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Katy Perry, l’exploratrice de l’espace et la question de la fiscalité des astronautes

Katy Perry
Katy Perry assiste à la 11e Breakthrough Prize Ceremony au Barker Hangar le 5 avril 2025, à Santa Monica, en Californie.

Lorsque le Congrès des États-Unis a étendu le Victims of Terrorism Tax Relief Act (loi sur l’allègement fiscal des victimes du terrorisme)  aux astronautes, il ne pensait probablement pas à Katy Perry.

 

En réalité, on peut dire sans se tromper qu’ils imaginaient des héros solennels en uniforme, et non des stars de la pop en combinaisons sur-mesure chantant What a Wonderful World depuis les limites de l’atmosphère terrestre. Pourtant, nous y voilà, en 2025 : Katy Perry a voyagé dans l’espace, et ni internet ni l’administration fiscale américaine ne savent vraiment comment réagir.

 

L’exonération fiscale des astronautes

Après les attentats du 11 septembre, le Congrès des États-Unis a adopté le Victims of Terrorism Tax Relief Act (loi sur l’allègement fiscal des victimes du terrorisme) qui, entre autres, exonère les victimes de certains attentats de l’impôt fédéral sur le revenu. Plus tard, réalisant que les astronautes qui meurent dans l’exercice de leurs fonctions font également le sacrifice ultime, le Congrès a étendu la même exonération fiscale aux astronautes qui meurent dans l’exercice de leurs fonctions après le 31 décembre 2002.

Concrètement, cela signifie que si un astronaute décède pendant une mission, son impôt fédéral sur le revenu pour l’année de son décès et celle de l’année précédente est annulé. En outre, des règles spéciales s’appliquent aux prestations de décès et aux droits de succession fédéraux, comme l’explique la publication 3920 de l’IRS. Toutefois, bien que cette publication soit principalement destinée aux victimes du 11 septembre, elle nécessite un petit ajustement lorsqu’elle s’applique aux astronautes (il faut remplacer « 11 septembre 2001 » par la date du décès de l’astronaute).

C’est un geste modeste mais significatif, qui reconnaît, à travers le droit fiscal, les risques considérables auxquels s’exposent les astronautes dans leur quête de savoir et d’exploration.

 

Katy Perry : la pop star devenue touriste de l’espace

Katy Perry, l’une des six femmes à avoir pris part au vol spatial historique de Blue Origin début avril, a marqué un moment important dans l’ère du tourisme spatial. Contrairement aux astronautes de la NASA, son voyage n’avait pas vocation à explorer l’univers au service de l’humanité, mais relevait du pur tourisme spatial. Pourtant, s’envoler vers l’espace reste un exploit de taille… et une dépense considérable. Rapidement, les critiques ont fusé, pointant l’impact environnemental des lancements de fusées et dénonçant l’impression d’un projet réservé à la vanité des ultra-riches.

La réaction a été rapide et brutale, venant parfois de sources inattendues. La chaîne de restauration rapide américaine Wendy’s a plaisanté sur le fait de « renvoyer Katy », tandis que les réseaux sociaux se sont enflammés avec des commentaires sur les priorités mal orientées, l’élitisme et l’empreinte carbone. Résiliente et toujours prête à se livrer sans filtre, Katy Perry a répondu aux critiques lors de son passage à Mexico dans le cadre de sa tournée The Lifetimes Tour. À un moment donné, elle a demandé à son public : « Est-ce que quelqu’un vous a déjà dit que vos rêves étaient fous ? ».

 

Droit fiscal, rêves spatiaux et perception publique

Évidemment, le voyage de Katy Perry dans l’espace n’entraîne aucune exonération fiscale particulière en vertu de la loi. Heureusement, elle est revenue saine et sauve, et même si cela n’avait pas été le cas, les touristes spatiaux ne bénéficient pas des mêmes avantages fiscaux que les astronautes professionnels décédés en mission. Cependant, cette situation soulève des interrogations intéressantes. Pourquoi la société accorde-t-elle si aisément honneurs, avantages tangibles et allègements fiscaux aux astronautes, tout en se détournant aussi vite d’une célébrité qui a osé poursuivre un rêve similaire ?

Les astronautes risquent leur vie pour la science, l’exploration et la fierté nationale, tandis que les touristes de l’espace mettent en jeu des ressources environnementales, financières et sociales pour leur épanouissement personnel.

Le contexte joue également un rôle crucial. La loi initiale sur l’allégement fiscal des astronautes a été adoptée après des tragédies comme celle de la navette spatiale Columbia, où la frontière entre bravoure et sacrifice était douloureusement évidente. Le voyage de Katy Perry, lui, s’est inscrit dans un débat global sur l’inégalité des richesses, le changement climatique et l’éthique des vols spatiaux privés.

Même le langage qui entoure chaque événement diffère : le code des impôts parle solennellement de « mort dans l’exercice de ses fonctions », tandis que les commentateurs en ligne raillent les « escapades spatiales de célébrités ». Pourtant, ces deux événements trouvent leurs racines, du moins en partie, dans une même fascination pour l’espace : celle de franchir les frontières de la Terre et de participer à quelque chose de plus grand.

 

Un nouveau type d’astronautes ?

D’une certaine manière, Katy Perry pourrait incarner un nouveau type d’astronaute, non pas au sens juridique, ni même dans le sens voulu par le Congrès, mais d’un point de vue culturel.

Alors que les premiers astronautes portaient des ambitions nationales sur leurs épaules, les touristes de l’espace d’aujourd’hui portent avec eux les lourds fardeaux d’un capitalisme en fin de cycle. Les rêves spatiaux n’ont pas disparu, mais ils ont évolué. Et avec eux, nos attentes quant à ceux qui sont autorisés à les poursuivre. La crise émotionnelle de Katy Perry ne résidait pas uniquement dans les moqueries liées à son voyage spatial. Elle mettait en lumière une prise de conscience collective sur ce que signifie rêver (et dépenser) avec audace dans un monde de plus en plus sceptique face à de telles ambitions.

En 2002, le gouvernement américain a inscrit dans la loi l’idée que les explorateurs de l’espace méritent un respect particulier, même après leur décès. En 2025, Katy Perry nous a rappelé (de manière chaotique et imparfaite) que rêver grand a toujours un coût.

 

Une contribution de Ashley Case pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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