Marc Girard de Rolls Royce : « La première chose que l’on veut créer, c’est, encore une fois, une expérience hyper luxury »

Directeur du design intérieur de Rolls-Royce, Marc Girard s’emploie depuis 2019 à parfaire les véhicules britanniques avec des agencements et des détails uniques.

 Par Tom Kuntz

C’est à l’occasion des 50 ans du siège de BMW France que Forbes France a rencontré Marc Girard, saint patron du design intérieur de Rolls-Royce. Autour de l’événement, où il a notamment dévoilé l’exposition « French Flair », le créatif s’est confié sur son parcours. Pour caractériser cette évolution professionnelle, nous pourrions utiliser l’adjectif fidèle sans le moindre doute.

« Ça peut paraître cliché mais à l’âge de 4 ans, dès que j’ai pu tenir un stylo entre les mains, j’ai commencé à dessiner des voitures », avoue Marc Girard. Après des études au très prestigieux Art Center College of Design à Pasadena en Californie, le Parisien d’origine concrétise son rêve et intègre BMW en 1993. Profil fort du groupe automobile allemand, il gravit rapidement les échelons jusqu’à être nommé Head of Interieur Design en avril 2009, Global Automotive Design Director en juillet 2013 et enfin Head of BMW Concept Design en septembre 2016. Au cours de ses expériences formatrices, il a travaillé sur les designs intérieurs des BMW et des Minis.

À presque 30 ans au sein de l’entreprise, il migre dans une autre branche du groupe et prend les rênes du design intérieur de Rolls-Royce en 2019. À l’époque, et encore aujourd’hui, un seul moteur le guide : « Strive for Perfection », comme le disaient Sir Henry Royce et Sir Charles Rolls, pères fondateurs de la marque. Après presque cinq ans à cette fonction, nous lui avons posé quatre questions pour en savoir plus sur son quotidien et son expertise au sein de l’un des plus prestigieux constructeurs automobiles.

Forbes France : Comment percevez-vous aujourd’hui les véhicules Rolls-Royce ?

Marc Girard : Rolls-Royce, dans le cadre d’un produit automobile, on peut presque dire que c’est au-delà d’une voiture. « Beyond a car », comme on le dit dans mon département. On se rapproche, en toute modestie et en étant tout à fait humble, d’une œuvre d’art, d’une sculpture ou même d’une création architecturale. Les produits que l’on crée ont une propension à la perfection. C’est la motivation de l’ensemble des designers et ingénieurs : offrir à nos clients un produit absolument parfait. On appelle d’ailleurs la Rolls-Royce Phantom « best car in the world », n’est-ce pas ?

Forbes France : Avez-vous des guidelines en ce qui concerne la conception du design intérieur de la part de Rolls-Royce ?

M.G : Oui, à plusieurs niveaux. La première, c’est que nous avons une stratégie en matière de design. La deuxième, on définit de manière assez précise l’expérience que l’on veut créer pour l’utilisateur du véhicule. Ça se traduit dans l’architecture avec la pureté des formes et des proportions. Chez Rolls-Royce, on appréhende le design intérieur comme une sorte de toile sur laquelle les clients peuvent composer leurs souhaits personnels, parfois les plus excentriques, pour personnaliser et personnifier le véhicule.

Forbes France : En ce moment, et depuis quelques années déjà, il y a l’émergence des véhicules électriques. Ces modèles particuliers ont-ils un impact sur le design et vous concernant le design intérieur ?

M.G : Une Rolls-Royce est d’abord une Rolls-Royce. Et ensuite, c’est une Rolls-Royce électrique. La première chose que l’on veut créer, c’est, encore une fois, une expérience « hyper luxury ». Le fait que ce soit un véhicule électrique vient en second. Pour autant, les deux coïncident parfaitement. La technologie électrique est parfaitement à Rolls-Royce, parce que c’est silencieux et fluide. Ça s’inscrit parfaitement et n’a aucun impact, dans le design intérieur du moins.

Forbes France : Depuis des années, les citoyens sont de plus en plus éco-friendly, cela vous pousse-t-il à changer les matériaux que vous choisissez ?

M.G : Tout à fait, c’est une question que vous pourriez aisément poser à ma collègue Christine Franck, Head of color, material & trim design. Mais je peux bien évidemment répondre. L’approche écologique se traduit chez Rolls-Royce par une ouverture encore plus globale du sujet qui se traduit par le choix des matériaux. Par exemple, le choix des tissus qui viennent s’adjoindre au cuir. On s’aperçoit que le tissu, de par son traitement, sa qualité et sa transformation, c’est quelque chose qu’on peut placer à un point supérieur du cuir en matière de luxe. Toutes ses idées et discussions ont pour intérêt de répondre à ce type de demandes et, de facto, d’élever encore plus haut Rolls-Royce.

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