L’Europe est à un tournant stratégique. Les prochaines années seront déterminantes : elle devra choisir entre la souveraineté numérique ou la soumission à des puissances étrangères.
Une contribution d’Antony Derbes, Président d’Open Lake Technology
Alors que l’Europe se rêve stratège et renforce ses efforts pour réguler les géants technologiques, ses données s’endorment encore trop souvent dans les bras des GAFAM. Derrière chaque fichier stocké, chaque algorithme entraîné, se cache une dépendance structurelle que nous ne pouvons plus nous permettre.
À l’heure où la réglementation européenne se fait plus ferme, la loi sur les services numériques (DSA) et la loi sur les marchés numériques (DMA) s’attaquent directement aux monopoles des grandes entreprises tech, force est de constater que les infrastructures restent encore sous perfusion étrangère. Pendant que les startups innovent, les infrastructures manquent cruellement d’autonomie.
Il est temps de faire un choix clair : construire des technologies qui appartiennent à ceux qui les utilisent. Pas à une puissance étrangère. Pas à une boîte noire. Et surtout, pas à une poignée d’acteurs trop puissants pour être remis en question.
Il ne s’agit pas de replier le numérique sur lui-même. Il s’agit de lui rendre sa liberté. Car l’autonomie technologique, ce n’est pas un luxe : c’est une assurance-vie. Pour les entreprises, les institutions, les citoyens.
Cloud souverain, infrastructures locales, IA responsable, open source, protection des données : ces mots ne doivent plus être des éléments de langage. Ils doivent être des actes. En 2025, il n’est plus possible d’attendre qu’une crise géopolitique ou un scandale de violation de données nous réveille. L’Europe doit désormais se poser la question suivante : voulons-nous maîtriser notre avenir technologique ? Ou préférons-nous continuer à louer notre autonomie, gigaoctet après gigaoctet, à des acteurs étrangers ?
L’urgence est là, mais elle peut aussi être une formidable opportunité. Nous avons les talents. Nous avons les idées. Ce qui nous manque, c’est la volonté politique et économique de reprendre la main et d’investir massivement dans nos infrastructures.
La souveraineté numérique ne se déclare pas. Elle se bâtit. Ligne de code après ligne de code. Data center après data center. Homme après homme. Et il est grand temps d’agir.
Il est temps d’ouvrir les yeux. Et de construire, enfin, une tech à l’image de l’Europe : exigeante, libre, et ambitieuse.
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