L’automatisation a depuis longtemps marqué le secteur des technologies financières. Mais avec l’émergence de l’IA générative, ce mouvement a connu une accélération sans précédent. Bien plus qu’une simple automatisation robotisée des tâches, ces nouvelles plateformes d’IA rivalisent désormais avec l’intelligence humaine en matière de raisonnement, de création et d’analyse.
Il ne s’agit pas d’une simple évolution technologique, mais d’une véritable révolution du monde du travail. Comme le souligne un rapport publié en juillet 2025 par la Brookings Institution, l’IA est en train de « réécrire le travail dans le domaine financier », donnant naissance à un modèle inédit où l’homme et la machine collaborent étroitement.
Aucun secteur ne sera épargné par la vague de l’IA générative, mais certains métiers se trouvent en première ligne. Les postes axés sur le traitement répétitif de données ou la production de contenus structurés sont les plus exposés, souvent parmi les premiers à être profondément transformés, voire remplacés, par ces nouvelles technologies.
L’analyste financier débutant
Pendant des décennies, le parcours vers une carrière à Wall Street ou dans la fintech commençait dans l’open space des analystes débutants, un rite de passage marqué par des heures interminables à construire des modèles financiers et à résumer des rapports. Désormais, l’IA générative prend en charge une grande partie de ces tâches. Capable d’ingérer des téraoctets de données, elle peut générer un modèle de flux de trésorerie actualisé et rédiger une première note d’investissement avant même qu’un analyste ne démarre sa journée. Comme l’indique la Brookings Institution, on assiste à l’émergence d’emplois hybrides, où l’humain n’exécute plus l’analyse mais en supervise la qualité. L’analyste de demain devra savoir interroger l’IA, valider ses résultats et apporter une lecture stratégique : un glissement de rôle, du producteur de données vers l’orchestrateur de l’intelligence artificielle.
Le représentant du service client
Les centres d’appels figurent depuis longtemps parmi les premières cibles de l’automatisation. Mais les assistants IA d’aujourd’hui n’ont plus grand-chose à voir avec les chatbots maladroits d’autrefois : ils comprennent les subtilités du langage, répondent de manière personnalisée et assurent un service continu à un coût réduit. Cette mutation est déjà bien engagée. Le rapport de Brookings cite l’exemple de la fintech Klarna, où l’IA est désormais intégrée au quotidien dans la majorité des postes. Résultat : les agents humains se recentrent sur les situations complexes, où l’intelligence émotionnelle reste indispensable. Le service client devient alors une fonction de « deuxième niveau », dédiée à la gestion des cas sensibles que la machine ne sait pas encore résoudre.
L’analyste conformité
Dans un secteur ultra-réglementé comme la finance, les spécialistes de la conformité jonglent avec une multitude d’exigences – de la lutte contre le blanchiment d’argent à la connaissance client. Grâce à sa capacité à analyser des millions de transactions en temps réel, l’IA générative est devenue un allié redoutable : elle détecte les schémas suspects avec une précision bien supérieure à celle de l’humain. Résultat, le rôle du professionnel évolue : il ne passe plus ses journées à trier les données, mais devient auditeur de systèmes intelligents. Une mutation que souligne la Brookings Institution, insistant sur l’importance grandissante de la supervision humaine dans les outils de gestion des risques dopés à l’IA. Demain, ces experts seront appelés à concevoir, entraîner et auditer les modèles, plutôt qu’à surveiller les opérations ligne par ligne.
Le commis à la saisie de données
C’est sans doute l’un des premiers rôles à être directement touché. Saisir à la main des informations issues de factures, formulaires ou demandes de prêt relève désormais d’un autre temps. Dotée de capacités de reconnaissance optique de caractères (OCR) ultra-précises, l’IA peut extraire et enregistrer ces données en quelques secondes, avec un taux d’erreur minime. Là où une équipe mobilisait des heures, une machine accomplit la tâche en un clin d’œil. Ce poste, peu amené à évoluer, illustre parfaitement le remplacement pur et simple d’une fonction humaine, libérant des ressources pour des missions plus complexes.
Le spécialiste du marketing de contenu
Les fintechs vivent du contenu : articles optimisés pour le SEO, publications sociales, bulletins d’information… Désormais, l’IA générative peut produire tout cela à grande échelle, rapidement et avec un bon niveau de qualité. Si elle manque encore d’une voix véritablement singulière, elle couvre sans difficulté les besoins en rédaction de routine. Pour les professionnels du secteur, cela implique une montée en compétences : il ne s’agit plus d’écrire ligne par ligne, mais de piloter la stratégie éditoriale, de façonner l’identité de marque et d’orchestrer des campagnes créatives que l’IA viendra ensuite amplifier. C’est un exemple frappant de la transformation des métiers mise en lumière par Brookings.
Le message est clair : l’ère du « travailleur hybride » est en marche. Ce n’est pas tant une vague de suppressions de postes qu’un profond bouleversement des compétences attendues. Celles et ceux qui tireront leur épingle du jeu – et deviendront les leaders de demain – seront ceux capables de collaborer efficacement avec l’IA, en exploitant son potentiel pour renforcer leurs propres atouts : discernement stratégique, créativité et capacité de jugement.
Une contribution de Christer Holloman pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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