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Rencontre avec Antoine Sarraute, co-fondateur de Wakweli

L’entreprise Wakweli annonce le lancement de son produit “test net” pour révolutionner la certification d’actifs digitaux et physiques. Dans cette interview avec Antoine Sarraute, le cofondateur de Wakweli, nous revenons sur les grandes étapes du projet passés et à venir. 

 

En quelques mots, qu’est-ce que Wakweli? 

Wakweli est un protocole de certification universel et décentralisé permettant de lutter contre les tentatives d’arnaques. Il s’adresse principalement aux actifs numériques et tokenisés, pour lesquels il est actuellement très difficile d’établir simplement la légitimité, mais le protocole dans son essence peut fonctionner pour tout type de bien, digital ou non.

Le projet a débuté il y a deux ans : nous avons levé environ 2 millions de dollars au cours d’une vente privée de jetons ce qui nous a permis de développer la version Alpha du protocole. Nous l’avons ouvert mi-octobre à une centaine de membres de notre communauté afin de tester le système en profondeur. La certification a débuté et plus de 5 000 certificats ont été générés : nous sommes maintenant en phase d’expansion et allons bientôt ouvrir un nouveau round d’investissement en equity + token pour accélérer l’adoption du protocole. 

 

Comment avez-vous eu l’idée de Wakweli ou Comment avez-vous repéré l’opportunité de marché?

L’équipe fondatrice de Wakweli vient du monde du jeu vidéo et a créé en 2015 la première collection d’assets digitaux pour le gaming avec la collection de cartes à collectionner « Spells of Genesis« , lancée sur la blockchain Bitcoin en 2015 à l’époque ou Ethereum n’était pas encore live. Lors de la bulle NFT des Bored Apes en 2021, la communauté web3 a réalisé que les cartes Spells of Genesis faisaient partie des premiers NFTs jamais créés, et la valeur totale des cartes à collectionner (marketcap) s’est élevée à plus de 400 millions de dollars US. Il était alors presque impossible de trouver une carte sur le marché qui n’était pas une tentative de scam.

Constatant que les systèmes de protection actuels – comme les badges bleus de vérifications sur les marketplaces NFT – n’arrivent pas à scaler pour protéger l’écosystème, et que le marché des actifs tokenisés est estimé à plus de 16 000 milliards de dollars dans 6 ans, nous avons mis en place Wakweli. Il s’agit d’un protocole de certification décentralisé permettant à chaque membre de la communauté de partager ses analyses et connaissances pour générer ces badges de certification, grâce à une nouvelle blockchain et au Proof-of-Democracy, l’innovante méthode de consensus de Wakweli créant une motivation générale à dire la vérité avec la théorie des jeux.

 

Avez-vous quelques chiffres concernant le marché des NFTs, et particulièrement les fraudes? 

En termes de fraudes sur le marché des NFT, l’équipe d’OpenSea, la plus grande place de marché NFT, a elle-même déclaré dans un tweet que plus de 80% des NFTs créés via sa plateforme sont des tentatives d’arnaques.

Les chiffres en eux-mêmes sont assez difficiles à obtenir tant les types de fraudes sont nombreux. Il est également plus que probable que la majorité des cas de fraudes n’aient pas été rendus publics. Le rapport d’Elliptic sur la criminalité associée aux NFTs nous parle par exemple de plus de 100 millions de dollars US de vols officiellement déclarés entre juillet 2021 et juillet 2022, ce qui donne une bonne idée de l’ampleur du problème.

 

Qu’est-ce qui vous différencie d’un badge de certification de collection sur OpenSea? 

Un badge de certification sur OpenSea est tout d’abord très difficile à obtenir. Officiellement, il est nécessaire d’avoir au moins 75 ETH de volume sur sa collection NFT. Cela représente plus de 100 000 euros, ce qui exclut de-facto tous les projets de petite et moyenne envergure, alors que ceux-ci commencent à être victime des arnaqueurs dès les premiers signes de leur succès. L’obtention de ce badge n’est également qu’indicative : en consultant les conditions d’utilisation d’Opensea, l’utilisateur se rend compte qu’il est tout de même tenu de faire ses propres recherches (« DYOR ») et reste seul responsable de ses actions en cas d’arnaque.

