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Twitter, Facebook et Telegram permettent à la Russie de mener de grandes campagnes de désinformation

désinformationMarioupol sous les bombardements, Ukraine, le 14 mars 2022. Getty Images

Les autorités russes ont tissé une toile de fausses informations sur les médias sociaux à propos de l’attaque de leurs forces contre un hôpital ukrainien la semaine dernière, malgré les tentatives antérieures des plateformes pour mettre fin à cette campagne de désinformation.

 

Près de 20 comptes Twitter, Facebook et Telegram appartenant à des ambassades russes ont diffusé cette désinformation, qui vise à discréditer les informations selon lesquelles la Russie a bombardé l’hôpital de Marioupol et sa maternité, tuant deux adultes et un enfant et faisant 17 blessés. L’incident a suscité les critiques de la Maison Blanche et d’autres dirigeants occidentaux, tandis que le président ukrainien Zelensky l’a qualifié d’ « atrocité ». La photo d’une femme enceinte transportée sur une civière hors des décombres a été largement diffusée sur les médias sociaux et est rapidement devenue l’une des images les plus dramatiques de l’invasion russe en Ukraine. Elle et son bébé sont morts par la suite.

L’ambassade de Russie en Grande-Bretagne a publié jeudi dernier plusieurs tweets concernant l’hôpital, affirmant à tort que l’établissement avait été vidé et servait plutôt d’avant-poste militaire. Elle a ensuite affirmé à tort que les images de la tragédie avaient été mises en scène, en faisant appel à des acteurs de crise, dont une personnalité populaire. Twitter a supprimé les tweets. Mais au cours de la semaine écoulée, le même type de désinformation concernant l’hôpital a été diffusé par les ambassades russes au Japon, au Danemark, en Grèce et dans 16 autres pays, touchant un public de plus de 2,4 millions de personnes sur Twitter uniquement, selon les recherches de FakeReporter, un groupe israélien de surveillance de la désinformation.

Ce dernier exemple de faux contenu russe sur la guerre souligne la capacité continue du pays à armer les médias sociaux et, dans ce qui s’apparente à une partie de jeu de la taupe à enjeu élevé, l’incapacité de ces plateformes à faire grand-chose à ce sujet. La désinformation distribuée par la Russie ou par des acteurs pro-russes s’est répandue sur presque tous les principaux réseaux sociaux au cours des deux dernières semaines, une rivière de faux contenus sur les nazis dans le gouvernement ukrainien, les laboratoires militaires sous contrôle ukrainien, et même sur le milliardaire George Soros qui finance secrètement la résistance de l’Ukraine contre la Russie.

La désinformation de l’hôpital de Marioupol met tout cela en évidence – Twitter interdisant le contenu à un endroit alors qu’il prospère ailleurs. « Si le contenu posté par l’ambassade de Russie au Royaume-Uni est un mensonge, c’est un mensonge partout ailleurs », déclare Achiya Schatz, directeur exécutif de FakeReporter. « Ces chaînes russes sont désormais des ambassades de guerre. Elles diffusent de la désinformation pour confondre les masses, cacher les victimes et aider le Kremlin à poursuivre et normaliser l’invasion. » (Twitter, Facebook et Telegram n’ont pas pu être joints immédiatement pour un commentaire).

Sur Twitter, l’ambassade de Russie au Danemark a publié une vidéo d’une minute qui affirmait de manière inexacte que les images de l’hôpital ne montraient que des meubles et des vidéos brisés et aucune personne. Elle a montré l’image de la femme sur une civière, en y collant une grande étiquette rouge « FAKE », une tentative d’imiter ce que les chercheurs authentiques ont essayé de faire pour distinguer les images réelles et inauthentiques de la guerre. On y trouve également les affirmations démenties selon lesquelles le mannequin ukrainien d’Instagram aurait posé pour les photos.

La vidéo ou une version de celle-ci a également été partagée sur les comptes Twitter des ambassades russes au Pérou, en Argentine et au Cambodge. Les ambassades russes au Panama, en Suède et en Mongolie ont également publié des photos et des textes à son sujet. Au Japon, l’ambassade de Russie a tweeté l’information en trois langues différentes : russe, anglais et japonais.

La Russie se sert également de Facebook. Elle a diffusé des vidéos, des photos et des textes similaires sur les pages de ses ambassades au Japon, en Jamaïque, en Grèce, au Costa Rica, au Danemark, en Tunisie et en Islande. Jeudi après-midi, la société avait supprimé le contenu posté dans ces trois derniers pays, alors qu’il restait disponible au Japon, en Jamaïque, en Grèce et au Costa Rica.

Et sur Telegram, le message a été diffusé par les ambassades russes en Espagne, au Cambodge et en Irlande, ainsi que par la chaîne Telegram contrôlée par le ministère russe des Affaires étrangères. Sur la chaîne gérée par le ministère, les autorités ont mis en ligne une version de la vidéo et ont déclaré que le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et des « organes d’enquête indépendants » anonymes avaient conclu que les rapports sur l’attentat à l’hôpital étaient un « canular ». Le ministère a également critiqué Twitter pour avoir supprimé les tweets de l’ambassade de Russie au Royaume-Uni.

Le message publié sur la chaîne Telegram du ministère se termine en implorant les lecteurs avec un hashtag : #Think4Yourself.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Abram Borwn

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