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L’intelligence artificielle : L’heure de la responsabilité 

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L’Intelligence Artificielle : L’heure de la responsabilité

À mesure que l’intelligence artificielle s’infiltre dans tous les pans de notre quotidien, une certitude émerge : l’IA responsable n’est plus une option, mais une nécessité stratégique. Elle conditionne non seulement la durabilité des modèles économiques, mais aussi la confiance des citoyens et la compétitivité à long terme des entreprises. Derrière cette exigence, une question cruciale s’impose : Comment concilier l’accélération fulgurante de l’innovation avec l’impératif d’une IA éthique, inclusive et digne de confiance ? 

Une contribution de Marianne Mazaud, cofondatrice et Directrice Générale du Sommet international AI ON US

 

Une analyse en six axes :  


1. Confiance : le socle à rebâtir 

La défiance envers l’IA est profonde. Selon le rapport KPMG (2025), 54 % des personnes interrogées à l’échelle mondiale ne font pas confiance à l’IA. Ce taux descend à 39 % dans les économies avancées, mais grimpe à 57 % dans les économies émergentes. 

La cybersécurité, la désinformation, les pertes d’emploi, les biais algorithmiques ou encore la déconnexion humaine nourrissent ces craintes. Plus inquiétant encore : seulement 43 % des citoyens estiment que les lois actuelles encadrant l’IA sont suffisantes, tandis que 70 % appellent à une réglementation renforcée, notamment pour contrer la désinformation générée par l’IA (87 %). 

Dans le monde professionnel, 58 % des employés utilisent déjà l’IA régulièrement, souvent sans cadre structurant. Si les gains de performance sont réels, les risques le sont tout autant : violations de politiques internes, dépendance excessive, ou encore dérives non anticipées. 

Chez les étudiants, l’usage de l’IA est massif : 83 % y ont recours dans leurs études, mais seuls 50 % bénéficient d’une formation à son usage responsable. 

Or cette perte de confiance ne concerne pas seulement l’IA : elle devient un risque commercial systémique. Quand les technologies qui soutiennent les services perdent en crédibilité, c’est la fidélité des clients qui vacille. À l’inverse, les organisations qui intègrent l’éthique en amont en retirent de réels bénéfices : +20 % de productivité, -35 % de litiges liés à la donnée, -40 % de dépenses de conformité imprévues (source : The ROI of Ethics, The Digital Economist, 2025). 

 

2. De la conformité à la stratégie : changer de posture 

Trop longtemps perçue comme une contrainte réglementaire, l’IA responsable doit aujourd’hui être pensée comme un levier de compétitivité, d’attractivité et de résilience. 

Il ne s’agit plus simplement d’être en règle, mais de s’aligner stratégiquement avec les nouveaux standards de confiance, de transparence et de durabilité. Toutes les fonctions de l’entreprise sont concernées : systèmes d’information, ressources humaines, juridique, marketing, data science et éthique. 

Certaines organisations pionnières nomment déjà un “AI Responsible Officer” ou créent des comités d’impact IA interdisciplinaires. Ces dispositifs, encore rares, préfigurent les gouvernances de demain. 

 

3. Une réglementation mondiale en pleine transformation 

Le paysage juridique évolue rapidement. L’Europe, avec son AI Act, trace une voie ambitieuse fondée sur les droits fondamentaux, la sécurité, la traçabilité et la transparence. Comme le RGPD avant lui, ce règlement européen aura un impact mondial, avec une portée extraterritoriale forte. 

Mais le monde n’avance pas à la même vitesse : les États-Unis privilégient une approche décentralisée, laissant les États fédérés réguler l’innovation, tandis que le Brésil se distingue par une posture proactive. Ce morcellement réglementaire alimente les tensions et souligne l’urgence d’une harmonisation globale et d’un dialogue international approfondi.

 

4. Innover sans dériver, responsabiliser sans freiner 

L’IA responsable n’est pas un frein. Elle est une exigence incontournable pour innover en toute confiance, anticiper les crises, attirer les talents, répondre aux attentes sociétales, et gagner la préférence des consommateurs. 

Il ne s’agit pas de choisir entre innovation et responsabilité, mais de faire de cette responsabilité un moteur de transformation positive. Les entreprises capables de penser l’IA comme un outil au service d’un progrès durable seront les leaders de demain. 

 

5. Une intelligence collective au service du futur 

Face à des enjeux systémiques, aucun acteur ne peut avancer seul. C’est dans cette perspective qu’un sommet, un espace unique rassemblant chercheurs, juristes, psychologues, data scientists, décideurs publics et dirigeants d’entreprises s’impose. 

Un laboratoire stratégique, un lieu de coopération radicale qui vise à dépasser la conformité subie et à bâtir une performance ancrée dans la responsabilité. 

 

6. La société exige plus : vers une IA qui nous ressemble 

La défiance envers l’IA s’inscrit dans une crise plus large de confiance envers les institutions, la technologie et les élites. Les citoyens attendent plus de transparence, plus d’humanité, plus de sens. 

Une étude menée en 2024 auprès de 20 000 personnes (Voice of the Consumer) révèle que 83 % considèrent le respect de leurs données comme un critère central de confiance. Les jeunes générations, en particulier, réclament des organisations authentiques, explicites et responsables. 

Nous sommes à un tournant. Celui où les technologies les plus puissantes jamais créées peuvent renforcer les inégalités ou bâtir un monde plus juste. Celui où les entreprises peuvent s’enfermer dans une conformité minimale ou saisir l’opportunité stratégique de l’IA responsable. 

La réglementation de l’IA ne doit pas être perçue comme un frein, mais comme une opportunité stratégique de structurer notre approche, garantissant la confiance du marché et renforçant la compétitivité. Si les raccourcis en IA peuvent sembler attrayants, ils entraînent finalement des coûts élevés. Inversement, une stratégie d’IA responsable, éthique et bien gouvernée génère des retours nettement supérieurs. 

Pour adhérer à ces principes, un cadre clair est indispensable. Ce cadre permettra aux entreprises de s’épanouir de manière créative et innovante, une condition vitale pour réussir sur les marchés européens et mondiaux. En effet, l’Europe est la plateforme idéale pour relever les défis de l’avenir. 

Le futur ne se subit pas. Il se construit. Ensemble. 

 


À lire également : Le Raise Summit 2025 : un rendez-vous majeur pour l’écosystème de l’IA 

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