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Le retour en force du ruissellement grâce à la juste répartition de la valeur

ruissellement@GettyImages

SOCIÉTÉ  | Ces derniers mois pendant lesquels le débat public est orienté sur les retraites, le fleuve de l’opinion a ressuscité une question économique majeure : le ruissellement existe-t-il ? Cette théorie imagée apparaît dans les années 1980 avec l’avénement de Ronald Reagan et Margaret Thatcher aux États-Unis et en Grande-Bretagne, deux libéraux convaincus. Dans un ouvrage récent qui lui est consacré, Arnaud Parienty, professeur de sciences économiques et sociales à Sciences po Paris, distingue trois types de ruissellement : 

 

• Le ruissellement « naïf » : la redistribution vers les plus favorisés est consommée par ces derniers et améliore le sort des plus pauvres.

• Le ruissellement « faible » : les sommes redistribuées aux plus favorisés mettent en branle des mécanismes favorables à la croissance et améliorent ainsi les salaires des plus pauvres ; l’épargne est canalisée sous forme d’investissement.

• Le ruissellement « fort » : le gain de richesses permis par les dépenses et investissements des plus riches permet non seulement de générer de la croissance, mais augmente aussi les recettes fiscales de l’État, pour le bien commun.

 

Pourtant, depuis les années 80 et l’époque reaganienne, les spécialistes ne se revendiquent plus de la théorie du ruissellement. Dans les « élites », la figure du trader a perdu de sa superbe, on ne rêve plus d’argent facile qui se redistribuerait par de la consommation ostentatoire de produits de luxe. Dans les grandes écoles de commerce, la tendance est massivement à l’entrepreneuriat ou à l’économie sociale et solidaire.

En 2023, on arrive pourtant à distinguer un bon et un mauvais ruissellement comme on distingue un bon et un mauvais cholestérol. Le mauvais étant celui qui ne produit que du vent et de l’artificiel, le bon, celui qui crée de l’emploi et des perspectives d’avenir.

 

Premièrement, le ruissellement, par la baisse de certains impôts, crée indéniablement un état d’esprit, un « mindset » comme disent les Américains. Récemment, les succès rapides de pays comme Dubaï réinterrogent les adeptes de la décroissance. En France, même l’élection d’Emmanuel Macron qui a acté la fin de l’ISF et l’avènement de la flat tax a détendu les plus aisés. Les financiers investissent désormais dans les renouvelables et les avantages fiscaux accordés à ces secteurs devraient profiter au bien commun.

 

Deuxièmement, le ruissellement peut aussi se concrétiser « par la base ». Le débat actuel sur la répartition de la valeur a accouché d’un accord entre les partenaires sociaux. Alors que ces derniers s’écharpent sur la réforme des retraites, ils ont réussi à converger pour que le ruissellement des profits au sein des sociétés se matérialise au bénéfice des salariés.

 

Dans cet équilibre, comment continuer à croire que la valeur créée ne profite jamais aux salariés ? Gageons qu’avec ces nouvelles formes de participation, le ruissellement aura trouvé de la force et des canaux directs. Contrairement aux invectives des prêcheurs de haine anti-riches, personne ne peut croire que la France est un paradis fiscal dont le robinet de richesses a été fermé, elle est tout simplement le pays le plus taxé de l’OCDE. En conclusion, oui au ruissellement, à condition qu’il soit organisé avec intelligence et souci d’équilibre.

 

Un article rédigé par: Par JONAS HADDAD, COPRÉSIDENT DE LA FONDATION CONCORDE ET AVOCAT

 

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