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Industrie 4.0 : Un levier transformationnel au profit de l’excellence opérationnelle

Les organisations de toutes tailles, sont invitées à revoir du sol au plafond leurs stratégies pour réussir les grandes transformations culturelles, managériales et numériques, inhérentes à la performance de leurs résultats. Au cours des deux dernières décennies, nous assistons à une révolution technologique d’une ampleur sans précédent qui bouscule nos modes de vie, de travail, de consommation et de production.


 

Ces chambardements multiples s’illustrent par des outils très puissants tels que l’Internet des objets, l’intelligence artificielle et la science des données qui apportent une plus grande précision dans les processus industriels et décisionnels, et une forte adaptation aux changements permanents des comportements humains.

L’industrie est désormais interconnectée. Cela crée davantage de passerelles intuitives entre les machines, les systèmes d’information et les produits au profit des utilisateurs finaux. En capitalisant sur les capteurs installés au niveau des outils productifs, les données enregistrées pourront être traitées en vue de déclencher des opérations d’optimisation en temps réel aboutissant à une prise de décision pertinente. Une autre brique de cette industrie centrée sur le numérique est basée sur l’harmonisation du travail entre les humains et les robots collaboratifs dans l’objectif de perfectionner la planification et l’exécution des processus de fabrication.

L’avènement de l’industrie 4.0 renvoie à dès méthodes organisationnelles modernisées. L’avantage d’une telle industrie pour les entreprises se traduit de toute évidence par l’augmentation de la productivité et de l’efficacité grâce notamment à des avancées structurelles en matière de flexibilité générant des produits de meilleure qualité à des coûts réduits. Ces nouvelles manières de faire accélèrent en même temps la mise sur le marché et boostent la compétitivité.

Egalement, les acteurs impliqués dans ce nouveau tournant pourront bénéficier d’une plus grande sobriété et commodité durant les phases de production, tout en maximisant la sécurité. Il est évident que les entreprises qui se saisissent de la valeur de ces énormes potentialités seront les mieux armées pour relever les grands défis de demain dans un monde mutant. À l’avenir, les entreprises établiront des chaînes de valeur mondialisées et interconnectées qui imposeront de facto l’élaboration de normes internationales.

Le succès d’une politique industrielle futuriste exige une réforme des instruments managériaux traditionnels. C’est tout un modèle qui doit être redéfini pour pouvoir se projeter, s’adapter et gagner en performance. Les applications sont très nombreuses grâce à l’industrie 4.0, à l’image de la mise en place d’une maintenance prévisionnelle à distance via la réalité virtuelle ou l’usage de l’impression 3D pour imaginer les futurs développements qui garantissent la croissance des organisations. En revanche, l’hyper-connectivité et l’automatisation soulèvent des problématiques en matière de cyber-sécurité. Il est donc fondamental de mobiliser des moyens novateurs pour gérer efficacement les risques, protéger la sensibilité des données et renforcer la résilience des infrastructures.

A titre d’exemple, en assurant une meilleure gestion de l’information, le BIM (Building Information Modeling) peut représenter un vivier de performances énergétiques et digitales pour l’industrie du futur. D’autre part, les managers urbains pourront s’appuyer sur les industriels pour contribuer à la mise sur le marché de nouvelles offres facilitant une gestion prédictive des territoires au service des populations. De manière concrète, grâce à une intégration intelligente des technologies plus réactives et adaptatives, les villes seront en mesure d’ajuster les systèmes en fonction des nouveaux usages. L’intelligence autonome est donc un formidable outil d’optimisation des services urbains plus globalement pour fabriquer des Smart Cities.

Selon le Global McKinsey Institute, plusieurs centaines de millions d’emplois seront détruites à l’horizon 2030 en raison de l’automatisation de l’industrie à l’échelle mondiale. Ce constat pousse les acteurs politiques et industriels à questionner le modèle actuel et à le renouveler pour continuer à prendre en main leur destin plutôt que de le subir sur le long terme.

En Asie, un grand nombre d’industriels ont opéré leur mue vers l’industrie 4.0 pour atteindre l’excellence opérationnelle et un haut niveau de compétitivité. Dans ce sens, le gouvernement singapourien lance des initiatives de renforcement des capacités dans l’industrie numérique à destination des entreprises actives dans les technologies de pointe pour soutenir l’interconnexion et la complexité des chaines d’approvisionnement mondiales. En collaboration avec le World Economic Forum, le Singapore Economic Development Board (EDB), a élaboré les outils d’évaluation SIRI visant à construire un diagnostic du monde industriel, à identifier les axes d’amélioration pour une industrie 4.0 résiliente et à adopter une démarche de benchmarking au niveau international.

En France, l’écosystème de l’industrie 4.0 monte en puissance. Cette industrie d’excellence constitue une priorité du plan d’investissement d’avenir visant à moderniser le modèle industriel français. L’alliance industrie du futur récemment formée, envisage de nouvelles fondations pour réindustrialiser les territoires via un repositionnement des entreprises françaises et une réorientation des investissements vers ce marché porteur.

L’Allemagne, pays connu pour sa rigueur dans le secteur industriel a lancé la Plateforme Industrie 4.0 embarquant tout un écosystème autour de l’innovation et la R&D. C’est dans le cadre de ce grand mouvement que le constructeur automobile BMW exploite l’analyse intelligente des données, ainsi que l’intégration de systèmes d’automatisation et de fabrication additive. Concrètement, le déploiement du Virtual Reality Lab permet de maximiser les étapes de la production notamment sur le plan de la sécurité dans la logistique. D’une autre manière, en promouvant l’utilisation de l’intelligence artificielle, cet opérateur de référence mondiale allège considérablement la pénibilité au travail. Ces systèmes participent à l’évaluation du niveau d’excellence opérationnelle de l’organisation dans son ensemble.

