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Le « regard de la Gen Z » : ce qu’il signifie et pourquoi les employeurs ne peuvent pas se permettre de l’ignorer

Gen Z
Le regard de la Gen Z. | Source : Getty Images

La génération Z fait beaucoup parler d’elle ces derniers temps, provoquant une onde de choc dans le monde du travail avec ce qu’on appelle le « regard de la Gen Z ». Il s’agit d’un regard fixe, vide et inexpressif, observé dans diverses situations sociales. Si de nombreux détracteurs réduisent ce regard à une expression idiote et désengagée, les experts affirment que ces interprétations superficielles sont réductrices et que les membres de la Gen Z sont mal jugés. Selon eux, le « regard de la Gen Z » cache quelque chose de plus profond, de plus significatif et de bien plus sérieux que ce que l’on voit à première vue.

 

Qu’est-ce que le « regard de la Gen Z » ?

Le « regard de la Gen Z », un regard fixe, semblable à celui d’un zombie, est difficile à déchiffrer. Cette expression vide et détachée apparaît lors des réunions au travail et dans les interactions quotidiennes avec les clients.

Les critiques s’en prennent souvent à ce regard, portant des jugements hâtifs sur sa signification : ennui, indifférence, supériorité, jugement ou simple bêtise, voire regard meurtrier. La réputation déclinante de la Gen Z fournit peut-être un contexte négatif à ces jugements hâtifs. Dans le passé, la Gen Z a été qualifiée d’anticonformiste et de difficile à gérer. Ses membres sont prêts à quitter un emploi si celui-ci ne privilégie pas l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et une culture saine, et s’attendent à une promotion dans un délai d’un an ou moins.


Cependant, parfois, les critiques à son encontre sont trop sévères et partiales. Selon les experts, le regard vide dans les situations sociales, où une réponse verbale est plus courante, en dit long sur l’évolution de la culture d’entreprise, les fossés générationnels en matière de communication et le fossé grandissant entre la Gen Z et la culture traditionnelle du bureau.

Joe Galvin, directeur de la recherche chez Vistage, explique que ce regard fixe peut souvent être interprété à tort comme un désengagement, un désintérêt, voire un signe de défiance. « À l’instar de tendances passées telles que le “quiet quitting”, le “regard fixe de la Gen Z” est plus qu’un simple mot à la mode viral. Ce n’est pas un problème nouveau, mais il est omniprésent et met en évidence un problème plus large dans le monde du travail actuel : un fossé générationnel croissant dans la communication et les attentes des employés », affirme Joe Galvin.

Les jeunes générations abordent le travail différemment. Pendant la pandémie, les écrans d’ordinateur ont remplacé les contacts face à face, privant la Gen Z d’interactions sociales normales pendant des étapes cruciales de leur développement. En conséquence, certains experts estiment que la Gen Z ne sait pas comment engager une conversation ou interagir avec des personnes qu’elle ne connaît pas.

En fait, cette expression figée ressemble à la troisième réaction traumatique, le « gel », comme un cerf pris dans les phares d’une voiture. D’une certaine manière, ce regard figé s’apparente à un handicap social, résultant d’un manque d’interactions sociales pendant les années formatrices de la Gen Z.

Joe Galvin explique que cette expression faciale est un signe subtil chez une génération native du numérique, qui a grandi avec les écrans, les contenus rapides et la communication en ligne. « Pour de nombreux membres de la Gen Z, le contact visuel constant n’est pas toujours synonyme d’attention, contrairement à ce que peuvent penser leurs collègues plus âgés », explique-t-il. « Ce qu’un manager de la génération du baby-boom ou de la génération X peut percevoir comme un désintérêt peut en réalité être la version de l’écoute active de la Gen Z. »

Sujay Saha, président de Cortico-X, partage cet avis. « La Gen Z est entrée sur le marché du travail à une époque marquée par les écrans, la distanciation sociale et la communication à distance. Les entreprises doivent désormais combler le fossé en matière d’expérience en misant sur l’empathie dans l’intégration et le soutien, et non sur le jugement », confie-t-il.

 

Pourquoi les employeurs doivent-ils comprendre le « regard de la Gen Z » ?

