Il y a plus d’une décennie, Free bouleversait les télécoms avec une idée simple et puissante : rendre l’accès illimité à Internet abordable et sans complexité. Ce changement de paradigme ne reposait pas uniquement sur le prix, mais sur une nouvelle manière d’envisager la technologie : ouverte, transparente et pensée pour l’utilisateur.
Une contribution de Yoann Delanos, Responsable AVV IDF et leader de la practice DATA/IA, SCC France
Aujourd’hui, une même transformation s’annonce dans le domaine de l’intelligence artificielle, et en particulier de l’IA documentaire, encore trop souvent perçue comme complexe, coûteuse ou réservée à une élite technologique.
Alors que les projecteurs sont braqués sur l’IA générative, son déploiement concret dans les organisations reste marginal. Pourquoi ? Parce qu’à l’enthousiasme technologique se heurtent des freins bien réels : complexité d’intégration, dépendance à des plateformes étrangères, manque de lisibilité des offres, ou encore absence de souveraineté. Il est temps de passer à une approche pragmatique, éthique et orientée usages.
ChatGPT, catalyseur d’une nouvelle culture numérique
Avec plus de 400 millions d’utilisateurs hebdomadaires dans le monde, dont environ 16 à 20 millions en France, ChatGPT symbolise l’entrée dans une ère d’IA conversationnelle de masse. Apprendre, travailler, créer, dialoguer avec la machine : ces gestes deviennent aussi naturels que consulter un moteur de recherche.
Cette banalisation est porteuse d’opportunités immenses. Mais elle souligne aussi un paradoxe : alors que l’IA s’invite dans notre quotidien personnel, elle reste sous-utilisée dans le monde professionnel, là où elle pourrait avoir un impact décisif sur la performance, l’organisation du travail et la qualité de vie.
Une réalité silencieuse : L’inefficacité informationnelle
Aujourd’hui encore, chaque salarié perd en moyenne 450 heures par an à chercher des informations soit plus de 11 semaines de travail. Un employé sur deux doit interrompre ses collègues pour obtenir des réponses. Le coût caché de ce désordre documentaire est immense : retards, frustrations, surcharge mentale, stagnation des projets.
Et pourtant, 59% des collaborateurs se disent convaincus que l’IA pourrait les aider à travailler mieux, plus vite, plus collectivement. Mais 61% estiment ne pas savoir comment l’utiliser efficacement, faute d’accompagnement ou d’outils réellement intégrés à leur quotidien.
Une IA souveraine, accessible et conçue pour les usages réels
L’intelligence artificielle peut et doit répondre à ces enjeux très concrets. Encore faut-il la rendre utile, transparente, maîtrisable et éthique. Cela passe par le développement de solutions qui transforment des volumes massifs de données hétérogènes en assistants intelligents, fiables et contextuels.
Pour y parvenir, quatre piliers sont essentiels :
- Une infrastructure performante, avec serveurs dotés de GPU adaptés aux charges IA intensives
- Un stockage souverain et sécurisé, garantissant la confidentialité des documents
- Un moteur conversationnel avancé, basé sur la technologie RAG (Retrieval-Augmented Generation), capable de fournir des réponses sourcées et compréhensibles
- Une compatibilité native avec les sources existantes : Word, PDF, intranets, bases SQL, SharePoint, GED, etc.
Et surtout, cette solution doit pouvoir être déployée sur site ou dans des environnements maîtrisés, en respectant les contraintes techniques, réglementaires ou souveraines de chaque structure.
Des cas d’usage concrets pour tous les métiers
Il ne s’agit pas de faire une démonstration technologique, mais de répondre à des besoins métiers identifiés. Voici quelques exemples :
- Recherche documentaire accélérée et fiabilisée
- Assistants RH, juridiques, techniques ou support accessibles 24/7
- Automatisation des réponses internes ou externes
- Facilitation des audits, de la conformité et de l’archivage
- Transmission des savoirs complexes via une interface conversationnelle simple.
Dans la fonction publique, cela permettrait de répondre automatiquement à des centaines d’agents ou d’usagers, à partir de bases documentaires souvent dispersées et difficilement exploitables manuellement.
Un changement culturel autant que technologique
L’adoption d’une IA documentaire n’est pas qu’un projet IT. C’est un levier stratégique de transformation organisationnelle. Il nécessite une approche globale : gouvernance des données, cybersécurité, modélisation linguistique, accompagnement au changement, UX conversationnelle… sans oublier la formation.
Ce sont les équipes qui doivent s’approprier l’outil, en comprendre les apports, et être accompagnées dans la durée.
Construire une IA éthique, souveraine et évolutive
L’avenir de l’IA ne réside pas uniquement dans ses prouesses techniques, mais dans sa capacité à respecter les cadres éthiques, juridiques et humains qui fondent la confiance numérique. Cela implique :
- Le respect strict du RGPD et la maîtrise des flux de données,
- L’indépendance vis-à-vis des plateformes étrangères ou fermées,
- L’ouverture à différents modèles IA (open source, propriétaires ou hybrides),
- Une tarification lisible, évolutive, adaptée à toutes les tailles d’organisation.
Nous sommes à un tournant. Comme Free l’a fait avec le mobile, il est désormais possible de rendre l’IA accessible, utile et maîtrisée. Il ne s’agit pas de remplacer l’humain, mais de lui redonner le contrôle de l’information, de lui faire gagner du temps, de lui permettre de mieux collaborer, de mieux décider.
Démocratiser l’IA documentaire, c’est créer une nouvelle relation entre la donnée, le métier et la personne. Une relation plus fluide, plus intelligente, plus humaine.
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