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Phénomène D’Ubérisation : Faut-Il S’En Inquiéter ?

Le raz de marée mondial d’Uber dans le domaine du transport des personnes continue d’inquiéter les chauffeurs de taxi. Beaucoup d’autres services, notamment la location de voiture ou l’hôtellerie, se remettent en question afin d’éviter d’être à leur tour menacés de voir leur activité détournée à grande échelle.

Avec l’arrivée d’Uber, dans le transport, et d’Airbnb dans la location d’appartements, ce sont des pans entiers de certaines activités économiques qui voient leur marché grignoter peu à peu par des géants mondiaux du web. L’efficacité de leurs « plateformes » s’avère redoutable avec peu ou très peu d’investissements. Elles ont démarré avec des équipes se comptant sur le doigt d’une main et avec très peu de mise de fonds, jusqu’à leur décollage. Profitant d’une large couverture mondiale, ces acteurs de la désintermédiation ont ensuite bénéficié d’une valorisation boursière parfois extravagante mais bien réelle.

Uber, lui-même concurrencé

La réussite d’Uber dans le monde est incontestable. Pourtant le modèle est durement malmené du fait du très grand nombre de recours judiciaires intentés contre la plateforme notamment en Europe. Est-il menacé pour autant ? Amendes, interdiction d’exercer ou restrictions drastiques… rien ne l’a encore mis à terre. Certes, les compagnies de taxis ont commencé à réagir et à s’organiser. De même, les autres sociétés de VTC (véhicules avec chauffeur sur réservation) ont retroussé leurs manches. Il est encore impossible de dire aujourd’hui  quel sera, à terme, le positionnement « légal » d’Uber et de son concurrent direct Lyft.  Ces start-ups américaines continuent de déstabiliser ouvertement les sociétés de taxis. Elle reconnaissant qu’elles sont contraintes de réviser leur stratégie commerciale, par exemple en proposant des forfaits « aéroports ».

Les chaînes hôtelières dans le collimateur

Dans la location d’appartements ou de maisons, AirBnB ne se confond pas avec les groupes hôteliers Accor, Hayatt, Holiday Inn ou autres Mariott… Pourtant, ces derniers se considèrent comme concurrencés. Accor a décidé, outre d’adapter sa culture au ‘digital’, de faire l’acquisition d’un concurrent d’AirBnB.

Pour les hôtels, le cas de Booking.com (né à Amsterdam en 1996 et racheté en 2005 par l’américain PriceLine) est plus impactant  car la plateforme prélève directement les sommes auprès des clients avec une marge très confortable qui entame directement celle des hôtels. Or, ces derniers tentent en vain de s’organiser pour reprendre la main. Boycotter la plateforme est un vrai risque – celui de perdre une partie des réservations, tant la plateforme a su s’imposer sur le Web à l’international.

La location de voiture ou le partage

La location et le partage de véhicules constituent également un autre segment emblématique de la désintermédiation. Plusieurs formes cohabitent, en libre-service ou non. Il peut s’agir de véhicules divers – berlines ou fourgonnettes et même de deux-roues – généralement avec pré-réservation sur une plateforme.

Pour la location de véhicules, diverses initiatives ont vu le jour comme Zipcar, Ouicar ou Drivy (location entre particuliers). Il existe également le partage de parkings comme Zenpark à Paris mais aussi ParkingFacile à Bordeaux (300 places proposées).

Le cas de Blablacar est différent: il ne concurrence ni les constructeurs d’automobile, ni les compagnies aériennes, et un peu les loueurs de voiture. Relevant de l’économie ‘participative’ ou ‘communautaire’, son modèle économique affecte divers acteurs mais de façon encore marginale. Cette start-up française qui conquiert l’Europe a ouvert une niche nouvelle en concurrence avec une pléiade d’acteurs du marché ‘low cost’ : trains régionaux ou inter-cités, compagnies d’autocars…

Le covoiturage est également concrétisé par IDVroom (soutenu par la SNCF). Pour la ville, l’application Fleetme développée par Cityway (Transdev) organise des lignes de covoiturage sur le modèle des bus, avec des horaires fixes et des tracés préétablis.

Autre initiative de covoiturage, WayzUp revendique déjà 18.000 adhérents, pour un trajet moyen de 29 km. Les adeptes invoquent la protection de l’environnement et la nécessité de fluidifier la circulation aux abords de grandes villes mais aussi une manière de faire des économies.

Koolicar (soutenu par Macif et PSA) a choisi l’option de boitiers embarqués (600 exemplaires à mi 2016). Plusieurs collectivités s’y intéressent, comme la commune de Bègles près de Grenoble ou Beauvais pour sa propre flotte. Paris s’y met également : la capitale a retenu cinq opérateurs (Bluecarsharring, Communauto, IER, Ubeeqo-Matcha et Zipcar) qui mettront bientôt à disposition une flotte de 200 véhicules (électriques ou hybrides). La cible, ici, ce sont des trajets occasionnels d’une journée ou demi- journée. Et là encore, les loueurs de véhicules, Avis et autres Sixt, sont directement concurrencés.

Et même dans les télécoms…

Tous les secteurs d’activité sont aujourd’hui concernés par ce risque d’être court-circuités par des portails web. Les grandes marques ont compris la menace. Ils savent désormais qu’en quelques mois, ces nouveaux acteurs en ligne sont capables de prendre de parts de marché très significatives et déstabiliser tout un secteur d’activité. Même un secteur très établi comme celui des télécommunications en a fait l’amère expérience en France, avec l’arrivée d’un certain Free… devenu un poids lourd sans avoir eu à investir lourdement, puisqu’il a commencé par louer le réseau de France Télécom.

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Repères

Uber est créé en 2009 à San Francisco ; présent dans 68 pays et 400 villes dans le monde.  Il est valorisé à 50 milliards de dollars.

Uber totalisait 1 milliard de courses dans le monde à la fin 2015, et 100.000 courses par jour en Chine. New-York compte près de 30.000 chauffeurs Uber.

Ressources

https://novoed.com/venture17/reports/168775

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