L’adoption de l’IA s’accélère dans les entreprises. Mais sans vision stratégique claire, les projets risquent de ne générer que peu de valeur, voire d’aboutir à une impasse.
Une contribution de Camille Journet, Directeur Général, Pegasystems France
L’IA n’est pas une finalité, mais un levier à aligner
Face à l’urgence technologique, de nombreuses organisations se lancent dans des projets IA sans avoir défini de stratégie structurée. Elles testent, communiquent, expérimentent… mais souvent sans cap ni cohérence globale. Résultat : une juxtaposition d’initiatives techniques sans impact mesurable.
Il ne s’agit pas de « faire de l’IA » pour suivre une tendance, mais de s’interroger sur les objectifs poursuivis, les utilisateurs concernés, les résultats attendus. L’intelligence artificielle n’est pas un bloc monolithique, mais une galaxie de technologies aux usages distincts : générative, analytique, décisionnelle, conversationnelle… Chacune répond à des logiques distinctes. Une IA générative ne remplacera jamais une IA décisionnelle dans un parcours client. Ce qui compte, ce n’est pas la puissance du modèle, mais la justesse de son usage.
Certains secteurs, comme la banque, montrent la voie : conformité, scoring crédit, analyse documentaire, etc., les cas d’usage sont clairs, priorisés, évalués. Cette approche pragmatique permet d’estimer jusqu’à 300 milliards de dollars de valeur générée à l’horizon 2030, selon une étude interbranche publiée en mars 2025.
La stratégie prime sur la technologie
Expérimenter est utile. Mais encore faut-il que ces expérimentations s’inscrivent dans une trajectoire claire, orientée résultats. Sans cela, on alimente des “preuves de concept” sans lendemain. Et on évacue les questions de fond : performance énergétique, cybersécurité, gouvernance. L’empreinte d’un modèle d’IA n’est pas un sujet théorique : une requête à un agent génératif pourrait consommer jusqu’à dix fois plus qu’une recherche web classique, selon le Conseil Économique Social et Environnemental. Optimiser n’a de sens que si l’usage est justifié.
Les chiffres de Bpifrance Le Lab le démontrent : 94 % des PME utilisatrices d’IA cherchent à améliorer l’existant, tandis que 43 % n’exploitent toujours pas leurs propres données pour piloter leur activité. La question n’est donc pas l’accès à la technologie, mais la capacité à en faire un levier pertinent.
Ce n’est pas la vitesse qui compte, mais la justesse
L’intelligence artificielle peut transformer l’entreprise, à condition de savoir pourquoi et comment on l’utilise. Ce n’est pas la course au déploiement qui fera la différence, mais la clarté du besoin, la rigueur du cadrage et la capacité à choisir la bonne IA pour le bon usage.
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