Employeurs, écoutez bien. Il est facile de comprendre comment le « regard de la Gen Z » peut être mal interprété sur le lieu de travail, mais tirer des conclusions sans preuve peut être préjudiciable à un employé. Le vieil adage « on ne juge pas un livre à sa couverture » s’applique ici. Le « regard de la Gen Z » est un autre exemple parmi tant d’autres de jugements erronés visant la jeune génération, qui fait l’objet de conclusions négatives et infondées de la part des générations plus âgées.

Joe Galvin conseille aux dirigeants de ne pas se fier à des jugements hâtifs et d’examiner de plus près la manière dont ils interprètent le comportement de leurs employés. « Les membres de l’équipe sont-ils vraiment désengagés, ou les dirigeants se basent-ils sur des idées dépassées de ce que devraient être l’attention et la participation ? », demande-t-il. « Il est tout aussi important qu’ils se demandent s’ils créent un environnement qui encourage la communication ouverte entre les différents styles et générations. »

Joe Galvin affirme que le véritable défi réside dans le fossé qui se creuse entre l’évolution des comportements des employés et les normes établies de longue date sur le lieu de travail. Il explique que dans le monde du travail multigénérationnel d’aujourd’hui, il n’existe pas de définition unique de l’engagement. « Une mauvaise interprétation du langage corporel ou des styles de communication peut créer une confusion et une frustration inutiles, ainsi que des occasions manquées de créer des liens. »

Sujay Saha souligne qu’il est important que les employeurs comprennent comment établir des liens avec la Gen Z. Il suggère d’utiliser des études observationnelles pour voir comment les employés de la Gen Z interagissent avec les clients de la Gen Z afin d’identifier ce qu’est pour eux une interaction authentique, à la fois en tant qu’employé et en tant que client, puis d’utiliser ces informations pour élaborer votre programme de formation pour les employés.

Sujay Saha préconise également de redéfinir la réputation négative qui suit la Gen Z sur le lieu de travail. « Au lieu de dire que les employés de la Gen Z manquent d’orientation ou d’objectifs ou qu’ils sont difficiles à vivre (moins loyaux et plus exigeants), reformulez le discours pour comprendre comment leur contexte unique peut aider les entreprises à aller dans une nouvelle direction. »

  • La Gen Z valorise l’authenticité et place la barre très haut pour les marques qu’elle achète et défend. Comment pouvons-nous, en tant qu’entreprise, nous hisser à ce niveau ?
  • Ils ne travaillent pas bien dans une structure hiérarchique. Comment créer des modèles de travail collaboratifs où ils peuvent cocréer et s’approprier un processus, quelle que soit leur position dans l’entreprise ?
  • La Gen Z est impatiente. Comment mettre en place des modèles de travail flexibles et itératifs (prototyper, tester, apprendre et répéter) ?
  • Ils s’appuient fortement sur leurs pairs et les réseaux sociaux. La Gen Z peut aider à dynamiser le marketing sur les réseaux sociaux pour votre entreprise.

 

Conclusion sur le « regard de la Gen Z »

Selon Joe Galvin, les jeunes travailleurs s’épanouissent dans des environnements qui privilégient l’authenticité, la flexibilité, la transparence et un objectif commun. « Ils veulent être encadrés, pas microgérés. Ils accordent de l’importance à un travail qui a du sens, pas seulement à un salaire », souligne-t-il. « Pour mieux impliquer la Gen Z, les dirigeants doivent cultiver une culture du dialogue ouvert, définir des attentes claires et être prêts à faire évoluer leur façon de diriger à mesure que les jeunes générations continuent d’entrer sur le marché du travail et de gravir les échelons. »

Les médias se moquent du « regard de la Gen Z », certains le qualifiant d’état catatonique et imitant les roulements d’yeux schizophréniques, tout comme ils avaient parodié la tendance du « hey-hanging » l’année dernière. Il est naturel de rire ou de se moquer des phénomènes que l’on ne comprend pas. Cependant, les experts s’accordent à dire que les employeurs ne peuvent pas se permettre de mal comprendre et de mal juger la génération future qui dominera le marché du travail d’ici 2030.

 

Une contribution de Bryan Robinson pour Forbes US, traduite par Flora Lucas


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