Les agents d’intelligence artificielle sont au cœur de la dernière effervescence observée dans le monde des entreprises et de la technologie grand public.
Les agents d’intelligence artificielle représentent probablement le prochain grand saut dans le domaine de l’IA générative, après des innovations telles que ChatGPT et d’autres chatbots à grand modèle de langage. Là où ces derniers se contentent de répondre à des questions ou de générer du contenu, les agents d’IA vont plus loin : ils peuvent interagir avec divers outils et services pour accomplir des tâches complexes en notre nom.
Bien que cette technologie ne soit pas encore parvenue à la popularité massive qu’ont connue les chatbots LLM lors de l’arrivée de ChatGPT, il est indéniable qu’elle est en marche. Son impact, lorsqu’elle se généralisera, sera considérable, car nous nous tournons de plus en plus vers des assistants d’IA pour nous assister dans divers aspects de notre quotidien. Cependant, la confusion persiste autour de cette technologie. Voici donc cinq mythes courants à démystifier concernant les agents d’IA.
Mythe 1 : Les agents ne sont que des chatbots améliorés
La principale distinction des agents d’IA par rapport aux chatbots réside dans leur capacité à ne pas se limiter à la communication, mais à passer à l’action. Contrairement aux chatbots, qui se contentent de répondre à des requêtes, les agents peuvent entreprendre des actions concrètes, notamment des interactions avec des sites web, des services numériques et des logiciels. Cela ouvre la voie à une automatisation significative de nombreuses tâches quotidiennes, allégeant ainsi notre charge de travail.
Sur le plan technique, cette capacité repose sur une architecture plus complexe que celle des chatbots. Au lieu d’être alimentés par un simple modèle de traitement du langage, comme c’est le cas pour les chatbots, les agents intègrent une combinaison d’outils et d’applications spécialisés, chacun dédié à une tâche particulière. Ces outils sont organisés de manière hiérarchique, avec un modèle LLM puissant qui agit comme chef d’orchestre, coordonnant et déléguant les tâches nécessaires à la réalisation du travail. Si les chatbots et les agents utilisent une technologie similaire, les agents vont bien au-delà de la simple réponse : ils offrent une assistance pratique, intégrant l’IA de manière utile et significative dans notre quotidien.
Mythe 2 : Les agents ne peuvent accomplir qu’un nombre restreint de tâches
Il est vrai que les premiers outils agentiques destinés aux consommateurs, comme OpenAI Operator, avaient des limitations. Cependant, dans un futur proche, les agents d’IA seront en mesure de gérer quasiment toutes les tâches que nous effectuons habituellement avec nos smartphones. Cela pourrait inclure la gestion de notre emploi du temps, les achats en ligne, la planification de nos déplacements, la prise de rendez-vous pour des services comme les soins de santé ou l’entretien de notre voiture, la réservation de taxis, la gestion de nos finances, et bien plus encore.
Ce progrès semble imminent, compte tenu de la rapidité avec laquelle les technologies d’IA ont évolué par le passé. Prenez l’exemple de ChatGPT : lancé il y a un peu plus de deux ans, il a considérablement évolué, intégrant des fonctionnalités comme la mémoire, la navigation sur le web, la vision, la parole, et désormais des capacités agentiques.
Actuellement, les agents d’IA se concentrent principalement sur la navigation web, les achats en ligne et la création de sites web simples. Mais dans un avenir proche, ces agents pourraient générer des œuvres créatives complètes, gérer des entreprises, ou même concevoir des mondes virtuels peuplés de personnages interactifs.
Mythe 3 : Les agents d’IA ne peuvent pas être dupés ou manipulés
On pourrait croire qu’une intelligence artificielle très avancée est imperméable à la tromperie. Pourtant, ce n’est pas le cas. Des recherches récentes ont montré qu’il est possible de piéger certains agents utilisant la vision artificielle, par exemple en les incitant à cliquer sur des publicités ou des liens en leur faisant croire qu’ils contiennent l’information recherchée.
Ce type de vulnérabilité ouvre la voie à tout un éventail de pratiques, allant de la stratégie marketing à des manipulations malveillantes. De nouveaux terrains de jeu, à la fois éthiques et criminels, émergent déjà autour de l’idée d’influencer ou de détourner les actions des agents d’IA. À mesure que ces outils prendront des décisions à notre place, ils deviendront des cibles à part entière de formes inédites de cybercriminalité.
Parallèlement, ces agents représentent une nouvelle audience pour les entreprises : celles capables de formuler leur offre de manière lisible et convaincante pour des intelligences artificielles auront une longueur d’avance.
Mythe 4 : L’IA agentique et l’IA générale représentent la même chose
Dans le foisonnement de termes autour de l’intelligence artificielle, il est facile de confondre IA agentique et AGI (intelligence artificielle générale). Pourtant, il s’agit de deux notions distinctes. L’AGI désigne une intelligence artificielle capable de raisonner de manière aussi flexible qu’un humain, en généralisant ses compétences pour résoudre des problèmes dans des domaines variés, même sans y avoir été spécifiquement entraînée.
L’IA agentique, de son côté, ne cherche pas à imiter l’intelligence humaine dans son ensemble, mais à accomplir des tâches concrètes en toute autonomie, en s’appuyant sur des outils spécialisés et des boucles de rétroaction qui lui permettent de s’améliorer progressivement. Autrement dit, les agents peuvent agir et apprendre, mais dans un cadre encore limité.
Cela dit, ces agents représentent une avancée technologique qui pourrait, à terme, ouvrir la voie vers l’AGI. Si certains experts, comme Sam Altman, PDG d’OpenAI, estiment que cette étape décisive pourrait survenir très bientôt, d’autres rappellent que la véritable intelligence artificielle générale reste, pour l’instant, un horizon lointain.
Mythe 5 : Les agents d’IA peuvent fonctionner sans intervention ni supervision humaine
On présente souvent l’IA agentique comme autonome, capable de mener à bien des tâches complexes sans aide extérieure. En réalité, la laisser opérer sans supervision humaine serait une erreur.
Si ces agents peuvent agir pour nous, ils restent avant tout des outils. Et comme pour tout outil puissant, c’est à l’humain qu’incombe la responsabilité des résultats. L’IA agentique est encore jeune, sujette à des erreurs fréquentes, et reste inférieure aux humains sur de nombreuses tâches selon les critères actuels. D’où l’importance cruciale du contrôle et de la responsabilité humaine.
Cela vaut autant pour les particuliers utilisant des assistants automatisés que pour les entreprises intégrant ces technologies dans leurs processus. Il faudra veiller à ce que les données soient utilisées de manière transparente, comprendre comment elles alimentent les décisions automatisées, et conserver des leviers d’intervention lorsque des erreurs surviennent ou que des pratiques posent question.
En somme, si les agents d’IA annoncent une nouvelle ère, leur intégration responsable reposera sur notre capacité à encadrer, superviser, et imposer des garde-fous éthiques durables.
Une contribution de Bernard Marr pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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