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Pour casser les codes, il faut une culture de la tech plus inclusive

tech@GettyImages

Ce n’est pas pour rien si Ada Tech School a emprunté son nom à celui d’Ada Lovelace, célèbre programmeuse informatique du XIXe siècle… Fondée en 2019, l’école de code se veut inclusive et espère voir les femmes et toutes les autres minorités sociales investir davantage le numérique. Implantée à Paris et Nantes et formant environ 200 talents par an, Ada Tech School ouvre en octobre un nouveau campus à Lyon.

Cet article est issu du numéro 23 – été 2023 de Forbes France 

 

Comment est venue l’idée de créer Ada Tech School ?

CHLOÉ HERMARY : J’avais 24 ans lorsque j’ai créé Ada Tech School. L’idée qu’entreprendre était une voie possible ne m’est venue qu’en dernière année à HEC, avec un programme de master qui permettait de se lancer sur les bancs de l’école. J’étais convaincue que l’école ratait son rôle d’empowerment, beaucoup en sortent sans savoir ce qu’ils souhaitent faire de leur vie. La tech est une opportunité mais on forme mal les étudiants au futur du travail. Résultat : 40 % des emplois sont non pourvus. À cela s’ajoute un manque de diversité très marqué : peu de femmes (seulement 10 % des postes de développeurs sont occupés par des femmes) mais aussi, bien qu’on ait peu de chiffres en France, une très faible diversité d’origines, de classes sociales, d’âges, etc. Non seulement on se prive d’un énorme vivier de talents, mais aussi les solutions technologiques utilisées dans la vie de tous les jours se retrouvent avec des biais de conception importants.

 

Comment faites-vous pour développer une pédagogie plus inclusive ?

C.H. : Il faut déjà arrêter de raconter l’histoire des mathématiques sous le même angle, qui met en scène la figure du « jeune homme geek » que souvent les recruteurs qualifient de « mercenaire » qui s’échappe dès qu’un meilleur salaire lui est proposé. Cet imaginaire opère une déconnexion profonde entre la technique et l’humain et pousse même les entreprises à s’armer de coachs agiles pour compenser le manque de communication avec les équipes techniques.

Il faut favoriser la compréhension du numérique dès le plus jeune âge. Cela ne se limite pas qu’au technique et les élèves doivent comprendre l’histoire d’internet ou des réseaux avant de savoir coder. Ada Tech School s’emploie à raconter une autre histoire de l’informatique pour que les jeunes quels que soient leur sexe, leur origine sociale ou ethnique puissent s’identifier. J’en suis convaincue : pour casser les codes, il faut adopter une nouvelle culture de la tech plus inclusive.

 

Selon vous, les quotas sont-ils efficaces pour favoriser l’inclusion dans la tech ?

C.H. : Les quotas sont des mesures correctives qui peuvent être utiles pour aller plus vite vers une forme de mixité imposée. Mais nous n’avons pas besoin de cela et nous avons dès le début présenté notre programme comme volontairement « féministe » et accessible à tous et toutes. Il n’y a pas de conditions de diplômes ou de tests techniques pour nous rejoindre et seules des compétences de proactivité, de persévérance et de travail en équipe sont nécessaires. Notre formation se déroule sur deux ans (9 mois de formation à l’école et 12 mois d’alternance) et c’est assez intéressant financièrement pour les entreprises. Néanmoins, le marché des talents du numérique est tellement pénurique que les organisations se retrouvent à attendre jusqu’à six mois avant de pouvoir recruter. Un temps trop long pour les start-up en hyper croissance. Les entreprises doivent s’emparer du sujet pour créer un environnement professionnel favorable aux minorités et accepter que les profils plus juniors ne seront peut-être pas des superstars du code mais auront d’autres compétences précieuses à faire valoir. Encore aujourd’hui, par exemple, une femme sur deux quitte la tech dix ans après l’avoir rejointe.

 


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