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La fermeture de SVB va-t-elle entraîner un séisme dans le monde des Techs ?

La fermeture de la Silicon Valley Bank (SVB), plus grande faillite bancaire aux Etats-Unis depuis la crise financière de 2008, a eu des impacts forts sur les marchés. La banque ne parvenait plus à faire face aux retraits massifs de ses clients, principalement des acteurs de la tech. Voici l’analyse de notre consultant expert Bernard Dietsch sur les conséquences de cette crise bancaire sur le secteur de la Tech et des VC outre-Atlantique et peut être bientôt européenne.

 

C’est une crise majeure qui se joue ce week-end avec la fermeture de la Silicon Valley Bank (SVB), littéralement en faillite. Les grandes sociétés de capital-risque ont exhorté leurs participations à retirer leurs liquidités et leurs actifs de la SVB dans les plus brefs délais.

Que se passe-t-il ?

En fin de semaine, la panique s’est propagée au sein des techs et des VC aux États-Unis. Les sociétés de capital-risque ont exhorté leurs « investees » à retirer leurs fonds de la SVB. Coatue Union Square Ventures et d’autres ont également ordonné à leurs investissements de retirer leurs fonds.

La Silicon Valley Bank est un des acteurs majeur du financement pour les start-up et les sociétés technologiques outre-Atlantique. Elle est présente dans au moins 50 % des entreprises américaines de technologie et de Biotech qui ont été cotées au Nasdaq et en NYSE 2022.

Des milliers d’entreprises et d’investisseurs paniquent après que les régulateurs fédéraux (FDIC) ont gelé vendredi 10 mars leurs actifs et les ont transférés à la National Bank of Santa Clara.

Il s’agit de la deuxième plus grosse faillite bancaire de l’histoire des États-Unis juste derrière l’effondrement de Washington Mutual, en 2008, en pleine crise des subprimes (307 milliards de dollars). Pour rappel, SVB a plus de 160 milliards de dollars en dépôt et les clients ne sont couverts qu’à hauteur de 250 000 $.

SVB a été contraint de liquider son portefeuille d’obligations avec dépréciation de plus de 8,5 %. (soit 1,8 milliard de dollars en valeur absolue). Cela a été déclenché par l’ordre du Trésor américain qui a forcé à prendre en compte dans son bilan cette dépréciation. Avec les retraits massifs de ses clients, la banque a dû annoncer une augmentation de capital d’urgence de 2,25 milliards de dollars pour combler ces pertes attendues.

 

 

Quels sont les plans de sauvegarde et les risques maintenant ?

Le gouvernement américain n’envisagerait pas un renflouement de le SVB si les capitaux privés (pool de banques) ne pouvaient pas apporter de solution. Selon des sources proches du dossier, le trésor américain tenterait de trouver une solution avec des capitaux privés mais, compte tenu de la loi antitrust, les grosses banques américaines susceptibles de disposer des moyens financiers ne seraient pas autorisées à le faire.

En clair la banque serait démantelée en cas de faillite.

Pas de risques systémiques pour les autres banques mais un cataclysme pour les sociétés technologiques et les fonds d’investissement du secteur…

Reste un problème majeur pour les techs que SVB s’était engagées à financer sur le long terme. Comment se refinancer dans un marché déjà compliqué ?

La plupart des sociétés technologiques se refinançant tous les 3 à 6 mois pour augmenter leur valeur, certaines d’entre elles pourraient se retrouver à cours de cash avec pour effet dans le meilleur des cas un effondrement drastique de leur valeur (market cap) et dans le pire, une faillite.

Quid pour les tech & les VC français ?

Selon un professionnel de la finance, de nombreuses start-up et techs françaises ou avec des capitaux français implantées aux USA sont chez SVB et cette faillite aura 5 impacts.

Beaucoup de Français dont des C Level ont leurs actifs ou crédits personnels chez SVB, donc cette faillite impactera leurs patrimoines et leurs finances personnels.

SVB est la banque par défaut des sociétés technologiques étrangères car son KYC est simplifié donc beaucoup de techs françaises sont clientes de la banque mais loin derrière les sociétés de LATAM et les britanniques et allemandes où SVB possédait des filiales.

Elle affecte aussi de nombreux fonds d’investissement et LP qui y logeaient une grosse partie de leurs actifs compte tenu de sa bonne réputation, de sa simplicité de fonctionnement et de sa compétitivité.

Les salaires étant payés par quinzaine, de nombreux salariés risquent de ne pas le recevoir dans 3 jours.

Il affectera aussi le plan de financement de nombreuses sociétés, SVB étant souvent en syndication avec d’autres banques ou fonds pour des opérations de prêts ou de prises de participations.

Selon les analystes du secteur il y a peu de risques systémiques sur les autres banques même si, lors de la séance de vendredi à Wall Street et au Nasdaq, on a pu voir une forte volatilité sur des titres bancaires comme Signature ou First Republic Bank.

A défaut de solution de financement alternatives, cette situation pourrait entrainer de nombreuses faillites dans le secteur de la tech aux USA et même en Europe par effet de contagion.

 

*Le KYC, ou Know Your Customer, est la procédure mise en œuvre par les institutions financières pour vérifier l’identité de leurs clients et l’origine des fonds correspondants aux réglementations financières locales en vigueur

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