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Economie Numérique Et Emploi : Un Faux Dilemme ?

Le besoin de nouvelles compétences

Spécialistes du monde du travail et politiques se rejoignent sur un point clé: pour profiter de la croissance des emplois dans le numérique, l’écosystème « producteur » doit contribuer à développer des écosystèmes « utilisateurs » (ceux qui vont devoir pratiquer les technologies numériques). La réponse est donc dans  la formation, comme le soulignent les initiatives européennes (« The grand coalition for digital jobs »): il faut traiter le manque d’expertises digitales qui se traduit par des postes vacants dans le domaine ICT, notamment. L’OCDE ne dit pas autre chose et pousse au lancement « d’actions pour créer des emplois dans les nouveaux domaines d’activité ouverts par l’économie numérique ». L’enjeu, c’est de « répondre rapidement à la demande de nouvelles compétences dans l’économie numérique ».

Les autres voies de la transformation

Quelles autres voies ouvre cette vaste transformation ? En Allemagne – autre culture, autre relation entre employeurs et travailleurs, autre balance commerciale – le débat diffère. Une étude de l’institut IAB de Nuremberg (IAB-Kurzbericht, 24/2015) soutient que seulement 0,4 % des actifs pourraient voir leur emploi détruit. « Il n’y aurait pas à craindre que les robots viennent remplacer les humains… », constate Isabelle Bourgeois, économiste, qui a étudié ce rapport. Outre-Rhin, 15 % des salariés soumis à cotisations sociales pourraient voir automatisées 70 % de leurs tâches. Et 45 % exercent des métiers où le risque de substitution, partielle, entre 30 et 70 % des tâches, pourraient être accomplies par un ordinateur.

L’une des conclusions du rapport dit : « Plus les qualifications requises sont élevées et plus les fonctions sont complexes et avec responsabilités, moins le risque de substitution existe ».

La question des start-ups « licornes »

L’autre débat, connexe, en Allemagne comme en France, porte sur le fait que la création de valeur de l’économie numérique ne signifie pas nécessairement créations d’emplois. Beaucoup citent, à titre caricatural, le cas de la start-up licorne par excellence, qui a lancé l’appli de communication mobile WhatsApp. Elle n’employait que 55 personnes au moment où elle a été valorisée… 19 milliards de dollars ! – et acquise par Facebook.

Les financiers expliquent qu’une entreprise numérique n’a besoin que de très peu de capitaux d’investissement à son lancement ;  mais, si le modèle est bon, il lui faut très vite disposer de beaucoup de fonds de roulement pour réaliser son potentiel, y compris à l’international. Par ailleurs, une large partie de la valorisation n’est souvent que boursière (actions très volatiles). Cette valorisation peut, parfois,  être partiellement démonétisée par des formes de troc de services. Dans ce contexte, parler de financement de la protection sociale relève d’une autre planète…

Il n’empêche que beaucoup de start-ups s’y investissent et ouvrent de nouveaux horizons positifs. _ _ _ _ _

Témoignages

Hakim El Karoui, cabinet Roland Berger « Le numérique crée peu de croissance – c’est la surprise de la décennie – et peu d’emplois. »

Isabelle Bourgeois, économiste : « [En Allemagne] rien ne permet d’affirmer que l’automatisation détruit massivement l’emploi » source : « Économie numérique : peu de destruction d’emplois »,   Regards sur l’économie allemande ; 03/2015.

Bertrand Duperrin, directeur de Nextmodernity : « Traditionnellement création de valeur rimait avec création d’emplois. Ce n’est plus le cas »

Repères En Allemagne, seulement 15 % des salariés soumis à cotisations sociales pourraient voir automatisée 70 % de leurs tâches (source : institut IAB, Nuremberg, 2015).

D’ici à 2025, en France, un tiers des emplois pourraient être occupés par des machines, des robots ou des logiciels dotés d’intelligence artificielle… (source : Cabinet Roland Berger, 2014).

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