Avec Wakweli, nous apportons une solution concrète à ces différents problèmes. Une quantité de jetons d’utilité WAKU – l’unité de confiance au cœur du protocole – doit être verrouillée dans le certificat, ce qui lui donne une valeur intrinsèque. La quantité à verrouiller dépend du niveau de confiance que l’on souhaite obtenir, ainsi que de la valeur de l’asset certifié. Plus il y a de WAKU dans un certificat, plus la communauté va contrôler ce dernier pour s’assurer qu’il est bien légitime. Ce mécanisme est à la base du Proof-of-Democracy (PoD), la nouvelle méthode de consensus que nous avons développée spécifiquement pour le protocole. Tous les assets sont éligibles à la certification, sans minimum de ventes à atteindre avant de pouvoir y prétendre.

OpenSea a dû mettre en place la limite de 75 ETH car le nombre de demandes de certification et le travail nécessaire associé sont très élevés, il s’agit d’une mesure de prévention de spam pour que l’équipe puisse traiter les demandes en temps et en heure. Avec Wakweli, nous nous affranchissons de cette limite, car le protocole scale pour accueillir des dizaines de milliers de validateurs, permettant d’apporter la sécurité nécessaire à cet énorme marché.

 

Le volume du marché des NFTs est en baisse constante, n’êtes-vous pas inquiet à ce sujet? Quelle est votre vision du marché des NFTs? 

Nous vivons en ce moment une situation similaire avec les NFTs que celle que nous avons vécue il y a quelques années avec les cryptomonnaies : leur réputation était en baisse, et l’écosystème souffrait des nombreuses arnaques ayant eu lieu autour du lancement d’ICOs peu scrupuleuses. Mais aujourd’hui, nombreuses sont les banques à consacrer une part de leur activité aux cryptomonnaies, et l’on commence même à voir émerger des projets concrets de monnaies numériques de banques centrales (MNBC). Cela est dû aux nombreux bénéfices des technologies associées aux cryptomonnaies : diminution des intermédiaires, des coûts, bonne traçabilité, sécurité… autant de facteurs qui ont permis leur adoption par l’industrie classique.

Les NFTs sont basés sur la même technologie que les cryptomonnaies, en étant adaptés à la digitalisation du titre de propriété. Il n’est plus aujourd’hui question de savoir si la technologie va être adoptée pour le futur de la propriété numérique, mais de savoir quand. C’est pour cela que le marché estimé dans 6 ans par le Boston Consulting Group est si grand. Nous sommes donc très confiants dans l’avenir du NFT, et c’est pour cela que nous agissons tôt afin d’en sécuriser l’écosystème.

 

Selon vous quels sont ou quel est le use case le plus intéressant sur le marché des NFTs? 

Un cas d’application très intéressant actuellement est la gestion de billets d’événements : les NFTs permettent d’apporter des solutions très intéressantes pour l’émission rapide de billets sécurisés et pour assurer leur revente sur le marché secondaire.

Les premières émissions de token pour les real-world assets (RWA) tels que les immeubles ou les commodités type or/argent sont également fantastiques, permettant de fractionner les biens dans des mesures jamais encore vues et de faciliter leurs échanges. Les cas d’application dans l’art digital sont également passionnants, notamment avec le gain de popularité récent pour l’art génératif. On note également une adoption forte dans le monde du gaming, ouvrant de nombreuses portes pour l’interopérabilité entre différents jeux et valorisant les biens numériques obtenus directement au sein des expériences vidéo-ludiques.

 

Un mot de la fin? 

Le protocole Wakweli est basé sur la communauté. Le mot « Wakweli » signifie « ceux qui disent la vérité » en Swahili, afin de souligner le côté humain du protocole. Pour que celui-ci fonctionne, nous avons besoin de rassembler une grande communauté qui se reconnaît dans les principes du protocole et dans ce besoin de sécuriser l’écosystème web3 pour qu’il se développe sainement.

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