, c’est clé pour leurs investissements.

Souveraineté de l’IA, confiance et créativité

Dès l’ouverture des portes, l’atmosphère affichait les grandes lignes de l’édition : souveraineté numérique, confiance technologique et essor de la créativité IA. Jensen Huang, lors de son keynote Nvidia, a martelé : « Sovereign AI is an imperative – no company, industry, or nation can outsource its intelligence », soulignant que les nations européennes doivent maîtriser les chaînes de valeur de l’IA de bout en bout. Il a ajouté : « You still need to have some ability to develop your own intelligence », un message fort relayé dans chaque conférence, aux côtés d’annonces de partenariats avec Mistral et des cloud providers locaux.

En phase, Arthur Mensch (Mistral) a déclaré : « Trois éléments exigent que l’Europe développe sa propre IA. Le premier est culturel, car l’IA génère du contenu et façonne notre façon de penser. Nous devons donc contrôler et personnaliser le système. Le deuxième est stratégique. Il est impossible que des entités étrangères détiennent les clés d’un système que nous déploierons pour des infrastructures critiques. C’est extrêmement important. C’est vrai pour la défense, l’énergie et tous les services gouvernementaux. Enfin, en nouant des partenariats entre Européens, nous créons l’écosystème technologique européen, les leaders européens, les champions européens. »

Par ailleurs, certains panels ont confirmé la montée en puissance du brand content créatif : Cristobal Valenzuela (Runway) a prédit que « d’ici quelques années, au moins 50 % du contenu en ligne sera généré ou augmenté par l’IA ». Une révolution dans la création visuelle, musicale ou textuelle, qui place les technologies génératives au centre de la scène.

Entre souveraineté, confiance et créativité, VivaTech 2025 trace les contours d’un monde high-tech durable et autonome.

Le Canada, pays à l’honneur

Après le Japon l’an dernier, la Corée du Sud en 2023 et l’Inde en 2022, le pays mis à l’honneur cette année était le Canada. Ce grand pays est à l’avant-garde de l’innovation mondiale, notamment en intelligence artificielle, en technologies propres et en santé numérique. Ses investissements importants en recherche et développement, conjugués à un écosystème collaboratif impliquant le milieu universitaire, l’industrie et le gouvernement, ont favorisé un environnement dynamique propice au progrès technologique. Des villes comme Toronto, Montréal et Vancouver sont devenues d’importants pôles technologiques, attirant talents et investissements du monde entier.

Leur stand et prises de paroles mettaient en avant sa compétitivité dans l’éducation, l’industrie des jeux vidéo, et la GreenTech. Le Canada a créé 50 licornes en cinq ans et son développement est rapide dans le domaine de l’intelligence artificielle. Une délégation de 500 personnes et plus de 170 entreprises et organisations canadiennes, dirigées par Scale AI, ont participé à l’événement. Scale AI est une grappe d’innovation mondiale spécialisée en technologie et IA appliquée à divers usages tels que l’industrie, la médecine, et l’aéronautique.

La stratégie d’exposition de certaines Grandes entreprises évolue

À VivaTechnology 2025, une transformation notable s’est opérée dans la stratégie d’exposition de certains grands groupes. Auparavant, des entreprises comme LVMH jouaient le rôle de véritable maison des start-up, offrant une visibilité importante à ces jeunes pousses innovantes. Cette année, cependant, LVMH a choisi de mettre en avant ses grandes maisons emblématiques telles que Dior, Guerlain et Sephora, plutôt que les start-up. De même, Salesforce, qui sponsorisait auparavant l’AI Avenue, espace dédié aux start-up de l’IA, a cette année principalement mis en avant son offre Agentforce.

Les autres grands exposants comme BNPP, La Poste, Sanofi, Orange ou la SNCF ont conservé l’esprit initial du salon, à savoir mettre en avant les partenariats grands groupes – start-up, en exposant de nombreuses start-up.

