Dix ans se sont écoulés depuis l’Accord de Paris. Dix années de promesses, d’alertes, de trajectoires parfois déviées, au cours desquelles le climat est passé d’un sujet de sommet diplomatique à une urgence planétaire visible dans nos villes, nos forêts, nos corps. Pour y faire face, Al Gore propose une tournée mondiale de mobilisation et d’action.
Un article de Rosalie MANN, issu du numéro hors-série Forbes Sustainability
Depuis près de deux décennies, Al Gore, ancien vice-président des États-Unis et prix Nobel de la paix, n’a cessé d’alerter, de transmettre et de mobiliser autour de l’urgence climatique. Son documentaire devenu culte, Une vérité qui dérange, avait déjà, en 2006, marqué un tournant dans la perception publique de la crise écologique.
Aujourd’hui, son Reality® Tour, lancé en mars dernier à Paris – dans la ville même où fut signé l’accord historique de 2015 – par The Climate Reality Project, l’ONG qu’il a fondée, s’impose comme la suite logique et nécessaire de son engagement visionnaire. Diffusée en ligne pour toucher des millions de personnes, cette tournée mondiale qui ne se contente plus d’informer a été conçue pour bousculer les consciences, les dirigeants et les inerties.
Alors que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, que les mégafeux, les sécheresses et les inondations se succèdent sans répit, Al Gore est revenu à Paris – pas pour célébrer, mais pour agir.
Mais ne nous trompons pas : le Reality® Tour n’est pas une simple tournée de conférences. C’est une mobilisation mondiale en temps réel, portée par la science et, pour la première fois dans l’histoire, doublée avec la voix d’Al Gore en 12 langues grâce à une technologie d’intelligence artificielle de pointe développée par Metaphysic. Chacun, quel que soit son pays, peut désormais comprendre ses propos, s’approprier et agir à son échelle. Une étape essentielle pour créer un élan mondial.
Son message : le temps n’est plus à la sensibilisation, mais à l’action. Ce que propose le Reality® Tour n’est pas une conférence de plus : c’est une expérience collective, une plongée dans la réalité du changement climatique à travers des données précises, des témoignages percutants et, surtout, des solutions concrètes et accessibles.
Le cœur de la démarche de l’ancien vice-président ? Transformer l’anxiété climatique en action collective : « La réalité de cette crise est partout autour de nous. Les impacts climatiques s’aggravent plus vite que notre capacité à y répondre. Il est temps de raviver le leadership mondial face à cette urgence », affirme-t-il.
Dans un contexte de hausse des émissions, des températures et des discours anticlimat, la tournée 2025 comprendra également des formations en présentiel à travers le monde, avec des événements majeurs à Paris, Nairobi, Rio de Janeiro et Oulan-Bator. Les bureaux régionaux de Climate Reality dans neuf pays organiseront également des événements satellites tout au long de l’année.
Al Gore le rappelle : « Nous déversons chaque jour 175 millions de tonnes de pollution issue du réchauffement climatique dans la fine enveloppe de notre atmosphère – comme si c’était une décharge à ciel ouvert. »
Un fossé entre l’urgence et l’action
« 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Et les dix dernières années ont toutes battu des records de chaleur. Nous ne sommes plus dans le domaine de la prévision, mais dans celui de la constatation », ajoute-t il.
Dix ans après l’Accord de Paris, les chiffres sont implacables : les émissions mondiales continuent d’augmenter et l’été 2022, responsable de 61 672 morts liées aux vagues de chaleur, sera la nouvelle norme dès 2035 si rien ne change.
Le Reality® Tour veut inverser cette trajectoire. Il offre des formations intensives, des ateliers pratiques, un réseau mondial d’activistes locaux et une plateforme en ligne pour faire résonner le message jusqu’à la COP30, qui se tiendra du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, dans l’État du Pará, en Amazonie brésilienne.
Un sursaut collectif est encore possible
Dans ce monde surchauffé, désinformé, saturé de crises, le courage devient une ressource stratégique. Al Gore, fidèle à sa mission, refuse le fatalisme. Le Reality® Tour est sa réponse, une invitation à se lever.
Participer à cette tournée de mobilisation, c’est se reconnecter à l’essentiel : notre capacité à transformer le monde, ensemble. C’est dire oui à un futur vivable, désirable, et encore possible : « La crise climatique est une opportunité dissimulée de reconstruire un monde plus juste, plus propre, plus solidaire. »
Participer au Reality® Tour, c’est devenir leader du changement. C’est rejoindre les 3,8 millions de membres du Climate Reality Project, parmi lesquels des élus, des scientifiques, des entrepreneurs, des étudiants, des citoyens. C’est cesser d’attendre.
À Cannes et à Nice, dans le cadre de la 3e Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC), en juin prochain, ce message prendra une résonance toute particulière.
« L’énergie piégée par la pollution liée au réchauffement climatique d’origine humaine équivaut désormais à l’explosion de 750 000 bombes atomiques de type Hiroshima chaque jour, 365 jours par an », martèle James Hansen, climatologue, ancien directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA.
Et si 2015 a marqué un tournant grâce à l’Accord de Paris, 2025 pourrait bien devenir le point d’inflexion – ce moment où le monde, une fois encore, se rassemble. Cette fois, non pas pour signer un accord, mais pour l’appliquer pleinement, lucidement, collectivement.
Car, Al Gore le souligne, l’action est plus nécessaire que jamais : « L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement : elle chauffe à un rythme deux fois supérieur à la moyenne mondiale. Il nous faut agir. »
PROCHAINES ÉTAPES DU “REALITY® TOUR” :
• Nairobi, Kenya : juin 2025
• Rio de Janeiro, Brésil : 15–17 août 2025
• Oulan-Bator, Mongolie : octobre 2025
• + des événements locaux dans neuf pays, et une plateforme mondiale multilingue accessible à tous www.climaterealityproject.org/training
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