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Digital : De La Transformation Culturelle À La Transformation Industrielle

Depuis 5 à 10 ans, toutes les entreprises de services, industrielles ou même agricoles sont submergées par les programmes de transformation culturelle pour « entrer pleinement dans la révolution digitale ». Ce cycle pourtant récent n’est il pas déjà en passe de se faire supplanter par un autre plus concret, plus dans l’action de la révolution industrielle que dans le concept de la révolution des Lumières ?

« Ce n’est pas le plus gros poisson qui mange le petit, c’est le plus rapide qui mange le plus lent »

Le résumé des programmes de transformation pourrait se faire par la célèbre formule « Il faut que tout change pour que rien ne change ! » tiré du film de Visconti inspiré du roman posthume de l’écrivain sicilien Lampedusa. L’objectif : être plus efficace, plus collaboratif, décider plus vite pour le collaborateur afin de favoriser l’expérience client, la fluidité des process, l’autonomie du client, bref l’immédiateté et la qualité du service rendu. Tout ceci avec un objectif clair mais inavoué : préserver son avantage concurrentiel pour ne pas se faire doubler par une jeune entreprise innovante ou par un concurrent déjà bien installé mais plus agile dans l’intégration de nouvelles solutions digitales.

La notion et les conséquences de la révolution digitale n’est pas complètement nouvelle : le MIT Center for Digital Business a par exemple bien décrit les impacts et les opportunités notamment Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee en janvier 2012 : « Race Against The Machine : How The Digital Revolution Is Accelerating Innovation, Driving Productivity, and Irreversibly Transforming Employment and The Economy »[1]. Près de 7 ans plus tard, la plupart des grandes entreprises ont recruté des équipes dédiées au digital, en particulier un CDO, expert du digital dont l’expertise vient aussi souvent du marketing que de l’IT  et qui ont fait indéniablement bouger les choses…avec parfois un verbiage de pionniers (selfcare, intrepreneuriat, lean, UX, Web to store, leads, canal de transfo, etc.) et une bonne dose de communication interne et externe pour entraîner et convaincre.

Stop speaking, just doing !

Le chemin de la transformation culturelle est (quasi) fait. Le sens de cette évolution, parfois révolution, est largement intégré par tous. Le digital a en effet irrigué évidemment la sphère personnelle depuis très longtemps. Sans être particulièrement un « early adopter », cela fait plus de 20 ans  que j’utilise un mail et un téléphone mobile et plus de 15 ans que j’utilise les réseaux sociaux. Toutes les générations sont converties à Facebook, WhatsApp et aux photos / vidéos digitales de 9 à 99 ans. Le digital n’est donc plus vraiment une transformation culturelle : c’est une réalité du monde, certes en croissance, mais initiée depuis 20 ans ! Cette réalité crée de nouveaux risques (cybersécurité, gestion des données personnelles, addiction digitale, etc) mais recouvre aussi de vrais changements à venir : profonds, durables, structurants et profitables de façon symétrique aux clients, et aux collaborateurs… donc aux entreprises. Un des meilleurs exemples, assez tôt, a été la transformation de la FNAC qui s’est sauvé en intégrant parfaitement web et boutique dans toutes les dimensions (la vente, les RH, l’approvisionnement, le marketing-mix, etc.) et qui constitue un très beau business case, dont la cohérence stratégique est probablement plus facilement limpide a posteriori qu’a priori.

Les programmes de transformation culturelle vont donc progressivement et probablement rapidement être remplacés par des modèles intégrant pleinement le digital dans toutes les couches de l’entreprise comme un outil essentiel car vecteur de croissance, de qualité de services et d’optimisation. Certaines entreprises les plus avancées ont d’ores et déjà abandonné le modèle de gouvernance avec CDO : BBVA par exemple qui est une des banques européennes les plus avancées sur l’innovation et qui n’a plus de CDO, rôle désormais porté par Carlos Torres Vila, CEO de BBVA et… ex-CDO ! la boucle est bouclée. Just do it.

[1] http://ebusiness.mit.edu/research/Briefs/Brynjolfsson_McAfee_Race_Against_the_Machine.pdf

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