logo_blanc
Rechercher

Antoine Guyot (CEO Jimmy) : « Nous contribuons à la décarbonation de l’industrie grâce à une nouvelle application de la fission nucléaire »

REVOLUTIONNAIRE | Jimmy est parti d’un principe : décarboner massivement l’industrie. Pari réussi pour Antoine Guyot et Mathilde Grivet, ces deux jeunes ingénieurs. Interview.

 

Quel est le principe de Jimmy ?

Antoine Guyot : Jimmy est un fournisseur de chaleur industrielle décarbonée. Pour produire de la chaleur, les industriels sont bloqués : ils n’ont pas d’autre choix économique que de se tourner vers les énergies fossiles comme le gaz pour leurs procédés. Chez Jimmy, nous concevons des générateurs thermiques basés sur la fission nucléaire qui n’émettent pas de CO2 pour remplacer les brûleurs fossiles. Ces générateurs s’installent sur les sites industriels existants et utilisent une technologie de mini-réacteurs sûrs intrinsèquement, qui fonctionnent à l’uranium. Nous voulons ainsi proposer aux industriels de la chaleur décarbonée et moins chère que les énergies fossiles. Notre ambition est de nous appuyer sur le savoir-faire industriel français pour décarboner massivement l’industrie.

Pour ce faire, nous cherchons à standardiser le plus possible afin de s’adapter à un maximum de sites. Dès notre premier modèle, cela nous permet d’imaginer toucher plus de 500 sites industriels rien qu’en France. Et nous envisageons bien sûr de proposer la solution en Europe, puis dans le monde. 

 


Antoine Guyot : Les industriels sont à court de moyens pour tenir leurs objectifs de décarbonation “Net Zéro » en 2030 ou 2050


 

Comment est née cette idée ? 

Le secteur industriel contribue très largement aux émissions de gaz à effet de serre, aussi bien sur le territoire national que dans le monde. Sa consommation de chaleur haute température, notamment, est particulièrement polluante car majoritairement issue des énergies fossiles. En plus de cela, les industriels ressentent une pression écologique de plus en plus forte, de la part de l’Etat et de leurs clients. 

Face à l’impératif de décarboner leur chaleur, les industriels sont à court de moyens pour tenir leurs objectifs de décarbonation “Net Zéro » en 2030 ou 2050.  C’est en partant de ce constat que Mathilde Grivet et moi-même avons imaginé Jimmy. Nous voulons contribuer à la décarbonation de l’industrie grâce à une nouvelle application de la fission nucléaire – la fourniture de chaleur et non d’électricité – avec un dimensionnement qui permette d’être moins cher que le gaz. Afin de pouvoir fournir une telle offre, nous avons sélectionné une technologie de réacteur déjà connue et sûre intrinsèquement.

 

Antoine Guyot et Mathilde Grivet, les deux cofondateurs de Jimmy

 

Quels sont les objectifs de Jimmy à court terme ?       

A court terme, notre objectif est d’allumer notre premier générateur début 2026. Pour cela nous parallélisons les 4 tâches principales : nous continuons de faire croître notre équipe d’ingénieurs géniaux, nous préparons le site de notre premier client et commençons les visites des prochains, nous amorçons les premières phases réglementaires auprès de l’Autorité de Sûreté Nucléaire et nous préparons la production, en particulier en nous appuyant sur le programme France 2030.

Quel est votre modèle économique ?

Nous sommes un fournisseur d’énergie, c’est-à-dire que nos revenus proviennent de la vente de la chaleur à nos clients : un peu comme EDF, qui facture ses clients à la consommation. En termes de positionnement, Jimmy est un concepteur-exploitant : nous concevons le système en interne, et nous nous appuyons sur nos partenaires industriels pour le fabriquer et le mettre en service. Ensuite, nous exploitons en télé-opération le système installé chez l’industriel, tout en nous appuyant là encore sur des sous-traitants pour les opérations “physiques” de maintenance. 

 


Antoine Guyot : C’est le désir d’innover qui m’a mené à l’entrepreneuriat


 

Pourquoi avez-vous choisi de devenir entrepreneur ?

Le fait d’être entrepreneur n’est pas vraiment un choix conscient que j’ai fait. On se réveille pas en se disant “Je vais être entrepreneur”. D’autant plus que c’est pas forcément un métier qu’on conçoit clairement ou qu’on nous présente en école. Simplement, quand vous voyez une solution à un problème, qu’il faut la mettre en place et que si vous ne le faites pas, personne le fera, l’entrepreneuriat est la manière de le faire. Finalement c’est le désir d’innover qui m’a mené à l’entrepreneuriat

Avez-vous envie de faire passer un message en particulier ?

Comme c’est un sujet que nous voyons rarement pendant nos études, peu de gens savent vraiment comment marche la fission, alors que c’est un phénomène qu’on a maîtrisé bien avant le transistor, le walkman, le micro-onde, la télévision couleur,…. Du coup on se retrouve dans la même situation que lorsque l’électricité est arrivée dans nos foyers: une grande partie de la population est méfiante vis à vis de cette technologie méconnue. A l’époque, il y avait comme ça des organisations anti-électricité car le danger d’électrocution nourrissait tous les fantasmes. On recommande donc chaudement d’aller voir les C’est Pas Sorcier qui expliquent vraiment bien les bases et de nous envoyer des messages sur [email protected] si vous avez des questions!

 

LE + FORBES : Elon Musk rachète Twitter


 

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC