Face à l’instabilité, les entreprises doivent continuer d’investir dans l’IA pour générer de la croissance sur le long terme

Une tribune écrite par Nagendra P Bandaru, Président – Technologies services, Wipro

Le paysage économique mondial se redessine en temps réel. Les tarifs douaniers bilatéraux américains ont augmenté sur presque tous les pays depuis mai, portant les taux effectifs globaux à un niveau estimé de 19,5% fin août, soit le taux le plus élevé depuis 1933, selon un récent rapport de l’OCDE [1].

Alors que les routes commerciales sont perturbées par les tensions géopolitiques, les cadres réglementairesdeviennent eux plus complexes et fragmentés.

En France, ces tensions au niveau mondial se conjuguent avec un environnement politique et économique incertain. Ainsi, d’après le dernier Baromètre des dirigeants français, 74% des entrepreneurs placent les risques géopolitiques et l’instabilité politique en tête de leurs préoccupations, contre seulement 22% l’année précédente[2]. Les entreprises françaises font donc face à un double défi : faire face à l’instabilité politique et budgétaire au niveau national tout en naviguant dans un environnement commercial mondial fragmenté.

Dans cet environnement de plus en plus incertain, la vision traditionnelle du commerce comme fonctionpurement opérationnelle ne suffit plus à répondre aux nouveaux défis. Gérer un environnement commercial complexe et à forts enjeux exige que les dirigeants traitent le commerce comme un point de contrôle stratégique.

L’IA comme allié dans la gestion des perturbations

Face aux perturbations continues des routes commerciales et aux changements fréquents de tarifs douaniers, l’IA offre une opportunité unique de prendre de l’avance sur les risques. Les outils et solutions alimentés par l’IA permettent la modélisation prédictive sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Les systèmes alimentés par l’IA peuvent surveiller lesévénements mondiaux en temps réel, détecter les anomalies dans la chaîne, effectuer des contrôles de conformité 24h/24, et modéliser les scénarios catastrophe et ses alternatives. De plus, les entreprises peuvent simuler les décisions d’approvisionnement sous des réglementations changeantes, des exigences ESG et des contraintes géopolitiques. Ces simulations vont alors aider les dirigeants à prendre des décisions qui s’alignent sur les objectifs business et les prérequis en matière de conformité.

En déployant l’IA dans les opérations de chaîne d’approvisionnement, les entreprises vont commencer à traiter les perturbations commerciales non comme une menace, mais comme un levier stratégique de résilience et de compétitivité.

Avec les avancées de l’IA agentique – des systèmes qui ne se contentent pas de conseiller, mais agissent de manière autonome – les plateformes alimentées par l’IA peuvent détecter les changements réglementaires, réacheminer les expéditions, mettre à jour la documentation et alerter les parties prenantes, le tout sans intervention humaine. Et ce n’est pas une vision lointaine, c’est la réalité émergente des opérations commerciales alimentées par l’IA.

Aujourd’hui, les entreprises qui exploitent l’IA peuvent prévoir l’impact des fermetures de ports ou des perturbations commerciales sur les délais de transport, identifier des routes alternatives et ajuster les calendriers de livraison, tout cela avant que les opérations ne soient affectées. 

Pourtant, l’adoption de l’IA ne suit pas le rythme des besoins actuels

Cependant, malgré ces avantages évidents, l’adoption de l’IA en entreprise et à grande échelle reste limitée. Le problème central n’est pas technologique, c’est l’intention stratégique. Les dirigeants doivent repenser le possible et intégrer l’intelligence dans chaque couche de leurs opérations. Ils doivent intégrer les perturbations commerciales dans la planification stratégique, favoriser l’alignement transversal pour s’assurer que toutes les fonctions clés ont la même visibilité et l’accès aux outils alimentés par l’IA, et établir une base de gouvernance solide avec des objectifs et des résultats clairs et transparents.

Les risques structurels intégrés dans le commerce mondial exigent un leadership fort et une voie claire vers la création d’entreprises intelligentes

Les réglementations climatiques, les risques cyber, les restrictions commerciales et les turbulences géopolitiques s’intensifient aussi bien en fréquence qu’en magnitude, avec l’incertitude politique en France qui amplifie cette réalité pour les entreprises.

Les entreprises qui réussiront dans cet environnement seront celles qui commandent leurs écosystèmes commerciaux avec intelligence, autonomie et flexibilité. Le commerce mondial ne consiste plus seulement à franchir des frontières, il s’agit de franchir des seuils. L’avenir appartient alors aux entreprises qui passent de la conformité à la clarté, de l’opérationnel à la stratégie et des systèmes statiques aux écosystèmes intelligents.

Sources : 

[1] Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire, septembre 2025

[2] Le Baromètre des dirigeants français 2025 (CCI – Chambre de commerce et d’industrie)

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