Au Maroc, le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie Verte et Numérique est particulièrement déterminé à installer des écosystèmes innovants favorisant l’intégration technologique dans les démarches d’industrialisation. Cet intérêt pour l’industrie du futur est formalisé par le lancement de zones industrielles qualifiées en collaboration avec des partenaires internationaux. Au niveau de l’Afrique, le Maroc élabore son plan pluridimensionnel menant à une industrie 4.0, fondé essentiellement sur un partenariat public-privé solide. Dans cette dynamique, le projet Fez Smart Factory porté par l’UEMF qui est désormais sur les rails, a vocation à mettre en marche un écosystème favorable à l’écologie industrielle. Le but à terme est de soutenir l’émergence d’une nouvelle génération d’usines intelligentes adoptant l’usage des dernières technologies en matière d’ingénierie collaborative, de simulation avancée, de réalité augmentée, de robotisation, de Cloud Computing et de cyber-sécurité. Il est clair que l’investissement sur le plan scientifique et méthodologique doit être encouragé pour franchir de nouvelles étapes du déploiement de solutions pragmatiques.

Dans le prolongement de ces actions novatrices, le Groupe marocain OCP, en tant que premier producteur et exportateur mondial de phosphate procède au réajustement des modes productifs en mettant en place une stratégie numérique ciblée et des démarches de co-construction de nouveaux process. La multinationale réorganise ainsi son expertise industrielle pour s’aligner sur les meilleures pratiques au niveau de l’écosystème global de l’innovation dans le but d’architecturer une industrie décarbonée, sûre, sécurisée et compétitive.

Précisément, la transformation digitale concrétisée par le Groupe est une partie intégrante de son plan d’action visant à maximiser les gains d’efficience. Des solutions empiriques en matière de digitalisation et de maintenance 4.0 ont été mises en œuvre. Cette ré-articulation renforce l’inter-connectivité des infrastructures en s’appuyant sur une meilleure gestion des données à tous les étages. Clairement, la fiabilisation de l’architecture système est un levier efficient pour garantir la sécurité industrielle des sites. Ces nouveaux moyens disruptifs mèneront à une gestion rationalisée et intégrée des ressources. Ce qui consolidera la politique d’économie circulaire et d’efficacité énergétique impulsée dans les différents départements pour décarboniser à terme le modèle de croissance de l’entreprise.

Les choix audacieux et vertueux adoptés par les dirigeants touchent l’ensemble de la chaîne de valeur et impacteront in fine tout l’écosystème en vue d’atteindre la neutralité carbone. Naturellement, ces axes stratégiques marquent une trajectoire durable, et sont en phase avec les normes appliquées par les grands organismes internationaux.

Agilité d’équipes spécialisées et formées, outils numériques 4.0 développés, organisation évolutive et flexible, modernisation de la machine productive sont autant de clés de la résilience de la firme. L’innovation industrielle est le nerf de la guerre de demain pour anticiper les crises et s’adapter au monde qui vient. Conscients de cet impératif, les responsables ont lancé le programme d’Open Innovation dédié à l’industrie 4.0 et mis en place avec le soutien de l’UM6P, StartGate et Innovation Lab Operations. L’idée est de développer le concept d’Usine du futur By OCP qui s’articule autour de quatre thématiques centrales, à savoir la performance opérationnelle, la sécurité industrielle, l’optimisation des chaînes d’approvisionnement et la durabilité. Au bout de la compétition, les solutions disruptives seront expérimentées en situation réelle sur des sites industriels. C’est une preuve de plus du grand virage de l’innovation technologique et environnementale emprunté par le groupe. D’un autre côté, il est à considérer que la culture du Well-being promue au sein de l’OCP est également un accélérateur de l’excellence opérationnelle.

Par ailleurs, aux Etats-Unis, l’industrie 4.0 est perçue comme un moyen de revitalisation du tissu productif. L’administration Biden a d’ailleurs déployé le plan Build Back Better, qui est accompagné de certains progrès législatifs et d’actions politiques opérationnelles. Dotée d’une enveloppe budgétaire de 1800 milliards de dollars, cette stratégie de relance inclut des mesures volontaristes dans le domaine de décarbonation et de numérisation de l’industrie américaine pour faire face aux crises et remettre l’économie sur le chemin de la croissance. Ce plan massif ouvrira la voie à des chaînes d’approvisionnement plus compétitives et plus robustes.

En Australie, le gouvernement a construit une Task force dédiée à la standardisation de l’industrie 4.0 par le rapprochement du secteur public et privé.

In fine, l’usage des technologies 4.0 adapte constamment les systèmes opérationnels, invente de nouvelles règles d’analyse et installe durablement les conditions de l’excellence opérationnelle. Ce levier transformationnel conduit à une implémentation impeccable de l’écosystème de l’industrie 4 .0. Au fond, ce défi nécessite une grande mobilisation du monde de la finance et une intégration universelle de chaque maillon de la chaîne de valeur. Les percées régulières en technologies alimentent la croissance de l’industrie 4.0 et démocratisent les solutions d’usines intelligentes et robotisées. Le fil conducteur pour y parvenir est de casser la bureaucratie et de flexibiliser la réglementation dans la perspective de se préparer aux grandes ruptures.

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