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Réapprendre la curiosité à l’ère du scroll  

Jamais nous n’avons eu autant d’informations. Pourtant, prenons-nous le temps de l’explorer réellement ?   

 

Enfermement et zapping dans un monde d’abondance  

Dans le monde professionnel comme dans la vie personnelle, l’accès à l’information est devenu immédiat, infini et quasiment gratuit. Moteur de recherche, flux d’actualités, intelligence artificielle générative sont à portée de clic lorsque nous avons une question. Cette abondance d’informations peut créer l’illusion d’une profusion de savoir. Mais l’attention de plus en plus limitée et l’addiction au scrolling nous font survoler les sujets : “Je scrolle donc je suis”. Les algorithmes renforcent le phénomène en nous enfermant dans des bulles de contenus similaires. Plus encore, sans effort, les moteurs de réponse dopée à l’IA générative nous répondent à la moindre question encore plus rapidement.  

Doucement mais sûrement, dans les méandres des emplois du temps chargés, la curiosité se rarifie. Le risque de rester en surface, d’uniformisation des idées ou de difficultés à penser différemment s’accroit. Si je demande à la machine de me créer mon business plan, même avec un prompt détaillé, qu’est-ce qui le différenciera véritablement ?   


 

La curiosité, antidote pour l’innovation   

Pour s’adapter et innover, les entreprises ont besoin de pensée critique et de capacité à sortir des solutions évidentes et des sentiers battus pour aller vers l’inattendu. En effet, la curiosité pousse à aller au-delà des apparences et des évidences. Elle permet d’explorer différents domaines pour trouver des idées au croisement de plusieurs disciplines.   

La curiosité n’est pas un mauvais défaut ni une distraction, elle devient une compétence stratégique. Aussi les entreprises ont tout intérêt à détecter et encourager les esprits curieux.   

Qui pose des questions pour élargir le cadre et chercher les angles morts stratégiques ? Qui interpelle sur les fonctionnements pour proposer de faire autrement ? Qui explore des sujets au-delà de son périmètre opérationnel ? … Ces pollinisateurs de sujets peuvent constituer une force de veille et de génération d’idées précieuse pour les organisations. En effet, ces collaborateurs ne se contentent pas d’acquiescer aux discours, ils questionnent, ils font des liens avec des exemples venus d’ailleurs, ils peuvent injecter des inspirations dans le quotidien d’une équipe et apporter le pas de coté qui crée de la valeur. La curiosité, c’est ce qui transforme un bureau en laboratoire, un collaborateur en explorateur. La curiosité dynamise l’équipe.   

 

Ouvrir l’œil et encourager la curiosité dans une équipe   

Être curieux ne se décrète pas, ça se vit, et comme un muscle, cela demande de s’entrainer.  

Les opportunités de découvrir des nouvelles choses sont infinies, encore faut-il prendre le temps et se créer de nouveaux réflexes. Être vigilants aux sujets qui nous sont proposés dans nos flux d’actualités et déjouer les bulles algorithmiques en allant explorer des sujets inhabituels. Regarder les solutions mises en place dans d’autres secteurs ou d’autres domaines. S’installer à une autre place de travail. Aller déjeuner au moins une fois par semaine avec une personne d’un métier ou écosystème différent.  

En tant que manager, nous pouvons encourager notre équipe à quitter le confort des chemins tout tracés pour doucement s’ouvrir à d’autres sujets : injecter de l’imprévu et de l’ouverture sur l’externe dans les rituels. Observer les personnes qui travaillent continuellement ensemble et varier les binômes pour changer les habitudes. Créer un climat de sécurité psychologique pour permettre l’expression de questions et avis différents. Valoriser ceux qui développent de la transversalité ou identifient des solutions au-delà de leur métier. Inciter à partager des micro-hacks.   

Et pour ancrer cette curiosité dans la culture de l’équipe, il est aussi possible d’identifier collectivement des indicateurs faciles à suivre : quelles personnes restent systématiquement en groupe fermé ? Combien de questions sont posées dans les réunions ? combien d’avis différents ont été émis ? Combien de projets transverses sont en cours ? Combien de fois ce mois-ci les membres de l’équipe ont été étonnés ? Combien de collaborations imprévues avez-vous détectées ?   

 

Radar du futur, balayant l’horizon et captant les signaux faibles et les opportunités avant les autres, la curiosité est aussi l’oxygène pour l’apprentissage. Elle évite que les collaborateurs étouffent sous la routine et elle maintient en vie la flamme de l’apprentissage continu. Je cultive la curiosité donc je suis.  

 


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