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Parentalité en entreprise : une charge mentale encore peu prise en compte

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Parentalité en entreprise : une charge mentale encore peu prise en compte

Alors que 89 % des salariés français ont des responsabilités familiales, la parentalité reste encore un angle mort des politiques RH.

C’est le constat dressé par une étude OpinionWay menée pour Teale et Les Parents Zens. En interrogeant plus de 600 salariés-parents, l’enquête met en lumière la surcharge mentale professionnelle induite par la parentalité, ainsi que l’insuffisance des réponses apportées par les entreprises. Un manque de reconnaissance aux conséquences parfois lourdes : désengagement, renoncements professionnels, et fuite des jeunes talents.

La parentalité n’est pas un enjeu restreint à la vie privée puisqu’elle pèse directement sur la santé mentale et les trajectoires professionnelles des salariés. Un tiers des parents interrogés estime que l’arrivée d’un enfant a affecté leur carrière. Ce chiffre grimpe à 43 % chez les femmes, qui sont 24 % à avoir réduit leur temps de travail, et 17 % à avoir renoncé à une évolution professionnelle.

Le retour de congé parental se révèle particulièrement difficile : 45 % déclarent avoir souffert d’un manque de flexibilité, d’un isolement vis-à-vis des collègues, ou d’une pression à prouver leur engagement. Pourtant, 60 % des employeurs n’ont mis en place aucun dispositif d’accompagnement. Même lorsqu’ils existent, seuls 16 % des parents jugent ces dispositifs réellement utiles.


Tabous, rigidité RH et générations en décalage

Pourquoi la parentalité reste-t-elle si peu prise en charge ? D’abord, parce que l’entreprise fonctionne encore sur un modèle implicite, celui où le salarié est disponible, sans contraintes familiales, de 9h à 18h.

« Aujourd’hui, on demande aux parents de faire comme si leur vie familiale n’existait pas. C’est absurde », tranche Marine Desandre, cofondatrice des Parents Zens.

Ce tabou persistant fragilise surtout les jeunes actifs, pour qui l’équilibre vie pro/vie perso est devenu un critère décisif de fidélité à l’entreprise. 53 % des parents de moins de 35 ans ont déjà envisagé de changer d’employeur pour une organisation plus « family friendly » ; 14 % l’ont déjà fait. Ces attentes générationnelles, bien au-delà des simples crèches d’entreprise, portent sur le soutien psychologique, le coaching parental ou la reconnaissance symbolique du rôle de parent. L’absence d’empathie ou de dispositifs concrets alimente la frustration et la déconnexion.

Des coûts invisibles aux leviers d’action concrets

L’absence de politique parentale adaptée n’est pas sans conséquence pour l’entreprise. Charge mentale accrue, stress, isolement, renoncements… Ces signaux faibles minent à long terme l’engagement et la performance. Et pourtant, des solutions existent. Les organisations qui investissent dans la parentalité constatent une meilleure fidélisation, une réduction de l’absentéisme et un gain de productivité. 

Encore faut-il mettre en place des dispositifs adaptés : horaires flexibles (cités par 33 % des répondants), crèches d’entreprise (19 %), soutien psychologique, accompagnement des parents, voire reconnaissance au sein des équipes. Dans les TPE, où la proximité managériale est plus forte, 90 % des salariés se disent en bonne santé mentale, contre 76 % dans les grands groupes.

Face à cette urgence sociale et économique, le baromètre OpinionWay sonne comme un appel : « moins de babyfoot, plus de baby-plans », résume le rapport. Pour sortir de ce non-dit, les entreprises doivent repenser leurs politiques RH : non pas en dépit de la parentalité, mais avec elle.

Etude réalisée par OpinionWay pour Teale et Les Parents Zens auprès d’un échantillon de 609 parents salariés, entre le 16 et le 24 avril 2025.


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