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STRIVE : Un outil technologique au service des clubs de football pour prévenir les blessures

STRIVEEst-ce la fin des blessures musculaires dans le football ? Fondée par un ancien basketteur, Nikola Mrvaljevic, la startup STRIVE a développé un outil permettant d’évaluer le fonctionnement des muscles durant l’effort. | Source : Getty Images

Et s’il était possible de prévoir les futures blessures des joueurs de football ? C’est en tout cas ce que propose la start-up STRIVE, qui a mis en place un outil permettant d’évaluer le fonctionnement des muscles des sportifs lors de l’effort.


 

Au premier abord, tout semblait aller bien. Le joueur, un membre clé de l’équipe première du club de football de Leicester City (Premier League) courait comme d’habitude. Il faisait des passes, taclait et sautait pour marquer un but de la tête. Cependant, à l’intérieur, quelque chose n’allait pas. Les données ont révélé que l’organisme du joueur présentait un mécanisme de compensations (phénomène observé lorsque le corps s’adapte à un dysfonctionnement, mécanique ou psychique) en dehors de sa plage normale. Peu après, le joueur a souffert d’une blessure à long terme aux ischio-jambiers.

Les données qui ont permis de détecter ce problème proviennent de STRIVE, une startup qui a mis en place un outil fournissant des informations sur les performances musculaires et la fatigue. Le club de Leicester City teste actuellement cet outil et compte le mettre à profit pour adapter la rééducation du joueur blessé. En effet, cet outil peut contribuer à la conception des futurs programmes d’entraînement d’un joueur blessé, afin d’éviter toute réapparition de blessure.

« Le corps humain trouvera toujours un moyen de bouger. L’éternelle question est : est-ce la meilleure manière de le faire ? Est-ce la manière la plus efficace ? Est-ce la bonne manière ? », déclare Kevin Paxton, responsable du développement athlétique de l’équipe première de Leicester City. « Si je peux comprendre comment les muscles d’un sportif fonctionnent, je peux alors comprendre s’ils le font de la meilleure manière ou s’ils compensent simplement pour répondre aux contraintes physiques. S’ils compensent négativement, juste pour remplir la tâche, et que nous continuons à les solliciter de la sorte, il y a de fortes chances que, tôt ou tard, ils lâchent. Il est donc essentiel d’observer la qualité derrière le mouvement du sportif, et non juste le mouvement. »

Le mouvement des sportifs de haut niveau est un sujet que Nikola Mrvaljevic, PDG et fondateur de STRIVE, connaît parfaitement. Ancien basketteur professionnel au Monténégro, il se souvient s’être entraîné quatre à cinq heures par jour, six jours par semaine. En 2002, au cours d’une séance de course en montagne particulièrement éprouvante, il a une révélation : « Je me souviens avoir souhaité que mon entraîneur comprenne à quel point j’étais fatigué et à quel point toute l’équipe l’était. Il y a eu quelques blessures ce jour-là. Ça a été le déclic : comment pouvons-nous quantifier l’effort ? Comment pouvons-nous quantifier la fatigue ? »

Après avoir déménagé aux États-Unis et obtenu un diplôme en ingénierie biomédicale et un diplôme en ingénierie électrique, Nikola Mrvaljevic fonde STRIVE en 2016. Selon lui, il s’agit du « seul dispositif de données dont il est prouvé qu’il optimise les performances musculaires des sportifs et des équipes de haut niveau. »

« L’on peut affirmer qu’au cours des 20 dernières années, la quantification de l’effort et de la fatigue a été mon objectif numéro un », explique l’ancien basketteur. « Au cours des cinq ou dix dernières années, de nombreuses personnes se sont tournées vers les traqueurs de mouvements, les GPS, la fréquence cardiaque, mais j’ai toujours eu l’impression que les muscles étaient la pièce manquante. »

L’outil développé par STRIVE fonctionne en appliquant des capteurs sur des shorts de compression qui permettent de recueillir des données en direct sur les ischio-jambiers, le fessier et les quadriceps. Ces données sont ensuite combinées avec les données IMU (Inertial Measurement Unit) pour comprendre « la charge externe et interne. » Les données sont ensuite envoyées par Bluetooth à une application, ce qui permet aux entraîneurs et aux formateurs de repérer les risques potentiels pour chaque sportif et d’adapter l’entraînement ou la rééducation à venir. La plateforme 2.0 de STRIVE, récemment lancée, est alimentée par Microsoft Power BI, qui comprend un modèle de visualisation des données que les entraîneurs peuvent personnaliser pour chaque joueur.

Parmi les équipes sportives qui utilisent cette technologie, l’on trouve Manchester City (Premier League), Orlando City SC (MLS), Los Angeles Galaxy (MLS), Baltimore Ravens (NFL) et Kansas City Chiefs (NFL).

Selon Nikola Mrvaljevic, la performance musculaire est une « nouvelle métrique » et il a fallu convaincre certaines équipes de son importance : « Le monde de la performance humaine, si je devais en retracer l’origine, a commencé avec les GPS, les podomètres et les traqueurs. Puis, nous nous sommes dirigés vers la fréquence cardiaque et la compréhension de la charge interne. Désormais, les muscles sont la prochaine étape ».

Nikola Mrvaljevic explique que STRIVE ne permet pas de prédire 100 % des blessures. Cet outil permet de détecter les symétries et les anomalies potentielles dans la performance musculaire d’un sportif et les met en évidence pour les entraîneurs. Par exemple, l’outil peut montrer que l’ischio-jambier droit d’un sportif est beaucoup plus sollicité que son ischio-jambier gauche. Continuer à solliciter davantage ce muscle conduirait inévitablement à une blessure. « Nous nous dirigeons vers un monde de prévision des blessures. C’est pour bientôt. Pour l’instant, j’aime dire que STRIVE gère les risques de blessure », explique Nikola Mrvaljevic.

Si l’intérêt pour les clubs est évident (protéger leurs joueurs, et donc leur actif, contre les blessures et accélérer leur rétablissement lorsqu’ils sont blessés), les joueurs eux-mêmes sont de plus en plus intéressés par les données relatives à leurs propres performances. Par exemple, si Nikola Mrvaljevic et ses anciens coéquipiers avaient eu la preuve de leur fatigue à montrer à leur entraîneur en 2002, celui-ci ne les aurait peut-être pas poussés aussi fort. Peut-être y aurait-il eu moins de blessures.

« J’ai créé cette entreprise en tant que sportif, c’était l’état d’esprit. J’ai rencontré suffisamment de sportifs qui ont pris leur retraite, volontairement ou à cause de blessures, pour reconnaître que le problème est réel », affirme l’ancien basketteur. « Lorsque nous avons lancé STRIVE il y a cinq ans, nous travaillions spécifiquement avec les entraîneurs. Mais aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de joueurs, surtout les plus jeunes, qui se sentent à l’aide avec les données, les analysent et comprennent leur potentiel. Ils comprennent qu’ils ne peuvent pas se contenter d’une carrière de 20 ans. Vous devez être proactif à ce sujet. »

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Robert Kidd

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