Cela pourrait refléter une volonté de mieux contrôler leur image et leur message, tout en continuant à soutenir l’écosystème des start-up de manière plus ciblée. Si cette évolution se poursuivait, elle pourrait bien redéfinir la manière dont les grandes entreprises interagissent présentent leurs innovations lors des futures éditions de VivaTechnology.

Ma sélection toute personnelle de start-up innovantes à suivre

Comme chaque année, au milieu des stands, des pitchs en rafale et des slogans futuristes, certaines pépites attirent l’œil — parfois par leur effet waouh, mais souvent par leur vision, la leur mission, ou simplement cette impression discrète mais tenace qu’elles construisent, vraiment, quelque chose d’utile. Ainsi voici, en toute subjectivité et dans le désordre, ma sélection 2025 :

• HABS (France) développe une technologie d’analyse des ondes cérébrales non intrusive permettant d’identifier en temps réel les états cognitifs et émotionnels, avec des applications en cybersécurité, santé et mobilité. Sa solution combine précision neuroscientifique et respect strict de la vie privée.

• Noli (UK) propose une marketplace beauté alimentée par une IA expert qui analyse votre profil skin & hair ‘BeautyDNA’ (via quiz + scan), et recommande des routines personnalisées parmi les plus grandes marques, en s’appuyant sur un “Beauty Knowledge Graph” scientifique et une confiance accrue utilisateur.

• Kahoona (Israël) propose une plateforme d’activation de données first-party utilisant l’IA pour segmenter en temps réel les visiteurs anonymes (âge, comportements, intentions d’achat) sans cookies ni collecte de données personnelles, permettant aux e-commerces et marques de personnaliser et d’optimiser leurs parcours clients à grande échelle.

• Volubile (France) développe des agents vocaux basés sur l’IA capables de simuler des conversations naturelles en temps réel. Leur solution permet aux entreprises de proposer une expérience client fluide, automatisée et personnalisée, notamment dans les centres d’appels et les services après-vente.

• Muchbetter.ai (France) offre une plateforme de simulation conversationnelle basée sur l’IA générative, permettant aux équipes commerciales et de support de s’entraîner sur des scénarios réalistes avec des “clients IA”. Elle accélère l’onboarding, renforce la confiance lors des échanges et améliore durablement la performance terrain.

• Leonardo.ai (Australie) est une plateforme d’IA générative spécialisée dans la création d’images, vidéos et éléments visuels sur-mesure à partir de simples descriptions textuelles. Utilisée par plus de 18 millions de créateurs, elle permet aux professionnels (marketeurs, designers, développeurs) de produire des visuels cohérents, variés et adaptés à grande échelle, en accélérant drastiquement la mise en forme de concepts artistiques et commerciaux.

• Popp (UK) propose une plateforme d’IA conversationnelle pour la gestion du recrutement à grande échelle : elle automatise le screening, l’engagement candidat (WhatsApp, email, SMS), la collecte de documents et la planification d’entretiens, permettant aux équipes RH de traiter jusqu’à 10× plus de candidatures tout en améliorant l’expérience candidat et le respect des normes de conformité.

• Aindo (Italie) propose une plateforme de données synthétiques générées par IA, permettant aux entreprises de remplacer ou enrichir leurs données sensibles par des jeux de données réalistes, anonymes et conformes RGPD. Cette solution accélère la recherche, améliore la fiabilité des modèles tout en garantissant sécurité, équité et valorisation des données.

• Mendo (France) permet aux entreprises d’accélérer l’adoption de l’IA générative en formant et guidant les équipes via une plateforme intégrée (Copilot, ChatGPT, Excel), doublée d’un coaching et d’indicateurs mesurables.

• Seelab.ai (France) propose une plateforme tout-en-un de génération visuelle par IA, permettant aux équipes marketing et design de créer, personnaliser et éditer des images et vidéos ultra réalistes, fidèles à l’identité de marque, en quelques clics et en garantissant la confidentialité des données.

