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Exode des plateformes d’IA françaises, une question de souveraineté

Il y a des moments de l’Histoire où des décisions visionnaires ont permis à la France de conserver un statut de puissance grâce à des tournants technologiques pris suffisamment tôt et, surtout, pensés de sorte qu’ils constituent un avantage compétitif. On pourrait prendre l’exemple du choix du nucléaire pour assurer un approvisionnement électrique massif et relativement peu coûteux tout en augmentant la souveraineté nationale dans le domaine énergétique. L’IA est un enjeu aussi important que l’électricité et beaucoup de plateformes d’IA françaises sont tour à tour rachetées par des investisseurs étrangers.

 

l’IA transforme la société, les armées, les administrations et chaque pan de l’économie 

Ce parallèle entre l’IA et l’électricité n’est pas fortuit. Une des rock stars de l’IA, le professeur Andrew NG (ancien Google et fondateur de plusieurs startups dont Coursera) annonce “AI is the new electricity” (l’IA est la nouvelle électricité). En ce sens que l’IA impacte chaque pan de l’activité économique et quasiment chaque tâche de notre vie quotidienne. A tel point qu’un pays en retard sur les questions d’IA s’expose, de fait, à un risque de déclassement et de dépendance et donc de perte de souveraineté.

La généralisation de l’intelligence artificielle va transformer profondément chaque industrie, chaque service et la quasi-totalité des aspects de notre vie quotidienne. De l’agriculture à la santé en passant par la finance, l’énergie et la défense/sécurité. La liste des applications est infinie et leur mise en œuvre est inéluctable car la différence d’efficacité n’est plus à prouver.

 

Qu’est-ce qu’une plateforme d’IA ?

Une plateforme d’IA est en quelque sorte une usine d’IA. Permettant de créer des IA nouvelles et diverses et reposant en grande partie sur des composants existants. Pour faire un parallèle avec l’industrie, le développement d’un nouvel appareil électronique va reposer en grande partie sur des composants électroniques existants. Ainsi, au sein d’appareils remplissant des fonctions très différentes, on peut rencontrer beaucoup de composants identiques (résistances, transistors, microprocesseurs, divers semi conducteurs…). De la même manière qu’on n’imagine pas recréer chaque composant pour fabriquer un nouvel appareil, on n’imagine pas recréer chaque algorithme pour chaque nouvelle application d’IA.


Ces plateformes d’IA sont donc un socle vital pour l’essor d’une IA de masse et le développement rapide de l’IA tout en assurant des déploiements stables.

 

Illustration. Une plateforme d’IA (papAI) déploie un cas d’usage de classification d’avions militaires et civils sur des images satellites (diffusion autorisée par le propriétaire)

 

C’est justement le caractère fondamental et transverse de l’IA, le fait que ce soit un socle à ce nombre incalculable d’applications, qui fait que le virage ne peut pas être pris trop tard. Bien entendu, construire de nouvelles applications sera toujours possible mais si les applications sont basées sur des socles/plateformes étrangères, la dépendance se crée. Et ne fait que se creuser au fur et à mesure de l’augmentation du nombre d’applications.

 


Disposer de plateformes d’IA françaises est vital pour la souveraineté nationale

On a plusieurs exemples de start-up de plateformes d’IA fondées en France et qui ont déplacé leur siège social pour d’autres pays (notamment É-U) voire ont été totalement rachetées par des investisseurs étrangers. Les montants investis étant largement plus élevés qu’en France.

Une des raisons premières de disposer de plateformes françaises est le contrôle du développement et du déploiement des technologies d’IA. C’est important pour la compétitivité économique, la sécurité nationale et des considérations éthiques. Dépendre de plateformes étrangères signifie accepter que des quantités de données massives sont traitées par des outils qu’on ne maitrise pas. Ce qui représente un risque à la fois technique mais également juridique et financier, voire stratégique dans certains cas. 

En outre, disposer d’une plateforme d’IA souveraine pourrait permettre à un pays d’adapter les technologies d’IA à ses besoins et priorités spécifiques et de renforcer la compétitivité de l’offre stratégique française. On se souvient notamment que l’une des raisons de l’annulation du contrat de sous-marins avec l’Australie était le pacte AUKUS qui prévoyait -entre autres- un partage des capacités en intelligence artificielle. Avoir du bon matériel sans proposer l’IA qui va avec tend a diminuer la valeur de ce même matériel.

Cela permet également à la France de collaborer plus facilement avec les institutions de recherche et les entreprises sur des projets d’IA, et de réglementer plus efficacement l’utilisation de l’IA. En soutenant les plateformes d’IA souveraines, la France créerait plus d’opportunités pour ses entreprises et ses citoyens dans le domaine de la recherche et du développement de l’IA.

Enfin, disposer de ses propre plateformes d’IA souveraine permettrait à la France d’avoir davantage son mot à dire dans les discussions et négociations internationales sur les questions liées à l’IA, telles que les normes éthiques et les cadres de gouvernance. Cela pourrait permettre à la France de façonner l’orientation du paysage mondial de l’IA d’une manière qui reflète ses propres intérêts et valeurs.

 

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