• Aerleum (France) conçoit des modules de pyrolyse modulaire qui captent directement le CO₂ atmosphérique et le transforment en e méthanol et autres carburants synthétiques. Leur technologie intégrée, sans étapes intermédiaires, offre une solution décarbonée, rentable et déployable localement pour les transports lourds et l’industrie.

• Optimus PV (France), deeptech issue du CNRS, crée des films photovoltaïques organiques colorés et ultra-flexibles—nommés EnergySkin™—qui transforment n’importe quelle surface (objets, wearables, vélos, casques…) en source d’énergie autonome, sans altération esthétique, offrant jusqu’à 17 % de rendement et une intégration design innovante.

• Medusoil (Suisse) propose des liants biomimétiques à base de micro-organismes pour stabiliser les sols et renforcer les fondations de manière éco-responsable. Sa solution de biocimentation réduit jusqu’à 55 % les émissions de CO₂, transforme les déblais en matériaux durables et lutte efficacement contre l’érosion des surfaces exposées.

• Zeni (France) propose une solution industrielle de traitement circulaire des eaux usées, utilisant des microalgues dans des photobioréacteurs pour éliminer nitrates et phosphates tout en produisant une biomasse valorisable. Cette technologie permet de réutiliser l’eau traitée et génère des revenus via la revente de biomasse, combinant écologie et rentabilité économique.

• Stellaria (France) réinvente l’énergie nucléaire durable avec Stellarium, un réacteur à sels fondus à neutrons rapides capable de recycler 100 % de son combustible en fonctionnement et d’incinérer les déchets à vie longue, offrant une source d’énergie décarbonée, compacte et sûre pour l’industrie.

• Firework (USA) offre une plateforme de vidéo-commerce interactive et multicanale, permettant aux marques de créer des contenus (videos shoppables, livestreams, showrooms virtuels) engageants via IA, augmentant les conversions (+30 % GMV) et renforçant la connexion client en ligne et en boutique.

• Virtuosis Ai (Suisse) analyse en temps réel les biomarqueurs vocaux (ton, rythme, tonalité) pour fournir des feedbacks confidentiels sur la santé mentale et le bien-être Sa technologie permet de détecter plus de 25 troubles à partir d’un enregistrement vocal de 30 secondes, offrant une solution non invasive et évolutive pour le diagnostic et la surveillance précoces de la santé.

• Pearcode (France) révolutionne l’archivage numérique en stockant les données à long terme sur de l’ADN synthétique, offrant une densité de stockage million de fois supérieure, zéro besoin de migrations, et une solution écologique et durable pour les entreprises soucieuses de réduction énergétique et de pérennité des données.

• Newtone (France) aide les équipes e commerce à créer et localiser automatiquement des contenus produits optimisés et cohérents avec l’identité de marque : cela permet de publier 100× plus vite, réduire les coûts jusqu’à 70 % et booster le SEO multilingue.

• Whitelab Genomics (France/UK) développe une plateforme d’IA spécialisée dans la conception et l’optimisation de thérapies géniques et cellulaires, permettant d’accélérer la découverte de traitements personnalisés en réduisant le temps et les coûts des essais précliniques.

Conclusion

VivaTechnology 2025 incarne cette ambition européenne : réaffirmer la puissance technologique du continent, renforcer la souveraineté numérique, et créer un écosystème tech mélangeant corporates structurantes et start-up disruptives. Cette 9ème édition a été rythmée par des débats sur la souveraineté technologique, les ambitions industrielles de l’Europe ; elle aura montré une chose, que la technologie n’est plus un simple levier d’innovation, elle est désormais un sujet de société, d’indépendance, et parfois même de diplomatie.

Les solutions présentées ont couvert un éventail remarquable de domaines : intelligence artificielle, climat, santé mentale, industrie, transition énergétique, cybersécurité ou encore nouveaux modes de création et de production. Cette diversité illustre une dynamique forte : celle d’une tech européenne capable d’allier impact environnemental, ambition industrielle et excellence scientifique pour répondre aux grands défis de notre époque.

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